Octobre 2015. Le président de la république, François Hollande réaffirme une des priorités de son quinquennat, la « modernisation du dialogue social ». Quelques jours seulement après cette nouvelle déclaration de bonnes intentions, la chemise du DRH d’air France en lambeaux, arrachée dans une bousculade sans précédent au sortir d’un CCE de la compagnie par des employés en colère, vient montrer la distance qui existe de la coupe aux lèvres.
L’image fait le tour du monde. La réalité du « dialogue » au grand jour ? Il n’est plus question dans les commentaires des hommes politiques, des éditorialistes, des responsables de la compagnie que de « violence sociale inacceptable ».
Pierre Gattaz réclame une punition. Le premier ministre Manuel Valls lui emboite le pas. Il qualifie les salariés de « voyous » et affirme « qu’il n’existe aucune excuse, pas même la violence sociale, à des actes de violence contre les personnes » ....
Nous y voilà ! En creux le terme est évoqué. « La violence sociale ». Mais de quoi s’agit-il ? Dans le fond, la chemise du DRH est-elle anecdotique ou au contraire révélatrice d’une situation qui dépasse la seule compagnie aérienne et qui témoigne d’une réalité sociale insupportable à des millions de salariés ?
Vision exagérée ou au contraire lucide ?
Pour comprendre, il fallait se rendre auprès des principaux intéressés, les rencontrer, les écouter.
Faudrait-il comme pour se rassurer limiter la violence sociale aujourd’hui à quelques « excités » ou au contraire reconnaître qu’elle n’a rien de bien original et a toujours été une des conséquences des rapports sociaux. Air France ne fait-il pas suite à une série d’autres évènements qui expriment les mêmes malaises ? Manifestations, bousculades, affrontements, occupations d’usines, séquestration de patrons... Dernièrement la situation des « Goodyear » passés en justice pour s’être opposés à plus de 1200 licenciements et avoir retenu leur responsable durant une trentaine d’heures vient indiquer la réalité d’une violence visible, mais aussi et surtout de celle dont on ne parle pas, ou peu, la violence subie qui pousse à commettre des actes tout aussi déterminés qu’ils ne sont pas prémédités.
Les manifestations de colère à Air France ou Goodyear sont-elles le « privilège » de ces entreprises, ou au contraire susceptibles d’atteindre celles qui se croient à l’écart au nom d’un dialogue social souvent plus imaginaire que réel ?
La société évolue souvent sous le coup de tensions, d’affrontements, de violence aussi. Encore faut-il tenter d’en saisir la signification et s’interroger sur les causes réelles et profondes qui peuvent pousser n’importe quel salarié, là dans l’industrie, ici dans les services, là dans le privé, ici dans le public à utiliser des méthodes à l’encontre de son patron ou de son responsable jusque-là inenvisageables…
La violence sociale aujourd’hui ? Il ne sert à rien d’attendre de nouvelles manifestations ouvrières pour l’évoquer. Elle est annoncée, programmée avec la « réforme » du code du travail jusqu’au bout dans la foulée d’El Kohmri, par l’utilisation des ordonnances, comme l’a annoncé le nouveau président de la république, Emmanuel Macron, dans la campagne électorale.
Derrière la réalité de la violence sociale se trouve un système qui désespère et broie l’individu. Derrière la violence ouvrière se trouve la violence patronale. Appréciation d’un autre temps ? Avec la réalité des faits, c’est cela aussi qu’il me semblait important d’aborder. Les responsabilités politiques, économiques et sociales qui désespèrent et poussent à l’action. Bref qualifier le mal pour tenter de réfléchir à un remède…
Documentaire:
"Dans le secret de la violence sociale"
Mardi 23 mai 2017 à 23h15
France 2
Jacques Cotta
le 19 mai 2017
emploi & travail - Action communiste : " La violence sociale…… Sa réalité, ses causes, ses responsables… Documentaire Mardi 23 mai - 23h15 - France 2."