Cette mort annoncée des Verts est pleine d’enseignements au-delà de la question du positionnement politique. La forme d’organisation qui s’opposait aux formes traditionnelles des partis, est également un fiasco. Les Verts ont voulu donner une traduction politique à un combat associatif, et en cela ils eurent quelques mérites puisque nous savons que les solutions à la crise de la planète ne peuvent être que politiques. Mais, comme d’autres militants, qui passent d’ATTAC à la vie politique, ils minimisèrent le poids des règles « politiciennes » et, en restant assis entre deux chaises (l’associatif et le politique), tombèrent dans l’incohérence. Pour les Verts allemands, le choix politique de départ (alliance avec la gauche) et le mode de scrutin permirent une survie que les conditions françaises ne pouvaient assurer.
Est-ce à dire que ce bilan ne peut rien apporter de neuf à la construction d’une force politique nouvelle ? Au contraire, l’explosion finale des Verts mérite mieux, pour ce parti, qu’une tombe au cimetière. L’émergence des Verts vient d’une incapacité de toute la gauche à traiter les questions écolos. Une force nouvelle se doit donc de charpenter sa stratégie sur une alliance entre question sociale et question écologique, alliance qui doit transformer totalement le rapport à la question sociale. Dans un autre domaine, le combat pour le droit à l’avortement fut à mes yeux, tout autant un combat féministe qu’un combat social : qui ne pouvait bénéficier du droit à l’IVG ? Les femmes ne pouvant se payer un voyage à NewYork ou Londres ! Le combat écolo ce n’est pas une touche de vert sur la question sociale, mais c’est radicalement changer les trois questions économiques de base : pourquoi produire ? que produire ? comment produire ?
Ensuite, sur le plan de l’organisation, les Verts ont démontré comment une démocratie interne pouvait conduire à la guerre des chefs (à petite échelle, la réplique de la situation du PS). Contre cet état de fait, certains prônent une organisation basée sur le consensus (qui ressemble en partie au centralisme démocratique). Une réflexion doit porter sur le type de statuts adapté au monde actuel (où l’individu a grandi en autonomie) et aux invariants de la vie politique : comment passer à l’action collective ? Dans le combat politique, le moment électoral est structurant même pour un parti comme la LCR qui le place en marge de ses activités, cette organisation n’ayant pas ou peu d’énergie à utiliser dans les institutions. Ce moment électoral impose des règles variables suivant les types d’élections (avec liste ou candidat individuel). Le problème n’est pas seulement autour du choix du candidat et autour du type d’alliance, il est tout autant dans l’articulation entre l’action dans les institutions, et l’action pour contrôler ces institutions. Par exemple : un vice-président Vert de la région Auvergne a démissionné pour tenir une promesse. Ce geste l’honore puisqu’il fait passer l’engagement politique au-dessus de la défense de ses intérêts personnels. Ce geste mérite d’être connu de toute une organisation pour qu’elle se prononce (même si un autre Vert le remplace). Le contrôle n’est pas l’exclusion du militant qui dérange, mais au contraire le soutien à celui qui défend une politique. Les facteurs porteront alors des lettres de félicitations à de tels militants qui honorent la cause qu’ils défendent (sans médaille mais avec les mots justes).
6-02-2008 Jean-Paul Damaggio