La visite d’un représentant de notre Etat républicain au siège papal pose toujours une forte interrogation.
Habituellement, quand le Président de la République ou un membre du Gouvernement se déplace à l’étranger, les raisons de son déplacement sont rendues publiques. Elles sont souvent d’ordre commercial, ou et diplomatique. Au cas précis, une partie de l’activité est restée secrète.
La partie connue concerne la canonisation d’une française qui a vécu au 19ième siècle. La présence du Premier Ministre à ce rituel vaticaniste est d’une inquiétante signification.
La question n’est pas de juger l’activité de la canonisée, à une époque où l’Ancien Régime sévissait encore, mais de s’interroger sur la reconnaissance du Premier Ministre du principe de charité qui s’oppose aux valeurs de solidarité républicaine. Dans cette optique, nous avons du souci à nous faire pour nos régimes de protection sociale.
Par ailleurs, deux jours pour une canonisation ne fait pas une activité de Premier Ministre. D’où quelques supputations.
Les plus crédules espéraient peut-être que l’hôte de Matignon vint informer le Pape que désormais la France appliquerait la loi du 9 décembre 1905. Bien évidemment cela ne pouvait être qu’une fiction.
Sans risque de fabulation, il est probable que le premier Ministre est venu avec des messages rassurants notamment de confirmer la France, fille aînée de l’Eglise, dans ce monde où la concurrence fait rage. On peut penser également que les détails de l’application de l’accord passé, il y a quelques mois entre le Gouvernement et le Vatican sur la reconnaissance des diplômes des instituts catholiques, a été peaufiné.
On peut également penser que des assurances ont été données quant à confirmer l’attribution d’aides publiques aux établissements privés catholiques.
Et tout cela à quelques semaines du 104ième anniversaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 !!!
Jean-Louis Ernis
Thevray