La « crise » serait la cause principale du mal. C’est du moins ce que certains patrons, tels ceux de Continental ou de Teleperformance que j’ai rencontrés pour le documentaire Dans le secret des licenciements, clament haut et fort. En réalité, la crise s’est d’abord révélée être l’argument massue permettant au capital de faire pression sur le travail. C’est au nom de la crise que les plans d’austérité remettant en cause les retraites, l’emploi, les salaires sont imposés par le FMI, les différents gouvernements et l’Union européenne aux peuples.
Ainsi donc, crise, dette et déficits devraient faire accepter une régression sociale généralisée, allant jusqu’à la liquidation des services publics, alors que les banques ont refait leurs marges et que les actionnaires s’enrichissent de nouveau comme au plus beau temps de la spéculation financière. Que penser alors des positions de la CFDT d’abord, puis de la CGT, reprises par le Medef sur « la sécurité sociale professionnelle » ou « la flexsécurité », qui impliquent toujours plus de flexibilité, moins de droits, et la destruction des métiers ? Tout cela au nom de l’emploi, bien sûr, et de la valeur travail… Que penser de ce consensus syndicats-patronat ?
(*) Auteur de Qui veut la peau du service public, Éditions J.-C. Gawsewitch.