1) Est-il soutenu par le grand capital ? Non. Le grand capital est pour l’ouverture des frontières et il est cosmopolite. Gattaz l’a rappelé.
2) Mobilise-t-il la petite bourgeoisie enragée et le lumpen pour s’en prendre par la violence et terroriser le mouvement ouvrier? Évidemment non. Ceux qui utilisent la violence de l’état d’urgence contre le mouvement social, ce sont les prétendus "socialistes"!
3) A-t-il un projet « révolutionnaire » totalitaire ? Pas du tout. Il se proclame républicain, chasse sur les terres gaullistes, assume les transformations sociétales, sans complexe, tout en étant un parti attrape-tout.
Produit de la décomposition politique et idéologique de la gauche et de l’entreprise de destruction systématique de la classe ouvrière organisée, ce parti ne serait qu’un feu de paille s’il existait une force luttant sérieusement pour la république sociale et la souveraineté du peuple. Fluctuation quantique du vide, disent certaines théories cosmologiques pour expliquer le big bang. Ça vaut pour le FN.
Si on veut bien regarder au-delà des frontières, le FN est l’expression française d’un mouvement européen de rejet de l’UE, mouvement dont le « non » au référendum danois de la semaine passée (un « non » dont les médias se sont soigneusement abstenus de parler) est la dernière manifestation en date.
Faute d’analyse et remuant les vieux instruments de la peur, les chefs de la gauche appellent au rassemblement contre le FN. Ils feignent tous d’oublier que, depuis le 13 novembre et sous couvert de l’état d’urgence, le gouvernement Hollande a engagé un virage autoritaire qui laisse sans voix certains de ses plus chauds partisans. Perquisitions administratives, assignations à résidence administratives, interdiction de nombreuses manifestations : l’état d’urgence soi-disant fait pour traquer les islamistes n’a eu aucun résultat sérieux dans ce domaine mais par contre a permis de disperser violemment quelques manifestations écolos à l’occasion de la COP21. Les policiers qui devraient être concentrés sur la protection des citoyens – par exemple, celle des écoles et de leurs professeurs, désignés comme cibles par Daesh – sont envoyés au Grand Palais pour se saisir de 3 porteurs de pancartes et matraquer tous ceux qui passent à leur portée.
Plus grave peut-être encore : l’état d’urgence sert de couverture à un projet de révision dans un sens encore plus autoritaire d’une constitution qui n’est pourtant vraiment un modèle de constitution républicaine. Des nouvelles lois sont en préparation qui concernent la surveillance des communications et le contrôle d’internet, des lois qui mettront la France presque au niveau chinois ou iranien en ce qui concerne la liberté sur internet.
Enfin, le pompon, si on ose dire : la reprise de la vieille proposition lepéniste concernant la déchéance de nationalité de Français nés en France, c’est-à-dire la liquidation de l’ancestral « droit du sol » qui fonde justement la France comme nation politique et non comme nation ethnique. Rien que ça ! Ces tartuffes appellent à lutter contre le FN … en reprenant ses propositions, fidèles émules en cela de Nicolas Sarkozy.
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L’urgence, c’est donc d’en finir avec l’état d’urgence.
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L’urgence, c’est la lutte contre la destruction des conquêtes sociales et du code du travail.
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L’urgence, c’est de redonner espoir en un monde meilleur et non d’user de la peur, cette défaite de la raison, pour mettre sauver la domination des dominants.
Poursuivons et amplifions le campagne pour le levée de l’état d’urgence en signant comme 7500 citoyens l’ont déjà la pétition.