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Le Pen et Hortefeux se disputent les territoires de la République pendant que les autres regardent ailleurs

Par Jean Pierre Alliot • Actualités • Lundi 13/12/2010 • 0 commentaires  • Lu 2086 fois • Version imprimable


Madame Le Pen prétend que l’«occupation» des rues pour la prière des musulmans est plus grave que celle à laquelle se livre le clergé catholique pour ses processions et manifestations diverses. Une manière de défendre une patrie catholique contre des barbares. Monsieur Hortefeux juge les juges coupables de pénétrer sur son territoire et d’appliquer les peines prévues par la loi à des policiers convaincus d’avoir menti dans l’exercice de leurs fonctions. Son collègue au gouvernement, Monsieur Mercier défend lui aussi son territoire en prenant la défense des juges et surtout en affirmant que c’est lui leur ministre, et pas l’autre. Monsieur Gaino, conseiller spécial de Président de la République, quant à lui, assure que le programme du chef de l’État, c’est la République, et qu’il mène un combat exemplaire contre les communautarismes.


En quelques jours, les 10, 11 et 12 décembre, se sont affichés les signes évidents d’une dislocation de la République. En préparant tous l’élection présidentielle de 2012, chacun cultive les intérêts de sa communauté, de sa clientèle électorale.


La première de ces communautés, c’est celle des puissances d’argent, qui peut être satisfaite de l’action du gouvernement et de tous ceux qui l’ont soutenu pour que soit imposée la contre-réforme des retraites.


La deuxième, c’est celle des différents clergés qui, par la mise en avant de la concurrence qui leur est consubstantielle, renforcent leur domination sur des populations réduites à la misère et à faire appel au secours d’organisations,  caritatives autant que confessionnelles. Les déclarations de Madame Le Pen viennent à point pour aviver les sentiments d’appartenance communautaire. Cela vise les populations immigrées, systématiquement assimilées à des groupes religieux et donc jetés dans les bras de chefs de clergés plus ou moins hiérarchisés. Mais cela sert aussi les forces du clergé catholique, notamment à l’heure où ses écoles fleurissent sur les décombres de l’enseignement public, saccagé par les réformes des gouvernements qui se sont succédé depuis des décennies.


La concentration des populations les plus pauvres dans des ghettos urbains, et parmi elles une grande partie d’immigrés, accélère la dislocation de la société et le repli sur des solidarités communautaires qui prennent la place des institutions de la République défaillante. Là encore, les gouvernements qui ont laissé faire ou organisé, depuis 1983, le recul généralisé des services publics et la domination de l’entreprise privée dans une part toujours plus grande des activités sociales, portent la responsabilité. C’est sans doute pour cela que les chefs de l’UMP et du PS croient pouvoir constater, pour s’en réjouir ou pour la dénoncer, une dérive “à droite” de l’électorat.


Devant ces déclarations de guerre, M. Gaino plaide dans le vide pour une République qui assimile tous les citoyens tout en défendant comme il peut le prince, Sarkozy, qui flatte et favorise tous les communautarismes. Et le PS dénonce rituellement, l’œil rivé sur des sondages primaires.

Jean Pierre Alliot


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