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Migrants ou réfugiés: L'incroyable cynisme des puissants

Les mots qui tuent

Par Denis COLLIN • Actualités • Mercredi 02/09/2015 • 2 commentaires  • Lu 2076 fois • Version imprimable


Comme on dit, les mots sont importants. Parler de crise des "migrants" alors qu'il s'agit de réfugiés qui fuient la guerre, les massacres, le chaos d'États que nos amis américains (Irak) et nous-mêmes (Libye) avons détruits en vue d'instaurer un "chaos créatif" pour les bonnes affaires du capital, c'est vraiment se moquer du monde. On sait que c'est clairement conscients de la suite que les États-Unis ont organisé la destruction du fragile système des États au Proche-Orient. C'est d'ailleurs à juste titre que Jacques Chirac et Dominique de Villepin, soutenus par l'Allemagne et la Belgique ont refusé la "croisade" états-unienne. Sarkozy au contraire a emboîté le pas et même devancé les USA en Lybie. Et Hollande rêvait d'en faire de même en Syrie. Le résultat de cette politique activement soutenue par la Turquie (un des piliers de l'OTAN) et l'Arabie Saoudite (client des armes françaises) et le Qatar (toujours accueillis à bras ouverts à Paris), ce sont ces centaines de milliers et ces millions de pauvres gens qui cherchent leur salut là où ils peuvent. Pendant qu'on fait des tractations de maquignons entre puissances européennes, le Liban accueille tant de bien que mal un nombre de réfugiés égal au tiers de sa population.

Quand d'un côté on entend Xavier Bertrand exiger un blocus maritime (ce qui veut dire "noyez les tous!") et Alain Marsaud affirmer que Daesh est un élément de stabilisation de la région, on a une parfaite expression du cynisme et de la bêtise de cette droite qui est bien le dernier argument de Hollande. Mais ces gens ne sont pas seulement des démagogues qui font la course à l'échalotte avec le FN. Ils disent ce qu'ils pensent et ce que pense une large fraction de la classe dominante. Les vies humaines de ceux qui n'appartiennent pas à la classe dominante n'ont aucune importance, aucune valeur morale. Ce ne sont que des dégâts collatéraux de cette soif sans limite d'argent et de pouvoir.

Quand on voit des gens qui nous bassinent avec les "valeurs chrétiennes" et qui n'ont même pas un mot (les mots ne coûtent pas cher pourtant) de compassion pour les malheureux qui errent sur des rafiots de fortune, on se dit que dans le discours public, plus rien n'a de sens.

Et quand on entend d'un autre côté que l'immigration est une chance pour la France, c'est tout simplement une autre forme de ce cynisme. Les réfugiés eux n'ont pas de chance! Et s'il faut les accueillir et les traiter non en ennemis mais en êtres humains, ce n'est parce qu'ils sont "une chance" pour nous, mais parce que c'est notre devoir, conforme au droit cosmopolitique dont parlait Kant comme l'une des conditions de la paix.

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Commentaires

Ni migrants ni réfugiés... par Molinier le Lundi 14/09/2015 à 16:29

Cher Denis,

Tu as raison ! On n'insiste pas assez sur le profond crétinisme des élites politiques. C'est absolument consternant. Mais pas seulement, ce sont des gens dangereux, parce que, ne connaissant pas les matières qu'ils prétendent traiter, dont quelques-unes sont explosives, ils ont tendance à faire n'importe quoi (Voir le fameux couple N.S. / BHL en Lybie, etc.).

Cela dit, on peut réserver...
-le terme de migrants ou migrateurs, à quelques sortes de volatiles, oies cendrées, canaris, canards sauvages, etc.
-le terme de réfugiés à ceux qui ont un refuge. C'est clair un "réfugié politique" n'obtient son statut de "réfugié" que dès lors qu'il a reçu un refuge soient un acte administratif et un lieu de refuge.
-Ici, le seul terme qui convient, me semble-t-il, est celui de fuyards. C'est la caractéristique principale de tous ces hommes qui fuient des guerres et autres misères.


Lien croisé par Anonyme le Vendredi 25/09/2015 à 20:46

Le journal de BORIS VICTOR : Où va le POI ? - article de La Sociale :Longue sc : "02/09/15 - Migrants ou réfugiés: L'incroyable cynisme des puissants"



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