L’arraisonnement du navire turc dans les eaux internationales et la tuerie enclenchée par le commando israélien relèvent manifestement d’un acte terroriste de l’Etat israélien. L’éditorial de Frédéric Koller, dans Le Temps du 1er juin, impute l’action à « un gouvernement israélien à la dérive et sourd à toute critique ». Le journaliste y voit « un fiasco à la fois militaire, diplomatique et moral ».
Le gouvernement israélien est celui d’une droite dure et belliciste, il est vrai. L’extension des colonies juives en Cisjordanie alterne avec la judaïsation de Jérusalem Est au détriment des habitants arabes, afin d’accréditer l’idée (contraire au droit international) selon laquelle la ville est la capitale historique et légitime de l’Etat hébreux. Le rapport Golstone[1] a pointé les crimes de guerre des protagonistes. Le blocus que l’Etat d’Israël impose à Gaza viole le droit humanitaire, comme l’arraisonnement de la flottille dans les eaux internationales viole le droit maritime. On pointe les liens avec le Hamas de l’ONG turque ayant affrété le navire arraisonné. La vraie question (soupçon israélien ?) est de savoir si la flottille contenait seulement du matériel civil, à l’exception de tout armement ou « terroriste ». Qui pourrait objectivement en témoigner ? Les dirigeants israéliens enterrent chaque jour davantage un prétendu « processus de paix » qui n’en a que le nom.
L’Etat israélien est largement contrôlé, depuis toujours, par l’armée. L’Etat turc aussi, qui voit l’influence de l’armée bordée par le parti musulman au pouvoir. La continuité de l’armée et de l’Etat israéliens l’emporte sur le changement du gouvernement Netanyahou. On confond trop les arbres et la forêt, l’apparence et la réalité du pouvoir.
Il en va de même aux Etats-Unis où l’on attend encore les actes concrets qui viendraient justifier a posteriori l’attribution du Prix Nobel de
Seule une commission d’enquête de l’ONU serait habilitée à faire la lumière sur ce drame.
Et ensuite ? Comment forcer Israël à revenir à la raison ? L’Europe brille une fois encore par son absence. L’Europe n’a pas de marine de guerre pour escorter un convoi humanitaire qui forcerait l’illégal blocus de Gaza, du moins enfin levé par les autorités égyptiennes cessant provisoirement de se faire complices d’Israël. Faut-il que le Conseil de Sécurité donne un mandat d’une escorte militaire chargée de protéger des convois humanitaires contrôlés ? Faut-il qu’une poignée d’Etats se substituent aux défaillances onusienne, étasunienne ou européenne ?
Les dirigeants israéliens sont en effet sourds aux prières et injonctions. Politiquement, ils continuent à marquer des points, à gagner du terrain, à imposer leurs vues par la force, même si leur image est ternie. Ils traitent de naïfs les tenants du droit international. Les grandes puissances sont au pied du mur. Qu’elles prennent leurs responsabilités en secourant la population assiégée de Gaza, en contraignant Israël ou qu’elles cessent leurs gesticulations hypocrites.
Gabriel Galice
[1] Human Rights in
Je vous cite : « L’Europe n’a pas de marine de guerre pour escorter un convoi humanitaire…» Que veut signifier le mot Europe pour vous ? Voulez vous dire la soit-disant « construction européenne » qui fait peu à peu sienne la devise de Mussolini : « Le fascisme devrait plutôt être appelé Corporatisme, puisqu'il s'agit en fait de l'intégration des pouvoirs de l'État et des pouvoirs du marché. » ? Heureusement que l'Union Européenne n'a pas de marine de guerre, sinon c'est elle-même qui aurait arraisoné la flotille pour soit-disant empêcher la « provocation ».