Soit, coupe du monde oblige, parlons foot !
Après seize années de service, l’inusable président de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), Joseph S.Blatter, pour tous « Sepp Blatter », âgé de 78 ans, veut rempiler. Auréolé de distinctions, prix et médailles, le président Blatter est aussi accablé de critiques et de soupçons. Deux livres à charge accablent la FIFA et son président, que la Fédération tenta d’interdire. Les rumeurs répétées de corruption ont récemment resurgi à propos de l’attribution au Qatar de l’organisation de la prochaine coupe du monde, en 2022. Armé de son sourire matois, le chameau Blatter traverse avec dédain le désert d’Arabie et le tumulte des médisances. L’animal est coriace. Les accusations du Sunday Times http://www.thesundaytimes.co.uk/sto/news/uk_news/fifa/article1417325.ece ne vont pas si rapidement couler le vaisseau du désert. Blatter en a vu d’autres, il laisse déblatérer, lâchant, nonchalant, quelques pressions qataris dont le France se serait fait le relais.
Sepp Blatter est valaisan, donc suisse. Le pays abrite maintes organisations sportives internationales, du CIO à Lausanne à la FIFA à Zurich. La proximité avec les banques est pure coïncidence. Les comptes de la FIFA pour 2013 font apparaître un chiffre d’affaires de 1,4 milliards de $, 72 millions de bénéfices, 1,43 milliards de réserves. Dans l’ouvrage, Reforming FIFA, le Professeur bâlois Mark Pieth propose des garde-fous. Carlo Sommaruga, parlementaire suisse genevois, estime qu’il faut légiférer pour sanctionner la corruption. La directrice suisse de Transparency International abonde dans le même sens. Politiquement, Sommaruga est esseulé. Le Conseil fédéral va enterrer son projet de loi. La FIFA est une vache à lait et un coffre-fort. La Suisse aime les vaches et les coffres. Vendredi soir, la Suisse joue contre la France : festoyons !
La voix discordante de quelques trublions procure le soupçon de mauvaise conscience dont s’accommode l’âme protestante. Chacun y trouve son compte. Les sermonneurs sermonnent, les hommes d’affaires rentabilisent, la caravane passe.
En Arabie, les dromadaires sont aussi sacrés que les vaches suisses.
Gabriel Galice – Berne, le 16 juin 2014