Pourtant, l’avancement des diverses contre-réformes ne nécessite-t-il pas une riposte immédiate de tous les vrais républicains ? (un désaveu électoral massif sur un minimum de bases communes). Et les élections régionales ne constituent-elles pas le scrutin approprié pour rejeter une réforme des collectivités territoriales qui remet en cause l’architecture institutionnelle de notre république ?
Qu’y-a-t-il derrière cette impotence de la dite « opposition » ? Deux choses : d’une part les ambitions présidentielles des uns et des autres et d’autre part l’Europe.
Concernant les ambitions présidentielles, tout le monde voit bien que dans le débat sur les alliances, les protagonistes se tiennent tous par la barbichette pour savoir qui se présentera en 2012 et qui soutiendra en échange de !?... Le devenir de chacun pour 2012 dépend du positionnement aux régionales et du résultat qu’on peut en espérer. L’ambition des uns et des autres n’est pas de se donner les moyens de mettre un coup d’arrêt à la politique actuelle mais de sortir en position de force électorale pour se placer au mieux sur orbite présidentielle ou au moins sur orbite ministérielle. Cela donne à entendre dans les médias de pitoyables débats parce que reposant sur les non-dits suivants :
Au PS, les présidentiables se refusent à choisir une ligne claire à ces régionales entre rassemblement républicain et « barre à gauche » car ils pensent pouvoir sauver leurs positions par de discrètes alliances d’appareil avec le MoDem tout en ménageant l’électorat puriste de gauche indispensable dans le parti pour gagner les primaires et hors parti pour gagner la présidentielle.
Le schéma est proche chez les écologistes qui, depuis les européennes, se voient les plus hautes destinées. Dans cette perspective, ils comptent sur les régionales pour se propulser comme force politique de gouvernement en arrachant des bastions territoriaux au PS (ni plus ni moins que par le chantage électoral de deuxième tour), ce qui implique, là aussi, un positionnement de gauche traditionnel cultivé dans leurs unités de base. Parallèlement, leur toute aussi traditionnelle ambivalence gauche-droite leur permet de flirter au sommet avec le MoDem en espérant rafler la mise électorale bobo-centre-droit.
Chez le Front de gauche la situation est encore plus complexe entre un PC qui doit coûte que coûte finir par s’allier avec le PS pour enrayer ses pertes de circonscriptions et un PG dont l’ambition avouée (mais pas formulée tel quel) est d’occuper en France la place tenue par son partenaire pendant des décennies avec l’ambition inavouée (encore que… et c’est parfaitement leur droit) de faire de Jean-Luc Mélenchon un présidentiable de premier plan. D’un point de vue purement politicien, la situation est plus confortable pour Jean-Luc Mélenchon et ses amis qui n’ont qu’à labourer le sillon à-gauche-toute dont ils ont fait leur instrument de conquête (en quoi ils se trompent). Plus incertaine est la stratégie de Marie-George Buffet coincée entre sa base de gauche et ses élus prêts à toutes les tractations pour conserver leur mandat. Dans l’immédiat, la ligne officielle du PC est l’autonomie au premier tour vis-à-vis du PS et, qui plus est, du MoDem. Mais pourra-t-il la faire respecter par tous ses élus ? Et, sinon, comment s’arrangera-t-il avec son partenaire le PG ? L’explosion finale du PC et la récupération de ses troupes par le PG semble devenir un scénario réaliste. . .
Pour incertaine qu’elle soit, la situation du MoDem est la moins trouble. Tout le monde sait qu’elle repose entièrement sur la destinée de François Bayrou dont le leadership n’est remis en cause qu’à la marge. Ici, la stratégie risquée est celle du pari sur « le troisième homme » de 2007 supposé rassembler déçus de droite et déçus de gauche. Ces voix fluctuantes sont l’objet d’intenses marchandages sur le terrain et d’une cour médiatisée de Marielle de Sarnez s’adressant plus à l’électorat qu’aux dirigeants écologistes et de gauche. A elle de labourer le terrain pour ponctionner un maximum de voix aux régionales, à François Bayrou de renforcer son image d’unificateur républicain au-dessus des partis. Mais les derniers choix de la direction du PS ne peuvent plus faire espérer au MoDem que des voix de deuxième tour.
Au-delà de toutes ces arrière-pensées électorales, le plus gros problème pour le MoDem comme pour les autres partis c’est l’Europe. Tous sont partisans à des degrés divers de cette Union Européenne dont la dernière farce (la présidence du conseil) a encore fait la preuve de son caractère antidémocratique et intrinsèquement libéral. Tout comme Nicolas Sarkozy, leur attitude vis-à-vis de l’Europe ne consiste qu’à en discuter les rouages institutionnels, jamais ses fondements politiques hérités des « pères fondateurs » et du traité de Rome. A les entendre, le primat législatif européen dans tous les domaines serait passé dans les mœurs : le social se doit d’être défendu au niveau européen, ainsi que les libertés individuelles, l’environnement,… il n’y a de solution à tout qu’au niveau européen. La souveraineté du peuple français est passée par pertes et profits, l’Etat-nation semble ne plus être pour eux tous que cette « merde » exécrée par le triste Tony Negri.
Alors, se pose une question : comment s’opposer à la politique de Nicolas Sarkozy en s’accrochant aux ambitions individuelles et en s’inscrivant dans le système européen qui lui dicte entièrement sa politique, à commencer par la décentralisation qu’il ne fait que poursuivre, contrairement à ce que disent plusieurs dirigeants de gauche (entretenant le mensonge d’une décentralisation émancipatrice) ?
Les différents partis d’opposition ont chacun leur spécificité et ne manquent pas de divergences. Quoi de plus normal dans une démocratie ? Et quoi de plus normal dans une démocratie en danger que de rechercher les convergences essentielles, quitte à en rabattre un peu non seulement sur quelques ambitions individuelles mais aussi sur de supposées certitudes politiques n’étant souvent que l’expression du suivisme opportuniste (en l’occurrence l’européisme politiquement correct)?
La défense urgente de notre nation républicaine ne mérite-t-elle pas cet effort d’union au-delà des personnes et des mots aussi rassurants que dévoyés (gauche, droite, Europe, etc…) ?
Pierre Delvaux - le 4 décembre 2009
Bonsoir,
Vous avez écrit impotence deux choses ambitions personnelles et Europe, oui, mais aussi le dogme d'une certaine gauche radicale qui ne ressent pas encore l'évolution des mentalités politiques des Français. Avoir un idéal il n'y a rien de plus beau surtout si c'est celui de la fraternité et du partage du socialisme dans une république qui serait libérée de cette lutte des classes qui n'a plus de raison d'être. Mais est-ce possible, non, si l'on se réfère aux 35 heures qui représentaient un progrès social, une sorte de fraternité dans le travail, mais qui demandaient à certains des sacrifices salariaux ce qu'ils ne pouvaient admettre. Travailler moins, mais avec le même salaire releve de l'utopie dans un monde capitaliste ou l'emploi est donné par les patrons. Ce qui c'est passé est que les salaires ont été bloqués bien que les employeurs bénéficiaient de subventions gouvernementales s'ils réduisaient leur temps de travail et embauchaient. Qui à défendu ces 35 heures ? Personne ou peu et même, ceux qui en étaient les bénéficiaires les ont rejetées, les ont matraquées allant de concert avec le patronat qui ne cessait de mentir ne reconnaissant pas les avantages qu'ils en tiraient. Cet exemple montre qu'un idéal socialiste n'existe plus, et que celui du profit prime sur tout le reste, le chacun pour soi.
Sarkozy l'a bien compris avec ses heures supplémentaires défiscalisées qui d'ailleurs comportent des surprises puisque intégrées au revenu fiscal servant de base pour certaines subventions. Il divise pour régner, il n'a pas besoin pour être réélu avec une grande marge d'adhésion à sa politique seulement quelques pourcent de voix, c'est donc de la politique réfléchie, dénuée de scupule pourvu qu'elle permette de dépasser la barre de 50 % des suffrages exprimés lors de la prochaine élection présidentielle. On voit dans cet exemple l'impossibilité d'une entente tant les uns veulent le tout à gauche ce qui pourrait être une évolution, mais c'est une irresponsabilité envers ceux qui espèrent et qui y croient qu'elle peut, cette gauche, gouverner dans le monde que nous avons construit. C'est oublier que les hommes sont égoïstes et qu'ils pensent surtout à eux. Le socialisme tel que certains l'espère est fini s'il ne s'ouvre pas aux autres qui ont également leur mot à dire. Le métallo qui vendait à la sortie des usines force ouvrière n'éxiste plus, il n'y a presque plus d'usine et même de métallos. La cybernétique est passée et tout est devenu machine avec le lot de largés pour ceux qui ne pouvaient suivre l'évolution des techniques.
Dans ce contexte il devrait être possible qu'une sociale démocratie puisse émerger rassemblant les forces de gauche si les partis se relevant d'une gauche radicale feraient le sacrifice de leur dogme. Alors que voit-on les éternelles divisions qui feront de malheur de cette gauche et le bonheur de la droite comme toujours.
Il faut comprendre que seule la sagesse d'un comportement politique responsable peut permettre de vaincre cette droite qui elle sera unie n'en doutons pas. Quand on assiste aux grèves qui handicapent ceux qui se rendent à leur travail, ce sont des opposants potentiels à cette gauche. Quant on voit les grèves des services d'urgence dans les hôpitaux pour cause de réduction de personnel, on ne peut qu'être d'accord mais quand les patients restent des heures dans un couloir dans le froid et sans couverture puisque supprimées, ne ne sont pas des votants potentiels à gauche.
Dans la situation de notre pays toute contestation matérielle de fait à la politique gouvernementale se retoune contre les auteurs, c'est ce qui c'est passée pour les révoltes des banlieues qui ont permit à cette droite sous le prétexte de la sécurité et de la "racaiile" d'emporter l'élection présidentielle
Dans un régime démocratique comme le notre il faut subir, encaisser, mais surtout ne pas se révolter, mais préparer ses forces par l'union pour l'emporter la prochaine fois.
Les partis de gauche ne l'ont pas encore compris, et comme vous l'écrivez les ambitions personnelles ruinent l'espoir de victoire d'une sociale démocratie si elle ne se trouve pas unie au premier tour.