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Les imposteurs de la rue de Solferino

Par Denis Collin • Actualités • Mercredi 09/01/2008 • 0 commentaires  • Lu 1460 fois • Version imprimable


Le parti socialiste se présente comme un parti d’opposition. Julien Dray fustige « l’impuissance » et « l’absence de résultats » de Sarkozy. Le parti socialiste condamne le projet de réforme de la constitution, auquel pourtant deux des siens, Jack Lang et l’ancien député européen Olivier Duhamel, ont participé. Le parti socialiste va tenter de capter le mécontentement croissant à l’égard de la politique du chanoine Sarkozy, notre Poutine à nous, à l’occasion des prochaines élections municipales et cantonales et il pourra sûrement obtenir dans cette voie quelques succès, les citoyens en étant réduit à prendre l’un pour taper sur l’autre. Mais tout cela n’est qu’un théâtre d’ombres. La réalité, brutale, vient d’être rappelée par les parlementaires socialistes, réunis sous la direction de Jean-Marc Ayrault.
 

Les députés socialistes voteront le traité simplifié européen mais n’iront pas au Congrès du Parlement à Versailles pour adopter le projet de loi modifiant la Constitution et préalable à la ratification du traité, a déclaré Jean-Marc Ayrault. Nous voterons le traité simplifié européen parce que ses acquis sont supérieurs à ses insuffisances et parce qu’il est enfin une chance de sortir l’Union de sa paralysie politique", a déclaré le président du groupe socialiste, radical et citoyen (SRC) de l’Assemblée nationale lors de la présentation de ses vœux à la presse. "A une réserve près", a-t-il poursuivi. "Il me paraît impossible que nous participions à la révision préalable de la Constitution dès lors que nous défendons la voie référendaire plutôt que la voie parlementaire", a-t-il dit. (Reuters)

C’est un concentré de l’imposture « socialiste ». Résumons :
-  Le PS veut voter le traité de Lisbonne : le peuple français a voté contre en 2005 mais le PS qui se dit démocratique s’en moque.
-  Le PS voulait que cette adoption se fasse par la voie référendaire. Fort bien. Au moins sur ce plan il semblait rester fidèle à ses engagements devant le peuple, notamment lors de la campagne du printemps dernier.
-  Mais alors qu’il a les moyens de contraindre Sarkozy à user du référendum, en refusant la révision constitutionnelle prévue le 4 février prochain, les courageux parlementaires socialistes vont rester chez eux ! Conclusion : le PS soutient Sarkozy dans sa politique européenne, le PS ne veut pas de référendum et fait seulement mine de la vouloir et le PS donc aidera à sa manière le chanoine de Saint-Jean de Latran à faire passer en douceur cette partie de son programme.

Le PS a le droit de soutenir Sarkozy et d’être contre le référendum mais il devrait le dire clairement devant ses électeurs et assumer franchement sa position [1] Mais évidemment pour que le système puisse encore fonctionner, il faut que le PS tout en soutenant Sarkozy fasse mine de s’y opposer.

Si on voulait une confirmation de cette proposition, il suffit de faire le récapitulatif des expressions de la critique « socialiste » après la conférence de presse du 8 janvier :

-  "Quand un responsable public n’a pas de chiffres à présenter, il produit des mots" dit François Hollande,
-  Nicolas Sarkozy a "évité de répondre aux questions essentielles" sur les salaires, l’emploi ou le pouvoir d’achat. », dit encore Hollande ;
-  « un constat d’impuissance » dit Julien Dray ;
-  « long discours creux » dit Razzy Hammadi,

Et ainsi de suite. Toutes ces prétendues critiques sont parfaitement creuses. Car Sarkozy a bien des résultats à présenter : cadeau fiscal de 15 milliards pour les riches, suppression des régimes spéciaux, réforme universitaire, etc. Pourquoi les socialistes n’en disent-ils rien ? C’est très simple : s’ils critiquent le cadeau fiscal, ils approuvent la liquidation des régimes spéciaux et la réforme universitaire ! Sans parler du traité de Lisbonne que Sarkozy mis sur pied et que les socialistes se préparent à voter.

Pour ce qui est de la suite, Sarkozy a fait des annonces précises : liquidation des 35 heures, poursuite du plan de démantèlement du code du travail, renforcement de la politique « sécuritaire ». Mais tout cela n’émeut pas nos éminences de la rue de Solferino. Critique sévère de Laurent Fabius : "Qu’on assouplisse les 35 heures, très bien, mais en finir avec les 35 heures, cela veut dire qu’il n’y aura plus de durée légale du travail, donc plus d’heures supplémentaires, donc que les gens vont gagner moins" ! Pour le pouvoir d’achat, il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Sarkozy l’a dit : sur le pouvoir d’achat, rien ne sera fait car « les caisses sont vides ». Donc, serrez-vous la ceinture et travaillez. Si ce n’est pas une orientation !

Il y a donc bien la même orientation pro-Sarkozy dans le domaine européen et dans les affaires intérieures françaises. C’est d’ailleurs naturel. L’UE, c’est la semaine de travail à 48 heures. L’UE, c’est la liquidation des services publics. L’UE, c’est l’âge de la retraite à 67 ans, les assurances sociales privées et les fonds de pension. Comment peut-on approuver le traité de Lisbonne et combattre Sarkozy qui ne fait que mettre en œuvre les prescriptions de l’UE ? C’est évidemment impossible.

Le PS français est d’ores et déjà un parti entièrement « blairisé ». Il n’a pas eu besoin de fusionner avec les démocrates-chrétiens selon le modèle italien pour être sur la même ligne que Bayrou. C’est d’ailleurs pourquoi sont ridicules les protestations des socialistes qui refusent l’alliance avec le MODEM aux municipales mais acceptent cette comédie du « boycott » du congrès du 4 février.

Pour l’heure, un seul député PS sauve l’honneur. C’est Marc Dolez (voir communiqué sur notre site). Ceux qui sont encore de gauche l’accompagneront pour aller voter « non » à la révision constitutionnelle. Ce sera le point de partage. Et ceux qui resteront chez eux pour ne pas gêner Sarkozy montreront ce que valent réellement leurs discours.


[1] On devrait se souvenir qu’en 2005 nombre d’éminences socialistes, à commencer par l’actuel président du FMI, avaient reproché à Jacques Chirac d’avoir usé de la voie référendaire, les questions européennes étant selon eux trop complexes pour être tranchées par ces ignorants de citoyens.

 

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