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Raser les ruines et faire du neuf

Par Denis Collin •  • Jeudi 09/03/2017 • 1 commentaire  • Lu 1958 fois • Version imprimable


Le programme de Hamon est, nous dit-on, très proche de celui de Mélenchon. Si c'est vrai, alors je ne voterai pas non plus pour Mélenchon. Le programme de Hamon est beau comme du Hollande version le Bourget 2012. Et le fond de l'affaire est : « attachement indéfectible à l'Union européenne et à l'euro ». Hamon au pouvoir va « négocier » avec les autres pays de l'UE pour sortir de la contrainte budgétaire. Hollande nous a déjà fait le coup. Bon, d'accord, Mélenchon ce n'est pas cela. Il veut renégocier tous les traités et nous promet un plan B le cas échéant. Mélenchon ce n'est pas Hollande mais plutôt Tsipras...

De Hamon à Macron, il n'y a pas loin: l'européisme forcené, le goût du communautarisme et de la mondialisation heureuse les rapprochent (même si Hamon critique Macron aujourd'hui, élections obligent). Mais, d’un autre côté, l'expérience Tsipras nous apprend que ceux qui veulent réformer l'UE finissent souvent par capituler en rase campagne devant les oukases de la Commission. Et je n'ai pas trop confiance en celui qui disait en 2012 que c'est du « pétainisme » (sic) que vouloir sortir de l'euro (#JLM2012).

Circonstances aggravantes pour Hamon: c'est un partisan fanatique de la réforme du collège et du modernisme version Vallaud-Belkacem. Rien que pour ça, jamais Hamon! Les discours sur l'unité et le baratin sur les masses qui ont choisi Hamon pour faire dégager Valls, non merci! Au moins Mélenchon promet d'abroger la réforme du collège et il y a quelques bonnes mesures dans son programme (encore que je me méfie des détails où le diable vient toujours se cacher).

Bref, au final, je voterai peut-être pour Mélenchon, s'il faut vraiment voter. Mais cette élection n'offre en vérité aucune perspective sérieuse, aucune issue. Nous sommes au bout d'un processus et également au bout des impasses dans lesquelles nous a enfermés une certain conception de la lutte politique qui devait passer par les canaux traditionnels, par les partis "de gauche", etc. Tout doit être remis à plat. Et quand une maison est vraiment trop en ruines, il vaut mieux passer le bulldozer et reconstruire du neuf. En s'armant de courage.

 


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Commentaires

La situation en Italie et plus largement par gilles le Dimanche 26/03/2017 à 15:48





Bonjour j'ai essayé de traduire le principal d'un article de Contrepiano :

http://contropiano.org/news/politica-news/2017/01/24/88212-088212


Extrait de la traduction :
Entretien avec Giorgio Cremaschi


Nous nous sommes battus contre la réforme Renzi, souhaitée par les banques, l'Union européenne, etc. au nom non seulement des principes abstraits des libertés, bien que nous les défendions, bien sûr, mais surtout pour affirmer un concept social, à savoir que la Contre-Réforme de la Constitution était comme toutes les lois de ces dernières années: l’abolition de l’article 18 du statut des travailleurs par le Jobs Act, la réforme du marché du Travail dite Loi Fornero du 28 juin 2012, les lois sur les privatisations, les lois de réformes territoriales, etc.

Ces contre-réformes ont une fonction sociale spécifique, à savoir la fonction de rendre encore plus flexible le travail, les droits, pour effacer les droits sociaux et de mettre l' ensemble de notre société sur le marché.

Le but de ces contre-réformes est de détruire tous les droits et toutes les résistances juridiques qu'il peut y avoir, au nom de la mondialisation et de la flexibilité. Sur notre action dans la rue, nous avons fait la campagne du « Non » au référendum, je pense que l' acquisition d' un consensus est remarquable précisément sur cette position. Je pense que le « Non » a gagné parce qu'il était un « Non » à but social, parce qu'il était un « Non »  pas seulement sur la question des pouvoirs du Sénat et du CNEL, mais c'était un « Non » au gouvernement Renzi, à sa politique et à sa politique anti-sociale. Ce fut donc un « Non » des exploités, des opprimés, des exclus. C'est ce que nous voulons continuer, parce nous voulons plus qu'évidemment la restauration des pouvoirs du Sénat; nous voulons la reconstruction des pouvoirs sociaux qui depuis 30 ans sont progressivement effacés.

Mais ici , il y a un point sur lequel nous avons souvent même dans notre monde, dans le monde syndical, dans les mouvements sociaux, les milieux de la gauche radicale, où nous avons une ambiguïté et une peur, une sorte de tabou: de comprendre où s'organise ce pouvoir global concrètement. Ce pouvoir global est certainement celui de la finance, il est celui du grand capitalisme mais il a des instruments intermédiaires pour se réaliser. Les instruments intermédiaires qui sont ici en Europe sont l'euro, l'union européenne et évidemment, sur le plan militaire, l'OTAN.

Nous sommes un peu fatigués d'une sorte de crainte d'identifier les ennemis de notre monde, les ennemis du monde syndical, les ennemis des mouvements sociaux, les ennemis des milieux de la gauche radicale. Il est plus facile de déterminer les ennemis qui sont près de nous et ceux qui font l'unanimité contre eux comme le chef du gouvernement Renzi, le gouvernement, les patrons qu'ils fassent mal leur devoir ou bien qu'ils agissent contre nous…


D'un côté, cependant, dès qu'on saute cette dimension nationale, certains milieux de la gauche désarmée intellectuellement entrent dans des représentations vagues qui ne comprennent pas où s'organise ce pouvoir global concrètement. Ce pouvoir global est certainement celui de la finance, il est celui du grand capitalisme mais ces milieux de la gauche désarmée intellectuellement ne comprennent pas que ce pouvoir global a besoin d'instruments intermédiaires pour se réaliser. Les instruments intermédiaires sont ici en Europe : l'euro, l'union européenne et évidemment, sur le plan militaire, l'OTAN. Cela a fait oui que, malheureusement, dans toute l'Europe mais pas seulement en Europe la lutte contre la globalisation libérale, la lutte contre le capitalisme global, a soit disparue des contenus politiques ou soit se concentre uniquement seulement sur ses effets. Tout ceci a créé une place énorme pour une droite réactionnaire, xénophobe. Nous avons vu Trump gagner les élections aux États-unis, pas par hasard. Une droite xénophobe et réactionnaire qui a pris la main cependant en instrumentalisant le problème social, en le déroutant vers d'autres objectifs, aussi vers quelques vrais objectifs, par exemple contre la globalisation, mais à sa manière.



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