La liste Modem-Verts conduite par J. Codognès, ayant refusé toute alliance avec la liste conduite par le PS, il y a donc eu une triangulaire sans le FN pour jouer le « trouble-fête ». Bové, Cohn-Bendit ont-ils cautionné le choix de Codognès ? Nous ne le saurons pas, car derrière cette situation se profile déjà les enjeux des Régionales qui imposent une certaine prudence à des leaders nationaux. Si en effet le premier tour pouvait nous ramener aux Européennes, le second tour à Perpignan nous oblige déjà à penser aux Régionales de mars prochain ! Et en Languedoc Roussillon, personne ne va s’ennuyer !
Georges Frèche, président de la région sans carte politique, a suivi le cas Perpignan comme on suit la cuisson du lait sur le feu. Le PS prétend présenter quelqu’un contre lui pour la présidence de la région, et face au cafouillage qui en résulte, la droite avance à grand pas, comme elle a avancé à Perpignan (Alduy s’est régalé à la télé pour en appeler à la révolution verte).
Les Pyrénées Orientales ne sont pas la France mais portent les tensions à leur extrême. A Saint-Cyprien, un maire UMP en prison pour malversation se suicide, son remplaçant se retrouve aussi en prison, et la commune va avoir des municipales partielles qui, plutôt que de bénéficier au PS, risquent de faire la joie du Nouveau Centre… branche de l’UMP ! Au Barcarès, le tableau est encore plus désopilant ! Bref, même dans de mauvaises conditions l’UMP brille de tous ses feux et le PS court … à sa perte en entraînant ses alliés.Jean Codognès a justifié le maintien de sa candidature « au nom de l’éthique, de l’honnêteté et de la lutte contre les systèmes ». En fait, vu la bataille du premier tour, qu’il mena surtout contre la liste PS et ses alliés pour la devancer, l’union devenait difficile. Jean Codognès est le Bayrou local mais un Bayrou aussi mal en point que sa version nationale. Jean-François Kahn croit résoudre l’équation issue des Européennes en disant : « si Modem et Europe Ecologie avaient été ensemble ça faisait 21% ». Qu’il aille donc à Perpignan étudier les résultats de son analyse qui n’est pas meilleure que celles qu’il tenait avant d’être député !
Bref les électeurs du second tour ont parlé : 53% pour la droite ; 33% pour le PS ses alliés et 13% pour Modem-Verts. La participation tourne toujours autour de 52% et pour une élection jouée à l’avance un dernier dimanche de juin ce n’est pas si mal. Le fait est là l’UMP pavoise plus que jamais ! Codognès maintient à peine son électorat du premier tour et le PS rassemble beaucoup mieux que lui. Le système politique apparaît totalement bloqué. J’en conviens je n’avais pas besoin d’aller à Perpignan pour le vérifier mais comment ne pas tenir compte du contexte social : dans un pays en crise, et de plus dans une partielle causée par une fraude du maire sortant, découvrir sa brillante réélection c’est se reposer avec plus d’urgence que jamais des questions il est vrai habituelles : comment sortir de cette profonde crise politique ? comment faire naître une alternative mobilisatrice ? comment enterrer une vie de baffes pour le peuple afin de découvrir les joies du pouvoir populaire ?
La réalité n’est pas un chemin pavé de bonnes intentions. Des tonnes d’études, de recherches, de livres, de films utiles et d’actions multiples font que la réalité n’est pas non plus une forêt vierge où il faut se tailler un sentier sauvage ; peut-être il manque le plan d’ensemble pour comprendre où conduisent les passages déjà ouverts. Nous savons que ce plan ne surgira pas d’une mirifique vue du ciel ! Alors bataillons encore et suivons nos repères.
27-0662009 Jean-Paul Damaggio