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La preuve par les municipales de Perpignan ?

Par Jean-Paul Damaggio • Actualités • Lundi 22/06/2009 • 2 commentaires  • Lu 2334 fois • Version imprimable


Perpignan, 21 juin 2009, 22 h, dans la cour de l’hôtel de ville, la statue de Maillol s’étonne de tant d’animation ! Il existe dans l’air comme une tension sans rapport avec le côté débonnaire de la fête de la musique. Comme si la tramontane qui souffle depuis deux jours avaient mis les esprits en ébullition.

En fait, les résultats de la nouvelle élection municipale viennent de tomber et ils méritent une minute d’attention, quinze jours après le choc des élections européennes. Pourquoi ? Rappelons qu’après une fraude électorale, « l’opération de la chaussette », l’élection en 2008 du maire de droite Jean-Paul Alduy a été invalidé, et la mairie mise sous contrôle d’une commission spéciale. En 2009 les candidats de 2007 se retrouvent en piste. Toujours Jean-Paul Alduy pour l’UMP ; la socialiste Jacqueline Amiel-Donat pour l’union de la gauche ; Louis Aliot pour le FN ; et Jean Codognès député socialiste de 1997 à 2002, en quatrième homme.

Aujourd’hui Jean Codognès fort du soutien du MoDem et de tous les dirigeants d’Europe Ecologie, avec en tête le nouveau député européen José Bové, espérait renouveler le succès de la liste écolo en se plaçant devant le PS. Les appuis n’ont pas manqué, de celui de Jean Lassale pour le MoDem (Bayrou préfère se faire oublier), à celui de Cohn-Bendit et de tant d’autres.

Ainsi cette alliance MoDem et Verts dit bien où se situe politiquement Europe Ecologie, d’autre part la personnalité importante de Jean Codognès était un atout sérieux or voici les résultats : 24,8% pour l’union de la gauche et 14% pour la liste Codognès. MoDem et Europe Ecologie totalisaient sur la ville 23%. Si on ajoute la mouvance propre à la tête de liste, passer la barre de 25% était possible. Pour l’union de la gauche, nous retrouvons par contre plus que le score des Européennes qui était de 20,2% (PS plus Front de gauche).

La première leçon du scrutin auquel je ne prétends pas donner une valeur générale, c’est la claque d’Europe Ecologie quinze jours après son succès phénoménal du 7 juin.

Les indications des sondages signalaient que 30% de l’électorat Bové voterait à droite ce que l’élection a confirmé. Elles ne prévoyaient pas qu’en plus une partie reviendrait à la gauche traditionnelle.

Deuxième leçon et non des moindres : la liste FN ne sera pas au second tour (9,4%) et c’est là un échec colossal pour le dirigeant Louis Aliot (12% aux Européennes) qui, après la perte, pour son parti, du poste de député européen, perd la fonction de conseiller municipal de Perpignan, une ville où tous les sondages lui donnaient encore 12% avant l’élection. Il lui reste le poste de conseiller régional Midi-Pyrénées qu’il pourrait perdre l’an prochain.

Troisième leçon, c’est la bonne tenue du candidat de l’UMP malgré sa condamnation pour fraude. De 30% aux Européennes il porte le score de son parti à 40% ce qui confirme les analyses des membres de l’UMP qui disaient disposer d’un électorat de réserve bien au-delà du résultat des européennes. D’autant qu’un autre candidat de droite, qui a dû prendre des voix au FN fait 7% ! Ce n’est cependant pas la première fois que les électeurs confirment un élu invalidé.

Ajoutons à ce tableau l’échec de la liste NPA-LO dotée seulement de 2,5% quand le NPA avait fait seul 4,6% aux Européennes.

Pas plus que les élections européennes ne pouvaient tout dire de l’opinion (je n’oublie pas la forte abstention présent aussi à la municipale de Perpignan) ce vote du 21 juin ne peut servir de référence pour les années qui viennent. Il apporte sa part d’éclairage à une situation très mouvante et qui n’a pas fini de nous surprendre. Le hasard m’ayant fait passer par Perpignan au moment du vote j’ai pensé utile de donner des quelques informations.

21-06-2009 Jean-Paul Damaggio


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Commentaires

par merle le Lundi 22/06/2009 à 11:54

Commentaire très intéressant, et particulièrement sur a déconvenue verte.
Sans vouloir généraliser, et tenant le plus grand compte des contextes locaux (celui de Perpignan pour la dynastie Alduy est des plus évidents), et du relatif bon score de la liste d'union de la gauche dans la capitale catalane (il faut être courageux pour s'y afficher à gauche), je considère comme une évidence, pour qui sort un peu de son cercle d'amis (ne serait-ce qu'en allant au café ou au salon de coiffure), que l'adhésion au sarkozysme d'une bonne partie de la population, populaire au premier chef, n'est pour l'heure guère entamée. Ce qui peut défriser un électeur de "gauche" bon teint gratifie en fait  une masse de gents, y compris chez les abstentionnistes que l'on aurait sans doute tort de considérer seulement comme réservoir électoral de "la gauche" : comme dans l'Italie berlusconienne, clientélisme au niveau local, apologie de l'individualisme agressif, de la "culture" médiatique intégratrice, et donc admiration devant la "réussite" de la majesté omnipotente au plan national, sont désormais inscrits dans le patrimoine génétique de cette partie du peuple, par ailleurs fort sympathique : j'en témoigne, comme sans doute beaucoup, au plan relationnel du voisinage, des associations, des structures de démocratie de base (comités d'intérêts local, associations de parents, club sportifs, etc). Ce qui ne signifie pas qu'il faut baisser les bras, mais qu'il faut se demander comment fissurer ce bloc de certitudes. Certes, on peut penser que l'évolution de la situation économique et sociale ouvrira des yeux, on peut avancer que la persistance de ce bloc d'inertie politique  tient à la faiblesse de l'opposition politique et à la stratégie syndicale. Mais on aurait tort, me semble-t-il, de penser que le venin instillé dans les jeunes générations, aujourd'hui adultes, depuis la fin des années 1970, peut trouver comme seul antidote une opération séduction de la gauche. Le mal est trop profond. La captation tranquille d'une bonne partie de l'électorat frontiste par le sarkozysme en témoigne.
René Merle


Lien croisé par Anonyme le Mercredi 24/06/2009 à 09:27

socialiste de gauche 65 : " la suite ici lien"



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