- Avec l’aval de l’impérialisme US, le sous-impérialisme ottoman turc se lance à l’offensive des Kurdes du PKK (un parti qui se réclame d’un communisme devenu « autogestionnaire ») et de sa branche armée syrienne, le YPG. La Turquie, en dépit de quelques froncements de sourcils a visiblement pour l’instant le feu vert de Poutine. Les « amis de la Syrie » se réjouissent de cette situation qui marque la déconfiture de la coalition.
- L’UE, dont les intérêts en Turquie sont très importants (notamment pour l’Allemagne) émet quelques protestations de principes et laisse faire Erdogan. Il est vrai que la France et la plupart des autres grandes puissances misent sur l’islamisme saoudien ou « frériste » (Erdogan et le Qatar sont les principaux soutiens de « Frères musulmans ») et dont l’ordre islamique doit régner.
- Le PKK, en butte à la répression menée par Erdogan, a tenté de jouer sa propre carte et, en prenant une part active très importante dans la lutte contre « l’État islamique », a tenté de marquer quelques points. Mais il se trouve maintenant face à la « sainte alliance » contre-révolutionnaire qui n’a aucune envie de voir monter la revendication d’un État kurde qui emporterait une province de l’Irak, une province syrienne, une province iranienne et une province turque, mettant à bas tout le système des États au Proche-Orient, système des États qui, nonobstant les rivalités entre les uns et autres, assure l’ordre social et la discipline idéologique.
- Dans toute cette affaire, comme dans la réalité globale mondiale, et ce en dépit des obsessions des antisionistes professionnels, Israël ne joue qu’un rôle très secondaire. Et la nette évolution à droite de l’électorat israélien a sûrement quelque chose à voir avec le sentiment de marginalisation de l’État hébreu. On agite qui le « danger sioniste », qui la « lutte contre l’antisémitisme » quand cela peut être utile, mais en vérité dans le monde des grands tout le monde s’en moque comme d’une guigne. Israël bénéficie d’ailleurs du soutien de l’Arabie Saoudite et avec le Hamas d’un côté et le Hezbollah de l’autre, le gouvernement israélien a les ennemis dont il peut rêver.
La seule boussole sérieuse est celle de la lutte des classes sociales et des intérêts de la démocratie en tant que mouvement de peuples. Aujourd’hui soutenir les Kurdes contre la Turquie, c’est soutenir la démocratie et contribuer à isoler le dictateur d’Ankara dont la situation intérieure a été sérieusement fragilisée par les dernières municipales en dépit d’une répression qui ne faiblit pas. Rappelons aussi à nos bons anti-impérialistes que la Turquie est un des piliers de l’OTAN et qu’avant de dénoncer les Kurdes ils pourraient réfléchir à deux fois à cet aspect des choses.