Et, considérant que ses 11,1 % au premier tour de la présidentielle de 2012, (où il était candidat FdG), relèvent de son seul charisme et de ses seules analyses, il s’est permis de ne pas consulter ses partenaires du Front de Gauche, renvoyés à leur insignifiance, ou à leur rôle de prestataires de service (les élus communistes qui ont permis sa candidature en donnant massivement leurs parrainages, et les militants communistes qui ont assumé l’aspect matériel de la campagne en savent quelque chose).
C’est dire que sa décision est à la fois celle d’un Bonaparte au petit pied, et celle d’un « lider maximo » (J.L.M est hispanophone proclamé !) virtuel. Bonaparte par sa « virtù » décisionnelle dans laquelle Machiavel reconnaissait le Prince, c’est-à-dire l’homme qui sait prendre au bon moment (et Dieu sait combien ce moment est fugace) l’initiative et la décision qui feront basculer l’Histoire.
« Lider maximo » dans et par sa fonction tribunicienne, dans la mesure où, assumant l’éclatement du Front de Gauche, il s’attribue par avance non seulement les électeurs communistes, (séduits par sa rhétorique révolutionnaire), les électeurs déçus de la gauche institutionnelle, mais encore et surtout l’immense désarroi d’une jeunesse française dont il voudrait, à l’image de ce qui se joue aux Etats-Unis, devenir le Bernie.
Le pari est risqué, mais jouable. Il est d’autant plus intéressant que, par un historique ricochet de billard, il met un Parti communiste résiduel devant de vrais choix (roue de secours assumée du PS ou parti de classe autonome et combatif), et les autres groupuscules d’analystes vertueux rassemblés dans le Front de Gauche devant leur impuissance pratique. J’y reviendrai bientôt. Personnellement, je doute que ce type d’aventure solitaire, aussi réconfortant qu’elle puisse apparaître à tant de déçus de la Gauche, et de la Politique, puisse débloquer quoi que ce soit dans une France en gésine d’une immense et complexe convulsion sociale « apolitique », dont les formes et les conséquences nous échappent encore, mais dont on peut pressentir l’immanence.
René Merle