Nicolas Sarkozy est affaibli. Les résultats de sa politique économique et sociale, la dégradation des services publics, sa politique internationale sonnent la fin… Jusqu’à son entourage qui s’y met. Après Woerth et quelques autres, voilà Michèle Alliot-Marie, ses voyages tunisiens et ses affaires familiales avec un proche du régime Ben Ali… Et dire que Nicolas Sarkozy a fait campagne sur le thème d’une « République irréprochable » !
Mais qu’est-ce qui pourrait bien sauver Nicolas Sarkozy ? La gauche !
Depuis des semaines les noms se succèdent. Aubry, Royal, Strauss-Kahn, Hollande, Montebourg, mais aussi Mélenchon, Chassaigne, ou encore Besancenot, sans parler des prétentions vertes à visages multiples… Tous, ils sont tous prétendants… Au risque de laisser en face le président surfer sur la vague de la division, de la démoralisation, du désespoir ! À la recherche d’un « sauveur suprême », ne serait-il pas raisonnable d’opposer un programme ? Une plate- forme simple et raisonnablement radicale : la réforme des institutions antidémocratiques de la cinquième République, le rétablissement d’un pôle bancaire nationalisé fort permettant de se réapproprier une politique industrielle, la nationalisation des entreprises qui ont un caractère de monopole ou occupent une position stratégique pour la nation, le rétablissement et le renforcement des services publics, l’abrogation des lois qui restreignent les retraites, attaquent la Sécurité sociale, s’en prennent aux libertés ou à l’école, la rupture avec la dictature de l’euro, qui pourrait être ramené au rang de monnaie commune, et le rétablissement des monnaies nationales qui pourraient ajuster leur parité, en finir avec les disciplines budgétaires… Pourquoi le Front de gauche ne propose-t-il pas cette démarche simple à tous ses partenaires, une plate-forme qui réponde aux intérêts du peuple, quel que soit celui ou celle qui en sera le candidat ?
(*) Auteur de Qui veut la peau du service public ? Éditions J.-C. Gawsewitch.
Commentaire en réaction aux article « Dégager la voie ... » et « Et si la gauche permettait à Nicolas Sarkozy d’être réélu en 2012 »
Après nous avoir expliqué dans leurs ouvrages (« L’illusion plurielle », « Re-vive la République » par ex.), que le Parti Socialiste français n’avait que le nom de socialiste, qu’il s’était transformé comme partout en Europe en sociale démocratie bourgeoise, soutien du capitalisme décomplexé, ne voilà-t-il pas qu’ils nous expliquent maintenant que la seule planche de salut pour la gauche en 2012, c’est un candidat unique dès le premier tour, et de préférence socialiste !
Que se passe-t-il ? Pourquoi ce revirement ? D’ou vient se vent de panique à 14 mois de l’élection ?
Alors quoi, ce serait terminé ? Le PS serait redevenu à gauche ? On pourrait à nouveau lui faire confiance ? Ca ne serait plus un parti d’alternance, mais de nouveau un parti d’alternative ?
Un épisode m’aurait-il échappé ? Parce que moi, bêtement, j’en étais resté au parti qui a voté pour le traité de Lisbonne au Parlement, trahissant ainsi - tout comme Sarkozy - le vote théoriquement souverain du peuple français en 2005. J’en étais resté au parti qui, membre du Parti Socialiste Européen, vote quasiment systématiquement comme la droite au parlement européen, tout en disant le contraire en France. J’en étais resté au parti qui - tout comme Sarkozy - proposait durant les manifs de l’automne 2010, l’allongement de la durée de cotisation pour financer les retraites.
Bref, tout ce que disaient Jacques Cotta et Denis Collin se vérifiait dans les faits. Pour en être vraiment sûr, j’ai consulté d’autres auteurs (Généreux, Michéa, par ex), écouté leurs interventions à la radio, la télé, consulté régulièrement leurs blogs, et j’avais fini par définitivement admettre – à mon grand désespoir - que le PS est un parti de droite. Et que quand il est au pouvoir, il fait comme la droite. Tout juste la vaseline est de meilleure qualité.
L’avenir paraissait bien sombre, quand une voix s’est élevée. Un homme - que je ne connaissais auparavant pas plus que Jacques Cotta et Denis Collin – a claqué la porte du PS alors qu’il en était membre depuis 30 ans, a crié haut et fort qu’il n’y a plus rien à attendre du PS où la lutte des places a remplacé la lutte des classes, qu’il est irréformable de l’intérieur, et a fondé un Parti de Gauche avec pour objectif de gagner l’élection présidentielle de 2012. « Tiens, en voilà encore un qui veut être calife à la place du calife », j’ai pensé. Un remake de Bayrou en 2007, mais à gauche.
Parce qu'enfin, c’est pas vraiment d’un sauveur dont la France à besoin, mais d’un projet politique. Alors, j’ai écouté et lu ce que dit Mélenchon. Et, fait incroyable, il dit exactement ce que répètent Jacques Cotta et Denis Collin depuis des années. Sauf que lui, il ne se contente pas de le dire, il en fait un programme politique et se lance dans l’élection présidentielle de 2012. Non pas pour être le nième président de la république, mais parce qu’il a compris que le seul moyen d’accéder au pouvoir, dans cette Vè République qu’il déteste tout autant que Jacques Cotta et Denis Collin, c’est de jouer avec les règles en cours. Et la règle, dans cette élection à la Star Ac’, où c’est celui qui cause le plus dans le poste qui l’emporte, c’est de passer à la télé pour pouvoir expliquer ce qu’on veut faire.
Le problème, c’est que personne n’en voulait de Mélenchon, à la télé. Le PS bien rond, courtois et « responsable », c’est bien plus photogénique, et ça risque pas de remettre le système en cause. Alors il s’énerve, Mélenchon. Il dit tout le mal qu’il pense des journalistes qui n’invitent que ceux qui pensent comme tout le monde doit penser. Du coup, les journalistes disent tout le mal qu’ils pensent de Mélenchon. Et, forts de leur pouvoir, ils finissent par l’inviter dans leurs émissions, se réjouissant à l’avance de pouvoir enfin casser ce « populiste » « pire que Lepen ». Le système médiatique ayant cette particularité que ce que fait l’un, les autres se dépêchent de le faire aussi, Mélenchon finit par passer partout à la télé. Et il peut enfin expliquer ce qu’il veut faire. Entre autre, instaurer une constituante pour créer une VIè République vraiment sociale, et qui ne soit plus une monarchie élective. Comme Jacques Cotta et Denis Collin.
D’aucuns, comme moi, se réjouissent de la situation ! On va enfin pouvoir voter pour des idées au lieu d’être obligé de choisir le moins pire. On se dit que Jacques Cotta et Denis Collin vont applaudir des deux mains ! Mais non. Sur leur blog, « La Sociale » - que je lis aussi régulièrement que celui de Mélenchon - Jacques Cotta et Denis Collin ne cessent de le dézinguer. Gentiment, au début, puis systématiquement ensuite. Son programme serait n’importe quoi. Moi qui ai lu à la fois le bouquin de Mélenchon et celui de Denis Collin « Re-vive la République ! », je ne trouve pas que le dernier chapitre intitulé « Une nouvelle République » propose quelque chose de très différent de ce qu’on peut lire dans « Qu’ils s’en aillent tous ! »
Et puis ce Mélenchon, on peut pas lui faire confiance : il a été socialiste pendant 30 ans ! C’est vrai. Sauf que lui en est parti, du PS. C’est pas comme d’autres qui veulent « ancrer le Parti Socialiste à gauche » depuis 15 ans, avec le succès que l’on sait ! Et d’expliquer que ce type n’est qu’un mégalo qui ne pense qu’à sa pomme, qu’il négocierait en douce avec le PS pour avoir une place au gouvernement si d’aventure celui-ci gagnait la prochaine élection. Que Mélenchon répète partout qu’il ne participera pas à un gouvernement socialiste est sans importance. Jacques Cotta et Denis Collin sont sûrs du contraire. Et on peut les croire, c’est Benoît Hamon qui leur a dit. Jusqu’à expliquer que ce type risque de faire perdre la gauche une quatrième fois, carrément ! Et que la seule solution, c’est la candidature unique d’un seul candidat à gauche, socialiste de préférence. Vive l’UMPS, vive le bipartisme !
Trop c’est trop, là. Si Jacques Cotta et Denis Collin ont des infos qui prouvent que Mélenchon va trahir ses électeurs, qu’ils le disent ! En attendant, j’ai pour habitude de ne me fier qu’à ce que disent et font les gens. Non, Jacques Cotta, ça n’est pas Mélenchon qui « permettra à Nicolas Sarkozy d’être réélu en 2012 ». Non, Denis Collin, Mélenchon n’est pas devenu « le plus grand commun diviseur » de la gauche. C’est le PS qui perdra tout seul s’il continue à avoir un « programme qui n’est pas socialiste ». Comme vous, je souhaite « donner un coup d’arrêt à la destruction des acquis sociaux, de la démocratie et de la nation ». Mais ça n’est pas avec le PS réellement existant qu’on y arrivera. Je souhaite que des gens de votre talent s’unissent autour d’un projet vraiment socialiste avec ceux qui mettent les mains dans le cambouis pour y parvenir, avec les dérapages inévitables qui peuvent survenir. Et le meilleur moyen de corriger ces travers, c’est de s’impliquer, pas de dénigrer.
J’ai peut-être été un peu long et je m’en excuse. Mais un tel gâchis de talents me désespère, moi qui n’ai que mon bulletin de vote pour m’exprimer. Et encore, dans ma ville, il n’y a même plus de bulletin de vote. Mais les boutons d’une machine à voter. « Machine à voter », quelle horreur !