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La Troïka choisit Paris

Honte à Hollande, Valls, la gauche et la gauche de la gauche….

Par Jacques Cotta • Actualités • Vendredi 12/09/2014 • 3 commentaires  • Lu 2807 fois • Version imprimable


La politique menée par le gouvernement Hollande - Valls 2, dans la continuité des précédents, met en musique avec zèle les décisions prises au sein de l'Union Européenne au compte du capital et au détriment du travail. La soumission de la "gauche" et de la "gauche de la gauche" à l'Union Européenne -les premiers ouvertement, les seconds sous le vocable d'une "autre Europe" ou encore d'une "Europe sociale"- a laissé le terrain libre à Marine Le Pen qui peut à loisir faire preuve de démagogie. Lorsqu'à l'unisson les responsables "socialistes" déplorent le "danger Le Pen", ils omettent de préciser que ce sont eux qui créent les conditions de son succès.

Honte à eux!

En applquant plus vite et plus fort aujourd'hui la politique voulue par Nicolas Sarkozy et ses amis de droite hier, ils démoralisent et jettent des couches de plus en plus importantes dans les bras de l'extrême droite.

Sur la question européenne donc, la capitulation est d'autant plus criante, les responsabilités de la "gauche" et de la "gauche de la gauche" d'autant plus éclatantes qu'elles s'opèrent non seulement dans les mots, mais surtout dans les faits. Ainsi, la Troïka qui a mis sur les rotules le peuple grec se réunit ces jours-ci pour envisager encore plus "l'assouplissement du droit du travail" et "la saisie accélérée des logements en cas d'incapacité des grecs d'assumer leur remboursement".

Les représentants de la BCE, du FMI et le l'UE ont annoncé avoir choisi pour débattre des futures réjouissances réservées au peuple grec un lieu "loin des risques de manifestations". Et c'est notre capitale, Paris, qui a été retenue. Tout un symbole!

Au nom du simple respect des règles de solidarité entre les peuples, de la fidélité aux discours qui hier encore animaient les préaux d'écoles, l'ensemble des organisations ouvrières et démocratiques devraient organiser un comité d'accueil à cette sinistre Troïka qui affame les peuples, le grec en l'occurrence.

Mais là, rien!

Troïka en Grèce, Hollande Valls et pacte de responsabilité en France, cherchez la différence...

Jacques Cotta
Le 12 septembre 2014



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Commentaires

Notre apathie par zouli83 le Samedi 13/09/2014 à 14:34

J'ai lu plusieurs de vos livres, vu vos reportages et vous ai entendu sur R.I.M. Je viens de découvrir LA SOCIALE et je profite de l'occasion qui m'est donnée pour vous poser LA question qui me préoccupe le plus :  je suis sûre qu'une majorité de Français (d'Européens) partagent vos constats et vos indignations. Mais à quoi assistons-nous ? Il n'y a pas que les riches qui "optimisent" leur fiscalité en quittant le pays, certains jeunes partent travailler à l'étranger où l'herbe serait plus grasse, d'autres se réfugient au FN ... Mais, au fond, il ne se passe rien. On grogne, on râle, oui. Mais quand redescendrons-nous dans la rue ? COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS NOTRE APATHIE, celle de la jeunesse en particulier ? Personnellement, j'observe une perte de conscience politique dont je ne comprends pas l'origine.


Re: Notre apathie par regis le Mercredi 17/09/2014 à 02:38

Madame,
Je n’ai aucun titre pour vous répondre à la place de Jacques Cotta (qui, sans aucun doute le ferait mieux que moi) mais partageant votre diagnostic et votre (me semble-t-il) angoisse quant au devenir permettez que je vous expose ce que je crois vrai (j’espère être « vacciné » contre les dogmes) :
• La perte de conscience politique que vous évoquez me semble émaner d’une longue séquence historique provenant de l’avènement de ce qu’il est convenu d’appeler « la gauche » au pouvoir. Bien que très jeune, j’ai pu mesurer l’enthousiasme qui a accompagné l’accession au pouvoir de « la gauche » en 81. « Le tournant de la rigueur » de 83 a sonné le glas de toute espérance (on ne le percevait pas toujours à l’époque) et depuis, pour faire bref, de Charybde en Scylla…. « La gauche » nous jouait « la droite revient » s’enfonçant de plus en plus dans une politique au service des possédants. « L’alternance » se révélant de plus en plus aléatoire.
• L’apathie que vous évoquez : permettez-moi d’évoquer les conquêtes sociales en recul, la perte d’emplois, la précarité (je ne parle pas en misérabiliste mais concret) Où est l’époque où chacun pouvait avoir un travail et en vivre ? Je ne pense pas que les révoltes ou « révolutions » (je suis prudent sur ce terme) soient le produit abrupt de la misère.
• Les jeunes partent à l’étranger : ceux qui le peuvent, oui. Mais j’ai assez d’exemples pour vous dire que cela n’a qu’un temps : j’ai l’exemple de diplômés ou non. Lorsque « la crise » sévit dans leur pays d’accueil, ils se replient ici.
• Les jeunes et le FN : honnêtement je ne sais pas. J’ai lu dans des journaux qu’il serait « le premier parti des jeunes » mais en fouillant j’ai bien l’impression que ce premier parti est constitué de façon écrasante de non-inscrits sur les listes électorales et d’abstentionnistes réunis.
• Oui, « il ne se passe rien » du moins rien de meilleur. Il me semble que cela renvoie à l’absence d’alternative politique réelle (pour ma part le Front de gauche, s’inscrivant dans la continuité, justement, de la « gauche » et de l’Europe dite sociale est une impasse.
Veuillez considérer ma réponse comme une contribution amicale très rapide en attendant la réponse de J.Cotta plus savant que moi, je n’ai aucune prétention à détenir la vérité.
Bien à vous.
Régis.


Re: Notre apathie par jcotta le Mercredi 17/09/2014 à 19:44

Cher(e) ami (e)

D’abord toutes mes excuses pour le retard que j’accuse dans cette réponse. Je voudrais vous dire que la question que vous posez me semble essentielle. Evidemment, comme Régis le dit dans son message, je ne prétendrais pas non plus détenir la vérité absolue pour aborder ce sujet. Je voudrais juste vous livrer quelques idées pour permettre à la discussion de se poursuivre.

Vous évoquez l’apathie générale. Le constat que vous faites est à première vue indiscutable, mais n’est-il pas aussi trompeur. J’ai en mémoire la « une » du journal le « Monde » : « la France s’emmerde ». Plus rien n’intéressait les français disait l’éditorialiste. Pourtant quelques semaines plus tard éclatait mai 68. Entre les impressions immédiates et les mouvements en profondeur qui agitent la société, il y a une différence. Bien sur, comparaison n’est pas raison. La situation n’est pas la même, et je partage ce que vous dit Régis pour souligner les différences. Il y en a une sur laquelle je voudrais insister. Nous avons vécu durant des décennies sur la base d’illusions ou d’aspirations sur l’idée selon laquelle il y avait la « gauche » et la « droite » qui s’affrontaient sur le plan politique comme sur le plan social s’affrontent les intérêts du travail et ceux du capital. Nous avons voulu croire plus ou moins que la « gauche », même imparfaite, représentait le monde du travail, la « droite » celui du capital. Et bien cela est fini, plus personne n’y croit et seuls font semblant ceux qui en vivent. Les masques sont tombés, ce qui est d’ailleurs plutôt positif. Mais pour le moral, notamment des plus jeunes, cela pèse. Plus de perspective, plus de différence, plus de solution… Nous savons que cela est faux, mais c’est ainsi que la situation est comprise. Plus d’alternance, sinon pour les voitures de fonction. Pas pour la politique mise en œuvre. Voila le constat lucide : la gauche est morte et son avenir se dessine à l’italienne, dans la disparition pratiquement totale de ses représentants dans les instances qui comptent encore dans notre pays. Le discours de Manuel Valls à l’assemblée est une bonne illustration de cette situation. Que dans ce contexte la « débrouille » prédomine me semble compréhensible. Mais ce ne sont pas les jeunes qui partent qui sont responsables de leur départ, ce sont les politiques, le PS et son « socialisme de l’offre », les frondeurs qui permettent à Valls de rester au pouvoir et au pacte de responsabilité d’être appliqué en s’abstenant honteusement au lieu de voter contre le gouvernement, le front de gauche qui malgré les postures d’occasion a déjà négocié (l’attitude de la direction du PCF est sans ambigüité) avec le PS pour quelques postes aux prochaines élections. Ce sont eux les responsables…

Revenons à l’apathie, de la jeunesse notamment. Rappelez-vous le CIP. A l’époque plus rien ne devait intéresser la génération téléphone portable et internet… Plus rien sauf son avenir lorsque le CIP devait la livrer comme main d’œuvre corvéable à merci à un patronat toujours avide d’exploitation et de baisse de « cout du travail » comme diraient nos gouvernants actuels.

Tout cela veut-il dire que nous serions à la fin de l’histoire, condamnés à voir le capitalisme pourrissant entrainer la société dans une régression sans précédent ? Nos échanges sont la preuve du contraire. Nous savons que nous pouvons agir là où nous sommes et que nous pouvons surtout, histoire de transmettre aux jeunes notamment, débattre, réfléchir, élaborer tous ensemble. C’est un des buts que s’est assigné le site « la sociale » sur lequel nous échangeons…

Bien amicalement
J



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