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Le Likoud inspire Hervé Morin

Par Jean-Louis Ernis • Actualités • Mercredi 10/08/2016 • 0 commentaires  • Lu 2156 fois • Version imprimable


Au cours des dernières semaines Hervé Morin s’était fait discret médiatiquement. On peut se demander si finalement ce silence n’était pas salutaire ?

A l’occasion de sa démission de parlementaire, il surprenait en indiquant que, selon lui, il y avait trop de députés précisant « Y a pas de boulot pour tous les députés »

Déclaration facile et démagogique quant, au regard de la loi, on est obligé de démissionner du Palais Bourbon.

Mais les sorties verbales fantaisistes du Président de Région ne se limitent pas à l’effectif du Parlement.

La dramatique période que vit actuellement notre pays conduit au déchainement verbal de plusieurs hommes politiques, de droite essentiellement.

Quelques jours après le drame de Nice, Henri Guaino (LR) se ridiculisait en déclarant que si on avait placé des lance-roquettes sur la promenade des anglais, le camion-tueur aurait été stoppé dès le départ !

D’autres déclarations, à droite, ne sont pas davantage réfléchies.

Celle du Président de la Région Normandie atteint les sommets de l’irresponsabilité.

Dans le quotidien régional Paris-Normandie du 18 juillet, Hervé Morin déclare vouloir « israéliser » la sécurité en France.

Comment peut-on comparer la France à Israël ?

  • La France occupe-t-elle des territoires qui ne lui appartiennent pas ?

  • Paris est-elle une ville où se déchirent les religions ?

  • Existe-t-il, à Paris, un site où des religions se disputent la propriété historique comme à Jérusalem ?

  • Le gouvernement français installe-t-il des colons sur des territoires pour chasser des populations qualifiées d’ennemis ?

Comparer la France, patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen, au territoire israélo-palestinien où se déroulent des conflits sanglants depuis près de soixante dix ans, est irresponsable.

Au lieu d’apaiser les différentes sensibilités présentes dans notre hexagone, en prenant en exemple la politique du Likoud Hervé Morin met du sel sur les plaies.

Il serait bien inspiré de réfléchir à ses propres responsabilités de ministre d’un gouvernement Sarkozy-Fillon qui, selon les spécialistes, a créé de graves dysfonctionnements dans les structures administratives de l’Etat, en réformant le service des renseignements généraux, en supprimant les îlotiers et en pratiquant le dogme du moins d’emplois dans la Fonction Publique, empêchant les services de sécurité (Police – Gendarmerie) d’assurer pleinement leurs missions.

On attend autre chose d’un homme politique qui a eu des responsabilités gouvernementales.

Bien sûr, il y a urgence à débusquer tous ces individus dont l’instinct de mort, pour les autres mais aussi pour eux-mêmes, est devenu leur seul motif d’existence.

Empêcher la poursuite de ces folies meurtrières est une urgence pour nos sociétés démocratiques, mais on ne peut faire l’économie d’une réflexion de fond.

Plusieurs éléments sont à prendre en compte dans cette démarche vers le chaos.

Comment expliquer que la majorité des auteurs de ces crimes, le plus souvent de masse, soient de jeunes personnes, certaines à peine sortie de l’adolescence ?

C’est incontestablement le signe d’une profonde désespérance de la jeunesse au cœur d’une société déboussolée, proie facile du nihilisme militant, religieux au cas particulier.

L’exclusion sociale de millions d’individus, jeunes et moins jeunes, est un terreau idéal de recrutement.

Contrairement à certains théoriciens qui ont intérêt à masquer la réalité, rechercher les causes et l’origine de ces drames n’est pas pratiquer l’excuse, bien au contraire, mais comprendre les phénomènes pour stopper cette folie.

Le capitalisme financier mondialisé n’aurait-il pas des responsabilités dans cette morbidité violente ?

La France n’est pas le seul pays victime de cette folie meurtrière, d’autres pays sont confrontés à cette situation, européens notamment.

Les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas épargnés.

Nos sociétés sont devenues des machines à exclure.

Jean Jaurès disait « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage »

Un autre élément est à prendre en compte, les conditions du développement des économies occidentales.

Depuis plus d’un siècle, les économies occidentales, la France y compris, assurent leur développement essentiellement à partir de matière énergétique et de minerais particuliers et rares venant d’Afrique et du proche et moyen orient.

Or, dans la majeure partie des cas, ces activités de commerce international s’effectuaient et s’effectuent toujours dans des conditions sociales indignes quant au respect des travailleurs.

Assurer la pérennité des oligarchies dirigeantes locales pour obtenir l’exploitation du pétrole par exemple, au moindre coût, est depuis longtemps une pratique dans laquelle la France excelle, la fameuse France/Afrique.

Ne parle-t-on pas d’esclavage moderne ?

Cette pratique génère naturellement des frustrations, des humiliations conduisant certains individus au nihilisme.

Interrogeons-nous également sur les raisons de l’engagement militaire de la France.

En Afrique centrale, la vraie raison ne serait-elle pas la protection des sites d’extraction d’uranium, minerai sans lequel nos centrales nucléaires fermeraient boutique ?

Au Moyen-Orient, Afghanistan – Syrie et dans une moindre mesure Lybie, la libre exploitation de pipelines et autre gazoducs ne serait-elle pas la motivation première de notre engagement militaire ?

Depuis quelques années, des oligarques africains se lassent du système et se montrent moins dociles à l’égard de la grande sœur « gauloise »

Pour échapper à un possible affront qui handicaperait notre économie, les gouvernements français cherchent d’autres « partenaires »

C’est très exactement ce que le Président Hollande est allé faire en Azerbaïdjan en mai 2014.

Le sous-sol de ce pays regorge de gaz et de pétrole et le régime politique est, lui aussi, autocratique. Il est donc possible de reproduire dans le Caucase le système pratiqué en Afrique depuis une soixantaine d’années.

Est-ce un hasard si l’Euro de football de juillet dernier avait pour sponsor officiel une entreprise d’Etat, société pétrolière azérie ?

Faut-il faire un lien entre ce commerce douteux au regard du respect des Droits de l’Homme et notre présence militaire dans cette région depuis plusieurs années ?

Sauver les populations locales d’un climat de terreur, éradiquer le terrorisme là où il se construit, argumentent les pays occidentaux qui font et qui ont fait la guerre en Afghanistan, en Irak, en Syrie … La belle affaire !...

Mais n’y a-t-il que dans cette région du monde où les guerres civiles font des milliers de victimes ?

Pourquoi les gouvernements occidentaux d’hier et d’aujourd’hui ne s’inquiètent-ils pas du sort des populations sud-soudanaises qui vivent une guerre civile des plus sanglantes ou érythréennes qui subissent une dictature qualifiée par nombre d’observateurs de « nord coréenne » ?

Et pourtant, tous les jours des soudanais et des érythréens fuient leur pays, entrent clandestinement en Europe et s’amoncellent, pour certains, à Calais espérant « l’eldorado » britannique.

Les richesses pétrolières seraient-elles encore à l’origine de ce comportement ?

C’est bien possible, mais cette fois, c’est la Chine qui a la main sur l’or noir au sud-soudan.

Entre entreprises négrières, on ne se concurrence pas. On se partage le gâteau !!!

Dans ce contexte d’affairisme mondialisé, affranchi du moindre respect des Droits de l’Homme, les fondamentalistes se trouvent devant un immense réservoir de frustration.

Pour catalyser celle-ci, la religion fait l’affaire.

Pour commettre leurs actes immondes, ils instrumentalisent ce réservoir, des jeunes très souvent, sur leurs territoires, mais aussi sur des territoires qu’ils qualifient de mécréants.

Les moyens modernes de communications, Internet, Smartphone, leur garantissent la rapidité et la confidentialité.

Si la traque aux commanditaires est difficile (distance, pays étrangers), pour les exécutants sur notre sol la donne est différente.

La question n’est pas seulement celle de la déradicalisation, mais celle d’organiser une société solidaire où la jeunesse a confiance en l’avenir.

C’est donc bien la question sociale qui est une priorité.

L’israélisation de la sécurité, que prône Hervé Morin pour la France, n’est pas banale.

Elle est même dangereuse.

En Israël, c’est un membre du Likoud qui dirige le pays, Benjamin Netanyahou.

Si ce parti exerçait en France, sur l’échiquier politique il serait classé à l’extrême droite.

Netanyahou et le Likoud ont toujours contesté les accords de paix d’Oslo. Ils refusent toujours de reconnaître l’Etat palestinien.

Avec de telles exigences, comment s’étonner d’une quasi-guerre civile dans ce secteur !

Alors prendre en exemple un mode de gouvernance aussi belliqueux est irresponsable, mais pas surprenant venant du Président de la Région Normandie.

Au soir de l’élection de Copé (novembre 2012) à la tête de l’UMP, Hervé Morin n’avait pas hésité à adresser ses félicitations à celui qui, au cours de la campagne, s’était « illustré » avec l’histoire du pain au chocolat !!! Il avait twitté « Je suis heureux que mon ami Copé ait gagné » !

Pour 2017, nous sommes avertis.

Entre ceux qui, comme Fillon, voudraient reproduire en France la politique de Mme Thatcher et ceux qui en matière de sécurité font référence au système israélien, la République sociale n’est pas pour demain.

 


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