Un vieil Allemand de 88 ans est inculpé de meurtre et de complicité de meurtre dans le massacre du village français d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944. Cinq co-accusés sont passibles de poursuites. Ce jour, la division SS « Das Reich » massacra la population en divers lieux, dont femmes et enfants rassemblés dans une église. Le massacre avait fait 624 victimes. Gageons qu’ils seront punis, comme l’ont été tardivement, clémentement, les responsables du massacre de 355 civils italiens dans les fosses ardéatines, le 25 mars 1944.
La comparution en justice des responsables d’Hiroshima, Nagasaki, Dresde, Sabra et Chatila n’est pas à l’ordre du jour. On vient d’enterrer le Général Sharon, avec lui ses forfaits.
Les sophistes, mon cher Reinhard, nous expliqueront que les bombes atomiques devaient contraindre le Japon à la capitulation. D’autres solutions avaient été envisagées, dont le largage des bombes sur la flotte japonaise. L’objectif n’était pas seulement militaire, il était aussi politique et scientifique. Politiquement, il fallait impressionner l’Union Soviétique, devenant l’adversaire principal ; scientifiquement, il sembla opportun de tester successivement une bombe à uranium (baptisée Little Boy) sur Hiroshima et une bombe au plutonium (Fat Man) sur Nagasaki. De la sorte, on aurait une expérience grandeur nature sur des cobayes humains, otages de la folie meurtrière de l’empereur et de la caste militariste.
En sa fable, Les animaux malades de la peste, Jean de La Fontaine nous en prévient : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »
Les guerres dans l’ex-Yougoslavie le confirment, de méchants massacreurs serbes sont condamnés, de gentils assassins croates échappent à la justice ; les vaincus sont punis, les vainqueurs innocentés. Pour combien de temps ?
Je t’embrasse, mon cher Reinhard, de ma paisible cité helvétique.