à quelques heures du premier tour des législatives, l’AFP confirme ce que tout le monde savait – ce que savaient notamment les ouvriers mis en chômage technique, les petits patrons, les commerçants : la situation économique n’est pas bonne. La France pourrait rentrer en récession (2 trimestres consécutifs de contraction du PIB), ce qui n’arrange pas du tout les affaires de Hollande et de son gouvernement dont les pourtant bien maigres réformes se trouveraient compromises. La récession signifie diminution des recettes fiscales et pour tenir les objectifs dictés par l’européisme dominant, ramener la France à un déficit budgétaire de 4,5 % du PIB, il faudra un tour de vis, c’est-à-dire une politique d’austérité que précisément François Hollande reprochait à Sarkozy et à Merkel.
Un exemple frappant de cette contradiction. Le ministre de l’Éducation Nationale a annoncé aux syndicats la fin de la RGPP (le non remplacement d’un professeur partant à la retraite sur deux), mais il est dans l’incapacité d’annuler les suppressions de postes qui grèvent la rentrée 2012. Tragi-comique : l’affaire de la mastérisation. Le Conseil d’État vient d’annuler, pour vice de forme, les décrets Chatel instituant la mastérisation, autrement dit la fin de la formation professionnelle des professeurs stagiaires qui étaient placés à plein temps devant les classes dès leur première année. Nous sommes donc ramenés à la situation de 2006 : on ne peut exiger d’un professeur en « stage en situation » que 8 heures maximum par semaine. Résultat : il faudrait recruter 4000 professeurs supplémentaires à la rentrée de septembre. Mais le budget l’interdit. Donc Peillon s’apprête à signer à nouveau et en son nom les décrets Chatel qu’il condamnait !
La discipline budgétaire de Sarkozy-Merkel continue donc de s’appliquer, même si elle a été désavouée par le peuple français. La gouvernance financière globale dont l’impérialisme allemand est un chaud défenseur se révèle une nouvelle fois comme un véritable coup d’État permanent et une destruction programmée de la démocratie.
Les socialistes sont donc à la croisée des chemins. Soit ils se « merkélisent » et la dynamique du quinquennat est déjà inscrite : déconfitures à répétition et au coin du bois, Mme Le Pen qui attend son heure. Soit ils résistent – on peut toujours rêver – et alors ils doivent ouvrir la crise avec l’Allemagne et accessoirement la Grande-Bretagne. Au risque de faire exploser l’UE.
Si la deuxième branche de l’alternative apparaît bien improbable quand on connaît l’orientation, la psychologie et les convictions profondes de ces gens qui se nomment encore « socialistes », on se demande bien pourquoi, elle reste praticable.
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La politique suivie par l’Allemagne (austérité et bas salaires) profite à l’Allemagne, mais tant que ses voisins peuvent lui acheter ses excédents commerciaux. Penser que le monde entier doit mener une politique d’excédent commerciaux est une absurdité qu’un enfant de cinq ans peut comprendre. Les principaux conseillers de Mme Merkel l’ont d’ailleurs mise en garde contre son entêtement austéritaire. Un journal peut suspect de « socialisme » comme « The Economist » fait sa « une » sur un cargo nommé « World Economy » qui est en train de couler et alors que le bateau va droit vers le fond, quelqu’un demande : « S’il vous plaît, Mme Merkel, pouvons-nous démarrer les moteurs maintenant ? »
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La politique dictée par la « troïka », après avoir saccagé la Grèce, menace à son tour l’Espagne. Nul doute qu’une résistance française recevrait le soutien des peuples d’Europe.
Il faut donc dénoncer le MES imposé par Sarkozy et envoyer l’Allemagne au diable. Elle aurait d’ailleurs tellement à perdre à un éclatement de la zone euro qu’elle y regarderait à deux fois avant de s’entêter encore et encore. Bien que le nationalisme obtus et les vieux démons aient repris quelque couleur outre-Rhin, nous ne craignons pas l’envoi des « Panzer » !
Il faut ensuite mettre fin immédiatement à la politique de sauvetage des banques. On pourrait nationaliser à bas coût (9 à 10 milliards) l’ensemble du système bancaire français et répudier les dettes spéculatives. Euthanasie du rentier ! Voilà la seule légalisation de l’euthanasie qui mérite qu’on s’y intéresse. Des banques nationalisées protégeraient les dépôts des particuliers, pourraient relancer l’économie par des prêts à bas coûts, ce qui contribuerait grandement à mettre fin au marasme.
Il ne suffit pas de faire le procès du lampiste Kerviel. Tous ceux qui se sont goinfrés de bonus et retraites coups de chapeau en laissant leurs entreprises dans le rouge devraient être poursuivis pour abus de biens sociaux et tenus responsables sur leurs biens propres des fautes qu’ils ont commises en tant que dirigeants. On voit mal comment ceux qui nous chantent la chanson des écrasantes responsabilités des patrons pour justifier leurs salaires extravagants pourraient s’opposer à ce qu’on les tienne pour vraiment responsable.
Ensuite, il faut s’engager résolument dans la promotion d’une production non capitaliste, appuyée sur le réseau des coopératives et des mutuelles qui, n’étant pas cotées en Bourse se sont pas soumises à la pression directe des « marchés financiers ».
Bref, il faut, comme cela était le mot d’ordre en 1981, juste avant une retraite en rase campagne dictée déjà l’époque par l’atlantisme et l’européisme invétéré de Mitterrand, il faut rompre avec le capitalisme.
Il est absurde que la politique soit toujours à la traine de l'économie. L'inverse doit se produire la politique doit dicter à l'économie. En finir avec le capitalisme serait une bonne chose.