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« La gratuité c’est le communisme. »

Par Jean-Paul Damaggio • Actualités • Dimanche 22/11/2009 • 0 commentaires  • Lu 1883 fois • Version imprimable


Cette parole a été prononcée à Montauban, aux journées d’automne du PCF, par le dirigeant communiste Bernard Calabuig, à propos du combat courageux de la mairie d’Aubagne en faveur des transports collectifs gratuits. Je ne peux que me réjouir de sa démonstration tentant pour ma part de défendre ce même principe qui fut hier au cœur des actions de l’Alternative en Midi-Pyrénées. Mais ce point n’était qu’une annexe au grand débat crucial sur les élections régionales qui a fait que l’essentiel consista à démontrer que le NPA faisait preuve de sectarisme en ne ralliant pas le Front de Gauche, sous prétexte du refus de la cogestion avec le PS. Je laisse ce point crucial pour le retrouver autrement.

Il existe un grand écart entre une proposition constructive et mobilisatrice comme la gratuité (il peut en exister d’autres comme l’abandon de la pub largement partagé par les citoyens) et les positions défensives qui sont malheureusement dominantes chez les « progressistes ». Comme exemple de « positions défensives » je retiens la réponse à une question que j’ai posée sur la réforme des collectivités territoriales de Sarkozy. « Cette réforme est une catastrophe, il faut donc en appeler à une résistance massive. » Un peu comme face au TCE : « dîtes non, puis on verra la suite ! » Découverte d’une suite extrêmement décevante faute d’une alternative sérieuse. Depuis 1969, la droite et le PS veulent casser la structure classique du pays : communes, cantons, départements, nation pour la remplacer par intercommunalités, région, europe. La réponse a toujours été, du côté PCF (mais ce parti n’est pas le seul concerné) : défendons ce qui a fait la France, sans pour autant nier que des évolutions globales se produisent dont il faut tenir compte. Pour tenter d’apparaître sur ces sujets, la revendication « démocratique » a servi de cache-misère. Que l’institution européenne devienne plus démocratique… et les députés européens ont été élus au suffrage universel direct à la proportionnelle  (1979). Que les régions deviennent plus démocratiques… et les conseillers régionaux ont été élus au suffrage universel direct à la proportionnelle (1986). Que les conseils communautaires deviennent plus démocratiques… et les conseillers communautaires seront élus au suffrage universel direct en 2014 grâce à Sarkozy ! (les journaux parlent moins de ce fait que de l’infâme mode de scrutin proposé pour les conseillers territoriaux). Or, si cette question démocratique est réelle, elle reste secondaire par rapport à la fonction fondamentalement anti-démocratique des dites institutions ! A quoi bon revendiquer plus de démocratie pour des institutions qui ne peuvent pas être démocratiques ! A laisser croire que le moment électoral décide de la démocratie, la gauche se tire une balle dans le pied ! Napoléon III comme Franco organisèrent de multiples élections rarement truquées pour des institutions qui tuaient la démocratie ! En clair, si on ne propose pas une autre forme de structuration de la France, tenant compte des richesses du passé et de l’état du présent, on se bat contre des moulins à vent, ce qui du point de vue littéraire peut donner un chef d’œuvre mais pas du point de vue politique.

Je ne peux ici démontrer pourquoi un Conseil communautaire, régional ou le Parlement européen ne peuvent être démocratiques (ça serait trop long) aussi je donne seulement la phrase clef de l’exposé des motifs de la loi sur les collectivités territoriales : « Après la réforme de l’Etat territorial, engagée dès 2007 dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), ce projet de la loi de réforme des collectivités territoriales constitue donc la deuxième étape de la modernisation des structures administratives locales de la France. » Tout est question de finances ! Dans de telles structures conçues financièrement comme outil d’adaptation au capitalisme féodal, la question n’est plus, cogestion ou pas avec le PS, car de toute façon la gestion est à présent presque verrouillée ! Donc aucune mairie ne pourra plus organiser la gratuité de ses transports publics, aucun conseil régional ne pourra plus avoir une politique offensive en matière de lycées ? Les actions seront possibles seulement sur la marge et le mécontentement touchera de plus en plus toute la classe politique, sauf que celle de droite qui a toujours prétendue « ne pas faire de politique » en souffrira moins. D’où une des réponses : vive la 6éme république ? Sauf que cette autre république n’a jamais été perçue concrètement. Et elle ne le sera pas en disant : « nous défendons le maire ou le conseiller général. » Une intercommunalité combative c’est une intercommunalité qui puisse retrouver des recettes financières équitables de par LA LOI et non de part la volonté de tel ou tel. A partir du moment où la part autonome de finances est plus large que celle obtenue par « subventions » de projets (de moins en moins le cas), alors on donne à l’élection un enjeu sérieux, entre ceux qui proposeront de faire de la gratuité et ceux qui proposeront de faire autre chose. Je connais une mairie très touristique où la bataille municipale de 1995 a porté sur la question : faut-il instaurer un parking payant pour qu’ainsi les touristes laissent un peu de leur argent dans les caisses de la commune, ou faut-il laisser le parking gratuit ? C’est la deuxième option qui a été retenue par les électeurs. Mais sur des projets de plus grande envergure le comportement va-t-il être de même ? La DGF (dotation générale de financement) était autrefois un instrument source de démocratie. Quand cette source se réduit ou varie suivant le type de collectivité territoriale, vous pouvez faire les gestions que vous voulez, les alliances que vous voulez, le peuple sera toujours le dindon de la farce ! La participation    aux élections, si on ne veut tromper personne, c’est pour marquer des points dans l’auto-organisation des forces alternatives, non dans l’attente du grand soir car tant de choses se font au jour le jour, pas davantage pour construire une contre-société, mais afin de tisser les liens d’une solidarité en devenir.

Dans le débat en question j’avais posé la question de l’écologie : pas de souci « les communistes font de l’écologie sans le savoir. »

21-11-2009 Jean-Paul Damaggio


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