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Régions et nation en décembre 2015

Par Jean-Paul Damaggio • Actualités • Mardi 10/11/2015 • 0 commentaires  • Lu 1661 fois • Version imprimable


Il est cent fois reproché à François Hollande les promesses non tenues et beaucoup moins les réalisations faites… sans promesses.

La réforme régionale est apparue dans le cadre d'une réforme territoriale aux multiples rebondissements puisqu'elle était partie sur la base de la disparition des départements qui à l'arrivée sont maintenus.

Le PS aura été en pointe depuis 1981 sur cette question qui n'est en rien une décentralisation, mais une féodalisation.

Face à l'organisation communes-départements-nation, des élites cherchent depuis des lustres à imposer l'organisation : communautés de communes-régions-europe.

L'évolution d'un modèle vieux de deux cents ans était inévitable mais elle s'est faite en dehors du politique alors qu'il s'agit de la première des questions politiques !

Pourquoi en dehors du politique ?

Car l'objectif a été de déposséder les citoyens du maigre pouvoir qu'ils avaient dans ma société et cet objectif ne pouvait pas être affiché ouvertement.

En face, aucun projet solide n'a été présenté pour inventer la démocratie des temps actuels, le politique se réduisant alors à la défense du statuquo.

 

La mise en avant de féodaux a eu pour but d'affaiblir l'Etat pris ainsi en tenailles entre les directives européennes et les féodaux en question.

Or les féodaux ne pouvaient être en mesure d'affronter cet affaiblissement de l'Etat voulu par les empires industriels. On leur donna des moyens d'accéder directs aux subventions européennes mais cette hirondelle ne pouvait faire le printemps alors que les citoyens n'avaient comme solution que de regarder passer le train d'une démocratie sans gare pouvant la faire vivre.

Dans ce contexte que dire des Régionales de 2015 à présent que les listes sont connues ?

J'ai cru longtemps qu'en France aussi nous tomberions dans le bipartisme cher au système politique des USA. En particulier après 2002 quand la droite s'est unie dans l'UMP et que la Gauche plurielle qui venait de gouverner n'avait que ce moyen pour réagir. Non qu'une refondation du PS à la sauce Epinay ait pu faire surgir une alternative quand il n'était plus question depuis longtemps que d'alternance.

En réalité le PCF ayant vu surgir un puissant courant d'extrême-gauche ne pouvait pas tirer comme leçon d l'expérience gouvernementale une insertion encore plus grande dans le projet du PS. Par ailleurs les écologistes n'étaient pas en meilleur posture. Epinay n'a pu exister qu'avec l'espoir enfin de battre la droite.

De toute façon, sauf aux USA, le politique s'est mis partout à la mode des miettes. Des pays européens champions en bipartisme comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne virent surgir d'autres partis. L'Espagne nouvelle, après la domination de l'alternance PSOE et Droite a vu aussi naître une multitude de partis renforcée par l'émiettement du territoire.

Que vont révéler les élections des futurs féodaux de décembre ?

Que l'émiettement politique n'est pas incompatible avec ce statut de féodal !

Avec une moyenne supérieure à dix listes par région nous revenons à la case 1992 quand le PS se sachant perdu contribua à la naissance de partis fantômes (comme Génération écologie) sauf que le phénomène sort du cadre "accident politicien" pour tomber dans "l'effet structurel".

Un parti cependant reste à l'écart du phénomène : il n'a jamais eu à se soucier des fusions de second tour, il n'a jamais eu à se soucier des stratégies à géométrie variable suivant les régions, il est national de par son nom : le Front national.

Pour moi les élections régionales sont un bon thermomètre pour prendre la température politique du pays.

D'abord le PS crée un mode de scrutin à la proportionnelle départementale qui va durer pendant trois élections : 1986-1992-1998.

Puis suite aux élections de 1998 le FN ayant réussi à perturber des élections de présidents de région, le PS met en place un nouveau mode de scrutin copié de celui des municipales et en effet en 2004 le FN est très largement éliminé du second tour et donc d'une présence dans les institutions.

Aujourd'hui avec des Régions plus grandes et l'émiettement du politique, comme aux précédentes élections départementales, on annonce la possible victoire du FN dans deux régions pourtant totalement différentes. Le FN serait-il devenu la dernière preuve de l'existence du politique en France ?

Face au Front national est né le Front de gauche. La stratégie du PCF visant d'abord à éliminer l'extrême-gauche, la bataille autour du référendum de 2005, la décision de Mélenchon de quitter le PS devait donner lieu à un autre front capable de faire sens pour proposer une alternative. Né avec les Européennes de 2009, aux Européenne de 2014 Mélenchon en a tiré un constat d'échec. Il voudrait à ce Front de gauche lui substituer un Mouvement pur la Sixième république dont il serait la figure majeure en 2017. Or dans ces Régionales on assiste pour le Front de Gauche a six cas différents : le Front de gauche seul, le Front de Gauche uni avec EELV, le Front de Gauche divisé avec un parti allant vers EELV et l'autre non, ou deux partis allant vers EELV.

EELV qui n'est donc pas dans une configuration identique mais ce parti a toujours été à géométrie variable.

Et le fait que, comme en 1992, des partis écolos nouveaux ait été impulsés par le PS n'est pas pour simplifier le tableau !

Car TOUS les députés EELV ne l'ont été que parce qu'au premier tour le PS leur avait laissé une place donc certains déjà, ont les yeux fixés sur 2017 d'autant que les places s'annoncent comme chères !

Sauf que, et c'est ma conclusion, miettes ou pas, les féodaux seront des féodaux à qui le mode de scrutin assure par avance un pouvoir stable. Je suis dans une région où on dit le PS sûr de gagner… avec peut-être moins de 20% au premier tour ! Et qu'est-ce qui est important, moins de 20%, ou gagner ? Or quand on sait que 50% vont s'abstenir le 20% n'est que 10% de l'électorat !

Jean-Paul Damaggio


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