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Réflexions sur la période que nous traversons

Campagne pour la levée de l’état d’urgence n°8

Par Bernard Germain • Actualités • Samedi 12/12/2015 • 0 commentaires  • Lu 1798 fois • Version imprimable


Nous assistons à un tir de barrage sans précédent depuis Dimanche dernier suite aux résultats du 1er tour des élections régionales. L’unique objet de cette mobilisation est de tout faire pour empêcher le FN d’obtenir une ou des présidences de région lors du second tour.
En fait, les principaux acteurs de ce pitoyable spectacle semblent ne même plus se rendre compte des incroyables extrémités auxquelles ils se laissent aller et surtout de ce qu’elles révèlent. Ce qui se passe aujourd’hui aurait été inimaginable il n’y a encore que quelques mois, semaines ou même jours.

Mettons-nous, par exemple, à la place d’un militant ou d’un électeur socialiste en région PACA. Dans cette région, le moins qu’on puisse dire est que M. Estrosi n’est pas connu pour ses positions progressistes et son amour de la «gauche». Pourtant, alors que Samedi dernier, il était le candidat «ennemi» de la gauche, … dimanche soir le PS retire son candidat et appelle à voter pour lui.

Et dès le lundi matin des militants PS tractaient pour appeler à voter pour l’ennemi d’hier.

Comment un militant ou un électeur de «gauche» juste sincère peut-il comprendre cela lui qui depuis des années s’opposait à Estrosi …? C’est juste impossible et totalement surréaliste. De plus, tout le monde sait qu’Estrosi va, s’il est élu, mettra en œuvre la politique contre laquelle «combattaient» la veille les militants et électeurs PS.

Par ailleurs, cette décision de retrait va faire disparaître le PS et la «gauche» de toute représentation pour de très longues années. Cela sème donc le désarroi et la consternation dans les rangs des militants et électeurs. Par contre, cela ne semble nullement déranger Hollande, Valls, Cambadélis …

Et c’est ainsi dans toutes les régions d’un bout à l’autre de la France. Les électeurs et militants de «gauche» sont KO debout.

Certains sont même choqués. En effet, il fallait voir la violence des interventions de Manuel Valls, passant sa journée de lundi à téléphoner à tous ceux qui refusaient cette stratégie.

Rares sont ceux qui ont résisté à ce rouleau compresseur que le PS et le Gouvernement ont mis en marche. Masseret a été l’un de ceux-là. Il n’a pas cédé dans le Grand Est. Il sera candidat. Reste que son sort est scellé … il sera exclu du PS. Elu ou pas.

Ces éléments qui sont l’actualité répétée en boucle sur toutes les ondes et chaines de télévision, jusqu’à l’abrutissement, devraient pourtant nous faire réfléchir autour de quelques thèmes.

Tout d’abord, le FN lui-même, unique prétexte à cette stratégie «suicidaire» du PS.

Le FN est-il un parti fasciste, comme le disent certains, qui constituerait à lui seul le péril absolu. Non, ce n’est pas un parti fasciste. Pour qu’il le soit il faudrait qu’il en ait la politique, qu’il soit soutenu par le grand capital et possède des bandes armées qui sèment la terreur partout dans le pays. A l’évidence ce parti ne répond nullement à ces critères. Pourtant nombreux sont ceux qui continuent à vouloir le voir ainsi. Il faut dire que cela facilite bien les choses de ceux qui ont une idée derrière la tête.

On serait même en droit de penser que cette progression du FN offre une formidable opportunité et un magnifique prétexte à Hollande – Valls de liquider le PS. Rappelons-nous les déclarations de Valls qui voulait changer le nom du PS … Il n’a jamais renoncé à cet objectif.

Donc réaliser son rêve de liquider le PS, qui plus est au prétexte «noble» de se sacrifier pour sauver la République, … quelle aubaine. Force est de constater que Valls sait très bien saisir la balle au bond …

Dès lors, on comprend aussi son acharnement à faire capituler tous les socialistes qui résistent à cette stratégie du «suicide pour sauver la République». Et le PS de disparaître de tous ces endroits.

Un autre point mérite réflexion : pourquoi cette unanimité de l’«UMPS» contre le FN ?

D’aucuns invoquent son «racisme» ou la position de tel ou tel de ses leaders sur un sujet. Et de fait, les exemples ne manquent pas. Mais l’essentiel n’est pas là.

Le cœur du problème est que le FN dénonce l’Europe de Bruxelles et l’Euro, il veut restaurer nos frontières et redonner du sens au mot Nation. Bref, il refuse ce que tous les autres grands partis acceptent.

C’est une divergence fondamentale entre eux … sans doute la plus importante. L’Europe est mue par une logique qui conduit à la destruction de tout ce qui est national, y compris le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Même leurs votes sont insupportables. Rappelons-nous 2005 …

Enfin les électeurs du FN … qui sont-ils ? S’agit-il d’une bande de crânes rasés hystériques arborant la croix gammée ? Lorsqu’un parti obtient des scores comme ceux atteints au 1er tour des régionales on ne peut plus réduire ses électeurs à une petite bande de nervis.

En fait, aujourd’hui, l’immense majorité de ses électeurs est constituée par tous les laisser pour compte de cette Europe libérale. Et ils sont de plus en plus nombreux.

Ces électeurs n’ont sans doute pas tous faits l’ENA, comme nos «élites», mais ils se rendent bien compte que les partis officiels de la Gauche et de la Droite font rigoureusement la même politique. Au service de Bruxelles.

Ils ont également bien compris que tous nos gouvernants successifs répètent inlassablement qu’il faut payer la dette dont ils sont responsables, mais que … c’est au peuple de se serrer la ceinture, de supporter toujours plus de taxes, de n’avoir aucune augmentation de salaire, de voir attaquer ses régimes de retraites ou la Sécurité Sociale, d’être précarisé ou jeté au chômage.

Et de cela, par millions, les gens «d’en bas» n’en peuvent plus et n’en veulent plus. D’autant que dans le même temps, jamais les riches n’ont été aussi riches, jamais les entreprises n’ont fait autant de profits, jamais autant de milliards n’ont été distribués aux actionnaires.

Le fossé entre riches et pauvres ne cesse de se creuser.

Etonnamment, on entend à longueur de journée des politiciens, des sociologues, des spécialistes, s’interroger sur les raisons du niveau de l’abstention.

Pourtant la raison de l’abstention est d’une simplicité biblique : tous les électeurs savent qu’il n’y a aucune différence entre un bulletin UMP ou PS mis dans l’urne. Le résultat sera le même. La même politique libérale voulue par Bruxelles sera continuée. Et leurs ennuis avec …

Alors ils ne veulent plus mettre un bulletin pour les partis qui ne font que se passer le relais pour faire perdurer cette politique à l’origine de toutes leurs difficultés dans la vie.

Mais ce qui est nouveau est qu’ils sont de plus en plus nombreux à quitter l’abstention et se mettent à voter FN parce que c’est la seule solution qu’ils trouvent pour exprimer leur rejet de ce système.

Dans un premier temps, ils ont marqué leur refus en se réfugiant dans l’abstention. Mais comme cela n’est manifestement pas suffisant pour se faire entendre de la classe politique, ils votent maintenant pour le FN qui est perçu comme le moyen d’exprimer sans ambiguïté leur colère. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter …

En effet, les exemples ne manquent pas pour les conforter dans cette direction.

Presque chaque jour des nouvelles invraisemblables tombent. Ainsi, AIR France multiplie par 5,58 ses profits trimestriels mais son DRH annonce un plan de licenciements de 2.900 personnes. Les salariés protestent et envahissent le CCE. Résultat … des licenciements et des mises au tribunal.

Chez SMART on propose aux salariés de travailler 39H payées 37, en échange de la garantie d’emploi jusqu’en 2020 … sans que la situation de l’entreprise le justifie. «c’est un accord préventif» dixit le DRH.

Il y a trois jours, SANOFI annonce des milliers de licenciements alors que pour l’année écoulée le bénéfice de cette entreprise a été de 7 milliards d’euros. On pourrait multiplier les exemples.

Qui peut comprendre de telles annonces. Surtout lorsqu’il est un précaire, un chômeur ou un jeune qui n’arrive pas à se trouver une place dans la société ? … personne.

Ce type de problèmes devrait émouvoir le gouvernement qui prétend faire de la lutte contre le chômage sa priorité absolue. Mais non, pas du tout. Valls continue comme si de rien n’était. Il aime toujours les patrons et l’entreprise comme il a eu l’occasion de le leur dire à l’Université d’été du Medef.

Et il les aime tellement et veut tellement les aider … pour lutter contre le chômage qu’il charge Robert Badinter de lui présenter un rapport sur les mesures à mettre en œuvre pour «simplifier» le Code du Travail.

Tout le monde a compris. La prochaine étape voulue par Valls, c’est la destruction pure et simple du Code du travail qui est une «contrainte» pour l’entreprise (comme disent les élites).

Le plus vieux rêve des patrons … Valls se propose de lui donner vie.

Reste que l’affaire risque d’être compliquée. Les salariés et leurs organisations ne vont pas l’entendre de cette oreille. Et grèves et manifestations vont se développer.

Manifestations ? Vous avez dit … manifestations ?

Mais c’est impossible. Nous sommes en Etat d’Urgence, voté pour 3 mois par le Parlement à la demande du Président de la République, que l’on parle de prolonger pour une durée au moins égale.

C’est bien utile cet Etat d’Urgence. Plus exactement, on comprend mieux la finalité de la chose.

En apparence, c’est pour lutter contre les terroristes. Qui pourrait s’opposer à la lutte contre les terroristes, responsables des épouvantables massacres du 13 novembre à Paris et dans de multiples autres lieux ?

Sauf qu’on reste perplexe quand on constate que Hollande – Valls continuent à entretenir les meilleures relations avec les parrains de l’Etat Islamique, à savoir l’Arabie Saoudite et le Qatar. On reste également perplexe quand on constate que la France continue à avoir de bonnes relations avec la Turquie, principal pays permettant au pétrole de l’Etat Islamique d’être vendu à l’étranger.

Donc nos gouvernants ne veulent pas mettre au ban des nations et de la communauté internationale, les pays qui soutiennent et financent l’Etat Islamique, mais dans le même temps ils prétendent tout faire contre le terrorisme.

Le 28 Novembre, à Dreux, une manifestation d’Hospitaliers qui se battaient pour la défense de leurs emplois, de leurs services, de leur hôpital a été … interdite par la Préfet, dans le cadre de l’Etat d’Urgence.

Marc Trevidic, juge anti-terroriste pendant 10 ans, qui connait parfaitement le sujet, a déclaré que toutes les lois anti-terroriste votées ces dernières années donnaient absolument les moyens aux services de l’Etat de combattre le terrorisme. Conclusion … l’Etat d’Urgence instauré pour des mois ne se justifiait nullement. Encore moins s’il devait être reconduit.

Donc, sa seule véritable fonction c’est de profiter du contexte pour faire taire la contestation sociale en interdisant notamment les manifestations.

Oui, Hollande – Valls savent parfaitement bien saisir la balle au bond … sur ce sujet aussi.

Dès lors il n’est pas déraisonnable d’imaginer que des militants et responsables syndicaux soient arrêtés et emprisonnés arbitrairement au nom de cet Etat d’Urgence. Les fondements de notre société démocratiques sont de ce fait gravement en danger.

Hollande – Valls sont en train de cadenasser toute la société, pour la caporaliser. Pendant ce temps, ils font tranquillement avancer leurs dossiers qui sont autant d’attaques et de remises en causes des droits et acquis des salariés, comme le prouve leurs sombres intentions vis-à-vis du Code du Travail.

La seule solution … la mobilisation contre l’état d’urgence et pour sa levée immédiate, notamment en signant la pétition en ligne https://www.change.org/p/gouvernement-fran%C3%A7ais-et-parlement-pour-la-lev%C3%A9e-de-l-%C3%A9tat-d-urgence?utm_source=guides&utm_medium=email&utm_campaign=petition_created

La mobilisation contre toutes les attaques anti sociales présentes et à venir.


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