Tout d’abord reprenons l’analyse de la situation politique à propos de la gauche italienne après la victoire de Berlusconi, citons :
« Une semaine après les élections législatives les dégâts provoqués à gauche par l’incapacité de celle-ci à s’unir autour d’un projet de société commun s’étendent inévitablement. La constitution du parti « Arc en ciel », force politique composée essentiellement de communistes, verts et socialistes n’ayant pas suivi le parti social-démocrate après la fusion avec les chrétien-démocrates de Prodi, se voit désormais remise en cause. Affaiblie pendant une campagne électorale dominée par les deux grands partis selon le modèle de bipartisme à l’américaine qui a vu le candidat de centre-gauche Veltroni lui-même se déclarer « ni de gauche ni de droite », la gauche radicale a été incapable de donner une lisibilité politique à ses propositions après sa participation à la grande coalition de Romano Prodi. Elle n’a donné aucune visibilité à son aile socialiste, les partenaires de Rifondazione Communista apparaissant comme un simple décor autour de ce parti. A l’issue du scrutin elle n’a réussi à garder aucun député dans le nouveau parlement alors qu’elle comptait 72 parlementaires sortants. En amont du congrès prévu au mois de juin, la composante communiste (Rifondazione) vient de décider cette semaine, mettant en minorité Fausto Bertinotti, que la meilleure perspective pour l’avenir de la gauche en Italie dans la période était de réaffirmer l’identité propre de Rifondazione Communista. De fait tout passage à une nouvelle force politique à gauche en Italie est pour l’instant mis entre parenthèses... Nous avions noté que le nouveau Parti Démocrate (les sociaux-démocrates ayant fait le choix de suivre une ligne centriste après la chute de Prodi) accuse un retard de dix points sur la droite de Silvio Berlusconi. Mais il faut ajouter que le parti du centre italien maintient son score habituel. La course au centre menée par Veltroni aura donc réussi à écraser la gauche sans réduire le centre. »
C’est précisément l’entrée de la gauche italienne, du moins ce qu’il en reste (Rifondazione Communista, socialistes et verts) dans la grande coalition construite autour du projet démocrate qui a conduit l’électorat de gauche à l’abstention et les organisations dans l’incapacité de définir un projet anticapitaliste de résistance à Berlusconi, fer de lance de la mondialisation en Italie. Veltroni a écrasé la gauche au profit du centre, parce que la gauche a joué le jeu de la grande coalition. La ligne politique qui est contenue dans ces quelques lignes s’oppose à l’orientation allemande de construction d’une force socialiste, à l’image des Linke, même minoritaire dans le pays, en capacité de s’opposer sur des points précis aux conséquences de la mondialisation. Par rapport à la ligne définie par Jean Luc Mélenchon dans le livre qu’il avait publié à la fin de l’été « En quête de gauche », il y a là un tournant à 180°.
Lisons plus loin, encore une cuiller de goudron sur le Tibet ! Je condamne la position prise par Jean Luc Mélenchon sur cette question. Il semble avoir oublié que le régime chinois issu du stalinisme accompagne aujourd’hui des formes de développement d’un capitalisme sauvage et mafieux, à l’image de ce qui s’est passé dans les pays d’Europe de l’Est et en Russie depuis l’effondrement du système soviétique. A cette différence que c’est le système bureaucratique lui-même contrôlé par le PCC qui continue à imposer cette nouvelle domination : le régime chinois est pour les capitalistes le régime idéal, ils achètent la force de travail à vil prix, envahissent le marché mondial en permettant aux capitalismes des pays économiquement avancés de casser les statuts de leurs travailleurs et de délocaliser et surtout, lorsqu’ils rencontrent des difficultés sociales, le système est là pour réprimer durement. Il y a toujours eu une oppression du régime maoïste contre le peuple tibétain. Cela n’est jamais que la continuité. Rien ne justifie, d’un point de vue socialiste, l’intervention militaire. La bureaucratie maoïste règle les questions d’identité nationale avec les mêmes méthodes que Staline utilisait pour régler ces questions au sein de l’URSS. L’intervention armée ne fait rien avancer. Que va dire Jean Luc Mélenchon lorsque le Dalaï Lama et la bureaucratie chinoise vont passer un accord, ce qu’ils sont en train de commencer à faire, pour maintenir l’ordre social contre le peuple tibétain ? Les travailleurs sous-employés et sur-exploités, cela existe au Tibet comme en Chine. Mais oser utiliser la question de la laïcité pour justifier l’intervention militaire au Tibet, c’est vraiment trop fort de café ! Je cite : « Peut-on se dire laïque et soutenir un projet et une organisation théocratique ? La laïcité est-elle une idée universelle ou réservée aux seuls français ? » Laïcité que de crimes on commet en ton nom ! La liberté pour un peuple c’est de choisir librement son destin !
Le dernier point concerne le congrès socialiste, citons :
« Comme vous le savez déjà, le Parti Socialiste rentre en période de préparation de son congrès qui aura lieu au mois de novembre 2008. Lors d’une première phase en amont de la convocation du congrès, les militants seront appelés à se prononcer sur une nouvelle déclaration de principe du parti. Les socialistes membres de PRS qui agissent dans le PS dans le cadre de la sensibilité Trait d’Union ont été représentés à la commission d’élaboration de ce texte par Jean-Luc Mélenchon et Pascale le Néouannic. La version finale du texte adopté n’a plus rien à voir avec la proposition initiale qui aurait acté l’alignement du PS sur les positions démocrates. Elle insiste au contraire sur la nécessité du rassemblement des différentes cultures de la gauche. C’est une bonne nouvelle pour la gauche du Parti socialiste car du coup le Congrès socialiste n’est pas fini avant même d’avoir commencé. On notera également que cette déclaration de principes accorde pour la première fois une place importante aux principes républicains. »
Deux remarques sur cet extrait :
Les représentants de Trait d’Union, Jean Luc Mélenchon et Pascale le Néouannic, entérinent le fait, comme Gérard Filoche, Emmanuelli, Benoit Hamon... que les militants seront amenés à avaler une nouvelle déclaration de principes du parti lors d’une simple convention et non d’un congrès souverain. Avec en plus une modification des statuts portant sur la représentation des courants minoritaires au sein des instances locales, fédérales et nationales : on peut observer qu’il n’est nullement question de cette affaire ni dans cette circulaire PRS, ni dans la circulaire 14 de Trait d’Union d’avril 2008. On est en train de nous garrotter, nous les militants du non à l’Europe libérale, de nous dessaisir des futures décisions de congrès et les représentants officiels de la gauche du parti, sauf Marc Dolez et Forces Militantes, tranquillement sont complices de cette violation intolérable de la démocratie.
Voici le texte de la commission Bergougnioux bâti autour de la notion démocrate d’ « économie sociale de marché », ralliement au blairisme et à la social-démocratie allemande, qui était à juste titre épinglé dans le livre de Jean Luc Mélenchon « En quête de gauche », forme actuelle de l’association capital-travail et qui donne les fruits pourris que l’on sait dans les pays concernés, considéré comme un texte d’ouverture, qui permettrait au PS de se maintenir comme parti de transformation sociale. Telle est la nouvelle ligne défendue par Jean Luc Mélenchon et Pascale le Néouannic !
Ce congrès est un marché de dupes et les Filoche, Mélenchon, Hamon, Emmanuelli se dispose pour en accepter le cadre, c’est aussi préparer de nouvelles déroutes pour la gauche et les salariés à l’image de l’Italie. Il est temps de réagir.
Jacques Cotta a raison lorsqu’il écrit :
« Ne faudrait-il pas mettre sur pied de façon publique et formelle un organisme collectif qui respecte les différences, les parcours, les engagements immédiats, mais qui décide de tout faire pour unifier les forces éparses qui dés maintenant devraient affirmer la condamnation de la transformation programmatique dans ses principes du parti socialiste et s’affirmer comme les continuateurs fidèles aux principes qui fondent le socialisme. Pour reprendre les vieilles méthodes qui n’ont pas toutes failli, un tel organisme ne devrait-il pas se doter d’un outil, Internet ou écrit, qui permette d’échanger, de réfléchir, et de regrouper ? »