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Les pitres de l'empire maltraitent Morales

Lettre bernoise 56

Par Gabriel Galice •  • Lundi 15/07/2013 • 0 commentaires  • Lu 1977 fois • Version imprimable


Cher Mario,

Les péripéties imposées à l’aéronef du président bolivien Morales en disent long sur l’asservissement des vassaux d’Europe à leur suzerain du Nouveau Monde. Des roitelets italien, portugais, espagnol, français, ont interdit le survol de leur espace aérien pour complaire à l’empereur. Rappelle-toi, cher Mario, que l’Etat italien collabora bassement aux menées subversives de l’OTAN par le réseau Gladio. Les Ibères et les Romains en firent autant, qui ont conservé des séquelles de leur fascisme tardif. Depuis plusieurs lustres, la France, naguère sourcilleuse sur sa souveraineté, a bradé son indépendance et sa dignité.

L’historien suisse Daniele Ganser a précisément étudié ces actions terroristes en son livre « Les armées secrètes de l’OTAN : Réseaux Stay Behind, opération Gladio et terrorisme en Europe de l’Ouest  ». Il expose que l’OTAN a instrumentalisé des groupes d’extrême gauche et d’extrême droite. Récemment encore, les services du renseignement militaire italien se sont rendus complices de la CIA pour enlever l’Imam de la mosquée de Milan. Hollande a entériné le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN, décidé, mis en œuvre par Sarkozy. Quand elle était encore autre qu’une République bananière, la France n’aurait osé. En puissance coloniale, elle intercepta certes, pour son propre compte, l’aéronef de Ben Bella et de ses frères d’armes en 1956.

 

Bref, la boucle est bouclée. A l’alignement monétaire et financier de la France sur les marchés fait pendant le suivisme militaire sur les Etats-Unis, via l’OTAN.

Le président Hollande fonde sa « tardive » approbation de survol sur la oiseuse incertitude quant à la qualité des passagers de l’aéronef présidentiel. Et alors ? Depuis quand le président bolivien doit-il justifier la qualité de ses hôtes auprès du président français ? Un certain François Mitterrand avait coupé court aux récriminations du Président Reagan sur la présence de communistes à bord de son gouvernement. Et quand bien même Snowden aurait été à bord de l’avion bolivien ?

 

 

A la veulerie, les pantins ajoutent la menterie diplomatique. Nos pitres n’auraient que « tardé » à confirmer l’accord qu’ils avaient donné quelques jours auparavant. Insigne façon de formuler un retournement de veste après que l’Oncle Sam avait fait les gros yeux pour intimider ses obligés. Nul socialiste français ne songerait à interdire la venue sur sol français d’Henry Kissinger (Prix Nobel de la paix, il est vrai !), assurément complice du coup d’Etat qui renversa dans le sang le président socialiste chilien Allende, un 11 septembre (1973) bien peu commémoré. Nos germanopratins socialistes n’ont plus grand-chose à voir avec Jaurès, Allende, le tiers-mondisme ou les non-alignés.

A la vilenie et au mensonge, cher Mario, les pitres ajoutent le ridicule : Snowden reste introuvable. Pour faire bonne mesure, les gnomes adjoignent l’insolence puisque le compassé Fabius exprime les « regrets » de la France » sans aller jusqu’à présenter des « excuses » formelles. La République française ne s’abaisse pas à s’excuser auprès d’un vulgaire Indien d’Amérique, chef d’Etat au demeurant, quand bien même la Charte de l’ONU stipule, en son article 2 : « L’Organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres. » Comme l’écrivait Orwell, certains sont plus égaux que d’autres. Complaire aux grands et déplaire aux petits est pleutrerie.

Le plus tragi-comique, cher Mario, est que l’affaire Morales intervient après les plates protestations de nos pitres apprenant que l’Oncle Sam les espionne intempestivement, révélations permises par le sieur Snowden. La gratitude n’est certes pas une vertu étatique mais la raison d’Etat pourrait conduire nos drôles à davantage de discernement et de courage. Au lieu de cela, nos bouffons offensent un chef d’Etat dans le même temps qu’ils collaborent à la persécution de celui qui dénonce les turpitudes d’alliés notoirement inamicaux.

Parole, parole, chantait Dalida. Les faits sont éloquents et cette bavure diplomatique ternit l’image d’une France que nous aimions, qui brade continûment ce qui fit sa fière singularité. Des Boliviens excédés ont brûlé un drapeau français. On en vient à regretter les reliquats de gaullisme de Chirac qui, lui, s’opposa à la guerre contre l’Irak.

Aux géants de l’après-guerre ont succédé des gnomes. Je préfère encore, cher Mario, nos helvétiques nains de jardins à ces dangereux farfadets, bavards sur les droits de l’homme qu’ils piétinent allègrement, piètres paltoquets poltrons perchés sur les épaules de leurs illustres prédécesseurs.

Porte-toi bien, cher Mario. ¡Venceremos!
 
Ton Guillaume tel qu’il persiste : rétif.
 
Berne, le 14 juillet 2013

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