En laissant la bride sur le cou aux responsables de l’UMP les plus proches idéologiquement du FN (Luca, Vanneste, etc.), en faisant adopter une loi qui institue la déchéance de la nationalité française (la vraie conclusion du pseudo-débat sur l’identité nationale), en critiquant violemment la commission après les propos de Mme Reding contre la politique anti-Roms de la France, le président de la république ne veut pas seulement siphonner les voies du FN comme on le répète à l’envi. Il s’agit de faire un pas vers la droite souverainiste anti-européenne en espérant par la même occasion récupérer une large partie de l’électorat populaire que sa politique sociale lui aliène. En effet, le référendum de 2005 a montré qu’une large partie de l’électorat, principalement l’électorat populaire (ouvriers, employés, classes moyennes inférieures) était hostile à l’UE et avec la crise cette hostilité n’a fait que monter. C’est cet électorat (largement « de gauche » !) que vise le coup du discours de Grenoble : en s’en prenant aux Roms (et pas aux immigrés en général, du reste), c’est directement la politique européenne (dont les présidents et gouvernements français successifs sont les coauteurs !) qui est mise en cause. Ceux-là qui ont enterré le vote français de 2005 en imposant le traité de Lisbonne, ceux-là même qui veulent détruire le système français des retraites au nom de directives européennes, deviennent brutalement des anti-européens quand il s’agit de la liberté de circulation des Roms.
Comment peut-on marcher dans les tours de ce joueur de bonneteau ? Vu de loin, ça paraît insensé. Mais ça ne l’est pas tant que ça. Nicolas Dupont-Aignan a apporté un soutien immédiat au président français après les propos musclés de Mme Reding. Le tournant post-discours de Grenoble est chaudement approuvé par le chroniqueur multimédia Zemmour. Le FN est très ennuyé et Marine Le Pen doit multiplier les contorsions et les sophismes pour faire croire que l’UMP est un parti de gauche… Et derrière ces « vedettes » de la politique, il y a toutes les couches de la population, incapables de définir clairement un objectif politique réel et qui se disent « au moins sur les Roms, Sarkozy a raison ». Car le Rom apparaît maintenant comme la présence incarnée de l’UE. Inversement, par légitime solidarité avec les Roms et par antiracisme, on a vu beaucoup de gens de gauche prendre la défense de Mme Reding et de l’UE contre le gouvernement français, oubliant que toutes les lois discriminatoires à l’encontre des immigrés s’inscrivaient dans un cadre défini et mis en place par l’UE.
Évidemment le gouvernement français n’a nulle intention de remettre en cause l’UE et pas plus d’ailleurs de stopper l’immigration réclamée par le patronat qui a besoin d’une main-d’œuvre peu exigeante. En bon agent de sa majesté le Capital, le gouvernement français apporte sa pierre à la constitution d’un marché du travail mondialisé, mais un marché où se présentent des travailleurs précarisés, sans droits et sous la menace permanente de la police. C’est pourquoi il faut avoir perdu tout bon sens pour en appeler à l’UE contre le gouvernement français. Comme il faut n’en avoir pas pour imaginer on ne sait quelle velléité « souverainiste » derrière la chasse aux Roms. Mais les insensés sont sans doute plus nombreux qu’on ne le pense. Pour remettre du sens dans tout cela, il faudrait une orientation politique cohérente, à la fois sur la question européenne et sur celle de l’immigration, une orientation qui parte des problèmes réellement important et qui sorte et du souverainisme à front de bœuf et du sans-frontièrisme européiste stupide duquel se nourrissent les pires démagogies.
La gauche croit avoir partie presque gagnée pour 2012. L’affaire Bettencourt et les retraites ont précipité Sarkozy au plus bas dans les sondages et, c’est bien connu, les oracles délivrés par IPSOS, Sofres and Co ne sauraient être mensongers. Pourtant, si Sarkozy l’emporte sur la question des retraites, c’est-à-dire si les promenades chacun dans sa ville et les journées d’action finissent par épuiser la combattivité – ce qui n’est pas encore certain ! – alors des espoirs sérieux lui seront permis. D’où l’importance cruciale de ce qui se joue sur les retraites. Selon le Canard Enchaîné, Sarkozy aurait dit au lendemain des manifestations du 23 septembre : « « Les syndicats écartent l’idée de grève générale ou de grève reconductible. C’est là ...l’essentiel. On va gagner cette bataille. On se souviendra de cette victoire, pas du nombre de manifestants. Mais la partie n’est pas totalement jouée. Ce n’est donc pas le moment de déconner. » Pour l’instant, personne ne « déconne ».
Dés qu'une contradiction enraye la bonne marche d'un pays, le gouvernement en place opére un repli sur soi-même. Il se requivive sur son égo et met en place la politique de la peur de l'étranger. Il faut des boucs émissaires. La gauche n'a pas dit non à l'europe pour des problèmes économiques mais par un manque de social et de liberté. Oui les Roms sont européens et doivent avoir la totale liberté de circuler et de travailler dans l'Europe entière, même les autres étrangers devraient avoir ces droits. Seulement, Sarkozy stimule le mauvais penchant du populisme Français et casse la solidarité nationale dans le domaine social. Parfois, j'ai honte pour la France pays des Droits de l'Homme. Oui, nous allons vers une politique pétainiste: famille,travail, patrie.