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La Grèce et l’absurde

Tout laissait penser à un sursaut salvateur pour tous les peuples d’Europe venant de Grèce. Les conditions étaient requises. Et pourtant…

Par Jacques Cotta • Actualités • Samedi 11/07/2015 • 5 commentaires  • Lu 3780 fois • Version imprimable


L’offensive grecque au compte du peuple grec d’abord, mais aussi de tous les peuples d’Europe, aura donc fait long feu. Mais comment et pourquoi une telle issue ? Alors que le peuple grec à plus de 60% avait répondu clairement NON à un nouveau plan d’austérité, comment et pourquoi Alexis Tsipras, le leader de Siriza chef du gouvernement, a-t-il accepté un plan qui globalement va au-delà des exigences les plus folles de la Troïka, l’UE, la BCE et le FMI. Acceptation du recul de l’âge de la retraite à 67 ans, reprise des privatisations d’entreprises publiques qui étaient bloquées depuis son arrivée au pouvoir, augmentation de la TVA, etc.… Comment et pourquoi ? L’explication qui se veut complaisante avec la « gauche de la gauche » grecque tient en quelques mots : il fallait nous dit-on « éviter la sortie de l’Euro ». Donc tout accepter des exigences de la Troïka avec un semblant de négociation pour permettre à chacun, Tsipras en Grèce, Merkel en Allemagne, de sauver la face. S’il fallait encore démontrer l’incompatibilité existante entre les aspirations des peuples qui désirent vivre simplement et dignement et l’appartenance à l’UE et à l’Euro, la Grèce viendrait tragiquement tomber à pic ! Il n’y aurait donc aucune solution autre que le corset étouffant de l’Euro ? Aucune solution autre que l’abandon de toute souveraineté au profit du capital financier, dont les crises successives indiqueraient la fin de l’histoire ? Avec  ces questions et l’esquisse de réponses qui méritent sans aucun doute discussion, il n’est pas inutile de passer au crible la politique affirmée par les institutions internationales et par toutes les forces, de « gauche » comme de « droite », et de tenter d’en dégager, à la lumière grecque, la véritable nature.

Yanis Varoufàkis en deçà de la réalité…

Les institutions internationales d’abord. L’ancien ministre grec des finances qui a eu le chic d’exaspérer ses collègues de la zone euro avant que Tsipras n’en demande la démission en « gage de bonne volonté vis-à-vis de ses partenaires européens », a été cloué au pilori médiatique après qu’il ait déclaré sans détour que « l’UE faisait preuve de terrorisme » à l’égard de la Grèce.

Les ministres –français notamment en la personne de Michel Sapin- se sont immédiatement déclarés offusqués. Pourtant Varoufàkis a été tendre. L’UE a certes fait preuve de « terrorisme » durant des années et particulièrement dans les dernières semaines, pour mettre la Grèce à genou.

Terrorisme : question de forme ? Pour le fond, c’est une attitude dictatoriale de l’Union Européenne qui s’est à nouveau affirmée dans l’affaire grecque.  Condamnation d’un appel au peuple pour lui permettre de se prononcer librement, condamnation donc du référendum, condamnation de son résultat, condamnation de la démocratie, manipulations en tous genres.

L’affaire nous ramène quelques années en arrière et vient confirmer que rien n’a été modifié. L’oligarchie en France avait en 2005 nié le résultat du référendum sur le traité constitutionnel, faisant rentrer par la fenêtre, grâce au PS et à l’UMP, ce que le peuple avait rejeté par la grande porte. Ailleurs, l’union européenne a fait voter et revoter les peuples qui s’étaient prononcés dans un sens contraire à la volonté des institutions. Bref, le peuple doit se taire, ou si par malheur il se prononce il faut imposer, quoi qu’il dise, la position de l’Union Européenne contre les peuples, celle qui est conforme aux intérêts du capital financier.

Les manœuvres ont même été d’une grande grossièreté. Les médias et les instituts de sondage, incapables de tirer les leçons du passé, ont replongé dans un ridicule achevé. Jusqu’au jour du vote, ne donnaient-ils pas le OUI gagnant ? Tout dans la manipulation a été mis en œuvre pour tenter de détourner le peuple de sa volonté. Mais en vain !

Comme en France en 2005, Non c’est non ! Là est l’essentiel. Car malgré toutes les manœuvres allant jusqu’au détournement par Tsipras, l’organisateur même du référendum, du vote populaire, ce vote exprime que les peuples ne sont pas vaincus. Ils relèvent la tête dés qu’ils le peuvent et l’affaire grecque, loin d’organiser une défaite, ne fait qu’approfondir le fossé qui existe entre l’oligarchie au pouvoir et les couches populaires, travailleurs, salariés, jeunes, commerçants, petits entrepreneurs qui à n’en pas douter prennent date…

L’union européenne s’est donc affirmée comme une dictature qui n’avance même plus masquée. Les méthodes semblent « soft » lorsqu’elles sont observées de loin. Mais les peuples qui y sont directement confrontés dans leur vie quotidienne, qui ne parviennent plus à se nourrir, se soigner, se loger, s’éduquer, à vivre tout simplement, subissent une violence extrême. Violence renforcée chaque jour par la volonté et les exigences de l’UE.

Alexis Tsipras : la question est politique 

Pourquoi donc Tsipras qui avait tout en main a-t-il décidé d’aller contre son peuple, d’affronter sa volonté et son vote souverain. Car c’est bien cela le sujet. Le vote n’était certes pas sur la question de quitter l’UE et de sortir de l’Euro. Mais sur le refus de tout nouveau plan d’austérité auquel serait conditionnée une nouvelle aide financière.

Dés lors, rien n’interdisait au chef du gouvernement grec d’affirmer sa volonté de rester dans l’Euro à condition que le régime imposé à son peuple cesse. Cela d’autant que la crise que connait la Grèce est en partie la conséquence des mesures drastiques imposées par la Troïka. Telle était d’ailleurs la logique du référendum et la position qu’en autorisait le résultat. Tsipras avait l’occasion de se faire « éjecter » sur une base pourtant indiscutable, et donc d’ouvrir une crise politique sans précédent au sein de l’UE, salvatrice pour tous ceux qui n’en peuvent plus des mesures d’austérité à répétition…

C’est l’inverse qu’a fait Tsipras. Son attachement à l’Union Européenne et à l’Euro justifierait tous les reniements. Derrière cela il y a une position politique qui dépasse de loin le seul cas grec et son chef de gouvernement. Hors de l’Euro, hors du capitalisme y compris à son stade financier qui pille les nations et les peuples, il n’y aurait pas de solution. Tout serait donc subordonné au maintien dans la zone euro, au maintien de la monnaie unique, au cadre de l’UE qui avec la Troïka impose sa volonté !

Manque de vision ? Manque de courage ? Cette question dépasse la Grèce et va se poser à tous les peuples, à toutes les Nations.

La sortie de l’Euro et le rétablissement de la drachme poserait pour toute une période de grandes difficultés à l’état et aux grecs dans leur ensemble. La monnaie serait immédiatement l’objet d’attaques et serait fortement dévaluée. Les produits importés seraient difficilement accessibles. Mais les biens grecs connaitraient des débouchés sans précédents. Le tourisme –principal atout de la Grèce- pourrait exploser de façon maitrisée. L’Etat pourrait se réapproprier ses iles, ses monuments, ses bijoux qui peu à peu ont été livrés à des intérêts privés. Et peu à peu la Grèce pourrait retrouver sa place dans le concert des Nations, forte de son indépendance et sa souveraineté retrouvée. L’Argentine avant la Grèce a connu un sort similaire…

Mais la question est d’abord politique. Choisir son interlocuteur et adapter son discours, telle a été la question à laquelle Alexis Tsipras a été amené à répondre. Soit parler au capital et à l’oligarchie, ce qu’il a fait dans les termes que l’on connait, en acceptant la soumission, l’abandon d’une souveraineté nationale que le référendum avait pourtant réaffirmée, soit parler au peuple, lui promettre des efforts, lui garantir des difficultés, mais lui indiquer le chemin, celui de la reconquête de son indépendance, celui de sa souveraineté retrouvée, celui de sa fierté et de son honneur reconquis. Dans ce sens, celui de la rupture avec l’UE, la Troïka et le système dans son ensemble, l’occasion permettait non seulement de s’adresser au peuple grec, mais à tous les peuples d’Europe unis dans la volonté de reconquérir leur souveraineté nationale et de construire une Europe des Nations indépendantes décidant de coopérer librement.

La gauche de la gauche à la remorque de François Hollande !

Incroyable spectacle que celui offert par les responsables de la gauche de la gauche française au soir du référendum grec.

On savait qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre Pierre Laurent, le responsable du PCF, et Jean Luc Mélenchon, celui du Parti de gauche. L’épisode grec devrait rassurer les plus inquiets. Ce n’est pas sur les questions politiques essentielles que les divergences semblent fondamentales. L’un comme l’autre se sont félicités du référendum et de son résultat. L’un comme l’autre ont dégagé la volonté de voir cesser les politiques d’austérité. Mais l’un comme l’autre se sont, chacun à sa façon, empressés de souligner la nécessité de rester dans l’Euro et dans le cadre de l’Union européenne. Ainsi, comme Tsipras en Grèce, le reste n’est plus que déclaration d’intention puisque le maintien dans l’Union européenne et dans l’Euro est synonyme d’austérité redoublée, comme le veulent la BCE, le FMI et l’UE elle-même.

Dés lors se pose une question : quelle différence entre la politique de François Hollande qui a appelé au « compromis » et qui se félicite de la position de Tsipras, qui se prononce pour une « Europe plus humaine » et celle des Pierre Laurent et Jean Luc Mélenchon qui conditionnent l’avenir au maintien dans l’UE, dans l’Euro et qui réclament « une Europe plus sociale ».

A y regarder de plus prés, aucune ! Evidemment le ton peut différer, le style aussi, les caractères également. Mais sur le fond ? Aucune différence. Pas plus d’ailleurs avec la plus grande partie de la droite qui voit dans le maintien de Grèce au sein de l’UE une bonne nouvelle à condition que celle-ci honore ses obligations.

Entre les uns et les autres il y a sans nul doute une compétition qui concerne les ambitions. Il y a des visions différentes sur les questions sociétales. Ne parle-t-on pas par exemple, en plein épisode grec, du harcèlement dans le métro, et de  la peine encourue pour « une main aux fesses »…. Ces sujets, dont il ne s’agit pas là de discuter l’importance, reviennent régulièrement comme pour alimenter des divergences qui se veulent de fond. Mais sur l’essentiel, l’avenir des peuples, la politique qui pourrait rompre avec le système dominant, la remise en cause du capitalisme et des rapports sociaux, La souveraineté nationale et la démocratie, le droits des peuples à disposer d’eux-mêmes et à décider librement des affaires qui les concernent, la nécessité donc de rompre avec les carcans que constituent l’UE et l’Euro… Force est de constater qu’il n’y a pas de différence entre la « gauche », la « gauche de la gauche » et la « droite »….

Tel est sans doute une des leçons premières de l’affaire grecque. La nécessité de tout subordonner au respect de la souveraineté nationale et populaire que les forces organisées ont pour l’essentiel décidé de passer par-dessus pertes et profits…

 
Jacques Cotta
Le 11 juillet 2015 

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Commentaires

Une alternative est possible par Anonyme le Mardi 14/07/2015 à 12:11

Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à
juillet par Eric Toussaint

(...)

Contrairement à ceux qui affirment qu’en échange de ces concessions néfastes, la Grèce obtiendra trois ans de répit et pourra relancer de manière importante l’activité économique, la réalité montrera qu’avec le maintien de la compression de la demande des ménages et de la dépense publique, il sera impossible de dégager l’excédent budgétaire primaire annoncé dans le plan.

Les conséquences néfastes sont inéluctables : dans quelques mois ou au début de l’année prochaine au plus tard, les créanciers attaqueront les autorités grecques pour non-respect de leurs engagements en termes d’excédent budgétaire primaire et avanceront de nouvelles exigences. Il n’y aura pas de répit pour le peuple et pour le gouvernement grecs. Les créanciers menaceront de ne pas débourser les sommes prévues si de nouvelles mesures d’austérité ne sont pas adoptées. Les autorités grecques seront prises dans l’engrenage des concessions |1|. (...)

http://cadtm.org/Une-alternative-est-possible-au#.VaR6P58VgAk.twitter


Une alternative est possible par Anonyme le Mardi 14/07/2015 à 12:14

Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à
juillet par Eric Toussaint

(...)

Contrairement à ceux qui affirment qu’en échange de ces concessions néfastes, la Grèce obtiendra trois ans de répit et pourra relancer de manière importante l’activité économique, la réalité montrera qu’avec le maintien de la compression de la demande des ménages et de la dépense publique, il sera impossible de dégager l’excédent budgétaire primaire annoncé dans le plan.

Les conséquences néfastes sont inéluctables : dans quelques mois ou au début de l’année prochaine au plus tard, les créanciers attaqueront les autorités grecques pour non-respect de leurs engagements en termes d’excédent budgétaire primaire et avanceront de nouvelles exigences. Il n’y aura pas de répit pour le peuple et pour le gouvernement grecs. Les créanciers menaceront de ne pas débourser les sommes prévues si de nouvelles mesures d’austérité ne sont pas adoptées. Les autorités grecques seront prises dans l’engrenage des concessions |1|. (...)

http://cadtm.org/Une-alternative-est-possible-au#.VaR6P58VgAk.twitter

[http://cadtm.org/Une-alternative-est-possible-au#.VaR6P58VgAk.twitter->http://cadtm.org/Une-alternative-est-possible-au#.VaR6P58VgAk.twitter]


Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! par Serge_Gomond le Mardi 14/07/2015 à 13:18

Une partie de l’interview (parue sur le site Médiapart, le blog de Monica M.) de Yanis Varoufakis (traduit par mes soins) accordée à la revue Newstatesman avant que Tsakalotos et Tsipras ne partent à Bruxelles négocier avec les créanciers de la Grèce.
(…)

Question : HL: Quel est le plus gros problème avec le fonctionnement de l'Europgroupe?

Réponse : YV:  « … Il y a eu un moment où le président de l'Eurogroupe a décidé de  s'opposer à nous et de nous faire taire et il a dit que la Grèce se dirigeait vers la sortie de l'eurozone.  Il existe une convention selon laquelle les communiqués doivent être unanimes, et le Président ne peut pas juste convoquer une réunion de l'Eurozone et exclure un Etat membre. Et il a dit “Oh je suis certain de pouvoir le faire”. J'ai donc demandé un avis juridique. Cela a créé des remous.  Après 9-10 mn la réunion s'est arrêtée, les participants se sont parlé, ont téléphoné, puis un éventuel expert s'est adressé à moi pour me dire “L'Eurogroupe n'existe pas légalement, il n'y a aucun traité qui régit ce groupe”. … »

 « …Ainsi, nous avons un groupe inexistant qui a l'immense pouvoir de déterminer la vie des Européens. On ne peut rien lui répondre, vu qu'il n'existe pas légalement; aucune note n'est prise; et c'est confidentiel. Ainsi, les citoyens ne savent jamais ce qui s'y dit. Ce sont des décisions de vie et de mort, et aucun membre ne doit répondre à qui que ce soit. … »

Question: HL: Est-ce que ce groupe est contrôlé par des attitudes allemandes?

Réponse: YV: Oh vraiment complètement. Pas par les attitudes, par le ministre des finances de l'Allemagne. C'est comme un orchestre bien accordé dont il est le chef. Tout se passe dans la tonalité. Il y a quelques moments où l'orchestre est désaccordé, mais il intervient pour tout réaccorder.

Qui en dit long sur l’U.E. et le club eurogroupe !!! sergio

PS : « Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! »


Let it bleed ! par Serge_Gomond le Mercredi 15/07/2015 à 11:33

Nigel Farage exécute la dictature financière européenne et le terrorisme financier néolibéral en quatre minute… voir la vidéo sur ce site :  http://www.zerohedge.com/news/2015-07-09/nigel-farage-destroys-eu-group-think-just-4-minutesthere-new-berlin-wall-and-its-cal, c’est du saignant !


Le plan concocté par l’eurogroupe par Serge_Gomond le Jeudi 16/07/2015 à 14:29

Le plan concocté par l’eurogroupe, et imposé au premier ministre Tsipras et à l’ex-ministre de l’économie Varoufakis, de la manière ignoble que l’on sait, est un Grecexit en bonne et due forme !

 

Tsipras se bat comme un beau diable pour éviter l’implosion de son parti, Syriza, et/ou au choix : 

1) une guerre civile (si les choses venait à s’envenimer sérieusement !, car n’en doutons pas, il s’agit bien de terrorisme financier, concocté par les oligarques l’UE, via la BCE et le FMI, sur fond de coup d’état financier),


2) ou, le terrain politique laissé à l’extrême droite grecque (Aube dorée), postée en embuscade et qui n’attend que ça ! (des militaires en retraites ont même menacé ouvertement le gouvernement du premier ministre grec, Tsipras, d’un coup d’état si celui-ci décidait de quitter le giron de la zone euro (sous-entendu les forces de l’OTAN) ). 

 

Et contrairement à ce que nous cachent les oligarques européïstes et les grands groupes médias, ce plan est non seulement une bombe à retardement politique, mais aussi, et surtout économique !…

 

Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il faut en finir avec l’euro ! (même si Tsipras, se veut le représentant de toutes les tendances politiques en Grèce (sauf bien entendu les fachos d’Aube dorée), et ce qu’il ne dit pas, c’est que ce piège mortel pour la Grèce et le peuple grec, est une arme diabolique, qui rend impossible le redressement économique de ce pays ! D’ailleurs, comment peut-on imaginer concilier des économies aussi disparates que celles (des pays) de la zone euro ?

 

La Grèce est exsangue, ruinée par le poids exorbitant de la dette, et l’eurogroupe, l’UE, la BCE et le FMI, le savent que trop bien ! C’est pour cette raison qu’ils se sont permis de faire le forcing (car il n’y avait aucun risque pour eux…), tout en sachant que Tsipras n’avait pas d’autre solution que de "négocier"… le flingue sur la tempe !, et ils savaient parfaitement, qu’en proposant ce plan abject à Tsipras, celui-ci aboutirait inéluctablement à son élimination politique, pour la bonne et simple raison qu’avec ce plan, la Grèce ne pourra pas se relevé économiquement !



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