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Non René Revol ! ...

... On ne fait pas le Front Unique avec les héritiers de Marcel Déat !

Par Robert Duguet • Actualités • Dimanche 07/02/2016 • 0 commentaires  • Lu 1953 fois • Version imprimable


René Revol est un des membres fondateurs du Parti de Gauche, aujourd’hui il est maire de Grabels dans l’Hérault. Il vient de consacrer sur son blog une longue analyse de la situation politique : on pourra s’y référer à l’adresse suivante : https://leblogderenerevol.wordpress.com/ .


Le FN au centre de la vie politique française ?

L’analyse de Revol fait du FN le centre de la vie politique française. C’est un point de vue qui en général est largement mise en œuvre par le pouvoir médiatique. On n’avait certainement pas besoin que René Revol vienne au secours de tous ceux qui, dans l’appareil institutionnel ou médiatique, désignent le FN comme le problème de l’heure.

Il écrit par exemple :

« La responsabilité historique de la gauche aujourd’hui (au lieu de courir après la droite et l’extrême droite) est de faire face en formulant une réponse cohérente et mobilisatrice pour opposer à l’ordre libéral-sécuritaire un nouvel ordre, solidaire et humaniste. »

On a envie de lui répliquer : si René Revol cessait de courir après le FN, en le parant des « qualités » du parti national-socialiste de Hitler, et s’il répondait à la question, pourquoi le Front de Gauche a été incapable d’être une alternative construisant dans la lutte sociale comme dans les élections une alternative anticapitaliste à une destruction de tous nos acquis de civilisation depuis maintenant 40 ans, que le gouvernement soit à gauche ou à droite, on pourrait discuter sur une base sérieuse.
 

Continuité du mitterandisme…


Allons à la racine de cette orientation politique : Revol, comme Mélenchon, c’est la continuité du mitterandisme… En 1981, l’extrême droite représentait 1% du corps électoral. Lorsqu’après 1983, il apparait de plus en plus clairement que la gauche fait au gouvernement la même chose que la droite, créant la désespérance sociale, il faut un contre-feu. Ce sera le FN dont Mitterand, côté cour, mettra toute sa science à faciliter son développement, jusqu’à instiller une dose de proportionnelle dans les élections et côté jardin le président facilitera grandement l’émergence de SOS-Racisme. Le poison d’un côté, l’antipoison de l’autre ! Les deux faces d’une même politique pour garder le pouvoir : en jouant au passage sur les profondes meurtrissures qu’a subi le peuple français dans la résistance au fascisme, belle leçon de fidélité morale pour un homme qui a passé trois ans à Vichy et qui est certainement le personnage le plus trouble de la politique française depuis la guerre. La ligne du PS, Gauche Socialiste incluse, sera de donner à l’extrême droite tous les moyens institutionnels, politiques et médiatiques qui assurent son développement : ils avaient besoin de cela pour casser l’héritage du gaullisme et faire en sorte que la droite parlementaire reste minoritaire. Le FN est un petit monstre de la Vème république bonapartiste dont Mitterand a usé et abusé pour garder le pouvoir présidentiel.
 

Le FN parti fasciste…


Quant à établir, comme le développe notre auteur, une différence de nature entre les partis populistes et nationalistes qui prolifèrent dans un certain nombre de pays européens et le FN, qui porterait en germe le projet du parti de Hitler, cela ne tient pas la route ! Entre la fin de la première guerre mondiale et la prise du pouvoir en 1933 en Allemagne par les nazis, il y a un élément fondamental qui joue, c’est que les classes dominantes sont directement menacées par la révolution prolétarienne et par le mouvement mondial qui  procède de la révolution d’octobre 1917 et de la construction de la 3ème Internationale : la bourgeoisie allemande abandonnera le pouvoir, quelque peu contrainte et forcée, aux bandes armées des SA et des SS. Sommes-nous dans une situation identique : les classes dominantes européennes n’ont nul besoin des mouvements nationalistes pour faire des affaires, c’est plutôt les partis de la 2ème internationale qui leur rend service : ils assurent la destruction de tous les acquis sociaux légués par la lutte contre le fascisme au profit de la concurrence libre et non faussée. Les vrais ennemis pour nous ce sont les François Hollande, Manuel Vals et ce bel homme aux yeux bleus, commis voyageur du capitalisme néo-libéral, Emmanuel Macron. Issu de la revue Esprit, soutenu par l’association Terra Nova, émule très moderne des principes du Christianisme social. La troïka préfère de très loin Emmanuel Macron à Marine Le Pen. On avait connu en 1983 la montée en puissance de cette belle tête de cierge qu’était Jacques Delors, là c’est encore eux, les démocrates-chrétiens, mais en plus destructeur. Les vrais ennemis pour nous ce sont les héritiers de Marcel Déat et du IVème Reich, sans la gestapo et la milice il est vrai, mais le IVème Reich quand même de frau Merkel (eins, zwei !)
 

Rassembler la gauche de Hollande à Mélenchon contre la menace fasciste ?


Aujourd’hui commence à se mettre en place un dispositif politique, dont Cambadélis a tracé les contours : réunir des primaires à gauche qui iraient de Hollande à Mélenchon pour rassembler la gauche et écarter le FN de la prise du pouvoir d’Etat. Les frondeurs du PS viennent de reprendre à leur compte cette orientation, toutefois en écartant une nouvelle présidence de François Hollande, mais le cadre reste identique. Le bon thermomètre de ce qu’il ne faut pas faire est toujours donné par Gérard Filoche, c’est le digne héritier d’une Gauche Socialiste particulièrement faisandée : faire l’unité de la gauche et des écologistes, mais sans François Hollande comme candidat. Autrement dit, on nous demande à nouveau d’être une force d’appoint du PS au second tour de la présidentielle. Le néo-socialisme sans Hollande, cela reste le néo-socialisme.

René Revol, cette orientation elle est rejetée par les militants : formellement Mélenchon n’est pas gagnée à l’idée de faire cette unité de la gauche et des écologistes qui, in fine, remettra le pouvoir au PS. Mais c’est bien formel, puisque la direction du PG, lors du récent scrutin régional, a soutenu la liste du PS au second tour. Je rappelle que dans les unités politiques du PG sur l’Ile de France, du moins ce qu’il en reste, l’opposition à cette orientation était totale. Dans l’Essonne, berceau du mélenchonisme, il y a avait 19 militants locaux présents et 2 délégués du national. Passons sur le nombre de participants qui indique un affaissement total de cette organisation : durant la campagne présidentielle de 2012, il y avait entre 200 et 250 militants présents aux assemblées du 91… A l’unanimité les 19 ont condamné l’orientation des représentants du national. Ce qui n’a pas empêché ces derniers de s’asseoir sur ce que défendaient les militants et d’appeler à voter Hidalgo au second tour.
 

Justifier un éventuel accord avec le PS au nom de la politique de la direction de Podemos ?


C’est sans doute le basisme invétéré des militants que Revol condamne dans ses conclusions politiques :

« Ces deux dernières années ont vu s’exprimer dans nos rangs des réactions politiques qui peuvent nous faire trébucher et qu’il faut caractériser et combattre. Le « gauchisme » au sein du Front de Gauche consiste à refuser toute alliance, y compris de circonstance, avec quiconque, et en particulier à assimiler le PS à la droite, voire à laisser le FN passer. »

Quand les militants qui sont encore encartés au PG disent qu’ils n’ont plus l’intention de servir la soupe aux élus en particulier et au PS en général, ce sont des basistes… On leur applique la pédagogie de l’exclusion, de la mise sur la touche ou de la tutelle pour les aider à réfléchir. Au PG on connait ça, ils ont appris chez Lambert ou chez Chevènement…

Quant à la référence à Podemos, elle est vraiment méprisante pour les forces vives de ce mouvement. Je m’en expliquerai plus longuement à partir de l’analyse apportée par le livre d’Héloïse Nez, « Podemos de l’indignations aux élections », qui est un travail de sociologue et de militante pour comprendre précisément ce qui se passe en Espagne et dans Podemos. Après nous en avoir mis une couche à propos du FN, qui serait l’embryon français du parti d’Adolf Hitler, après une référence à la stratégie défendue par Léon Trotsky et les révolutionnaires des années 1930 pour faire l’unité avec la social-démocratie contre le fascisme, Revol ajoute :

« Si nous voulons trouver aujourd’hui un bel exemple de cette stratégie, jetons un œil sur la façon dont PODEMOS en Espagne s’adresse au PSOE et pose les conditions d’un accord contre la droite. »

La direction de Podemos est une petite fraction, liée au chavisme, qui a su prendre le vent au moment où l’Espagne a été secouée par le mouvement des indignés. Et ce qui caractérise ce petit appareil, c’est qu’il combat pour endiguer et canaliser un mouvement profond de la classe ouvrière et de la jeunesse paupérisée espagnole pour prendre en main ses propres affaires et chercher une issue politique, sur une perspective strictement électoraliste. Une des premières mesures prises par ce mouvement d’universitaires autour d’Iglesias fut de refuser d’intégrer dans la direction de Podemos le courant Izquierda Anticapitalista. A l’organisation des cercles locaux qui voyait des milliers de citoyens affluer, se mêler de politique, intervenir sur les mesures d’urgence sociale à prendre, la politique de la direction d’Iglesias a mis en place un appareil vertical qui dépossède les cercles locaux de leur pouvoir exécutif. Voilà la réalité ! Et l’accord avec le PSOE que défend Iglesias, et qui est loin de recueillir un consensus majoritaire dans Podemos, est très exactement une politique qui conduira au même désastre politique et social que celle du gouvernement de Tsipras en Grèce.
 

Rompre avec les stratégies qui nous ramène dans les ornières du PS


Il faut rompre définitivement avec la ligne qui a été celle de la gauche socialiste de Mélenchon-Dray, et qui est celle aujourd’hui du semi-cadavre du Front de Gauche : le rassemblement rouge-rose-vert, tout comme le rassemblement de la gauche et des écologistes, avec ou sans Hollande, c’est le retour aux vieilles ornières qui conduiront à des défaites cuisantes pour nous les salariés.

On ne fait pas le front unique avec les héritiers de Marcel Déat ! Nous avons besoin d’une autre ouverture politique.

Robert Duguet
Le 6 février 2016
 

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