Or, loin d’analyser lucidement les raisons de cette situation, le leader du PG a décidé de continuer en faisant de la lutte anti-Le Pen son combat central. Se parachutant à Hénin-Beaumont, il se préparait à terrasser le dragon fasciste. Las ! Alors que les premiers sondages lui prédisaient la victoire au second tour, Mélenchon est éliminé et doit se désister en faveur d’un candidat socialiste dont il a dit pis que pendre. Il n’en va guère mieux ailleurs, puisque le PCF perd une partie importante de son maigre groupe parlementaire (il n’y aura plus de député PCF en Val-de-Marne) ; quant au PG, seul Marc Dolez, qui avait d’ailleurs fait état de ses doutes sur la stratégie du leader du PG à Hénin-Beaumont, semble en mesure de conserver son siège. C’est maintenant la stratégie du Front de Gauche qui est mortellement atteinte et l’avenir du PG est devenu très incertain.
Il est nécessaire d’analyser jusqu’au bout les raisons de cette déconfiture politique quelques semaines après que les rassemblements de masse aient fait naître l’espoir d’une alternative à gauche. Les raisons sont à chercher dans l’évolution sociale et politique du pays, dans la désintégration de la classe ouvrière sous les coups de la restructuration mondiale du mode de production capitaliste. Elles sont aussi à rechercher dans l’évolution de la gauche dans son ensemble, une évolution très ancienne dans nous avions déjà dégagé les lignes de force dans L’illusion plurielle en 2001[1]. Mais c’est aussi la stratégie même du PG depuis sa fondation et la croyance aveugle dans la puissance d’une rhétorique révolutionnaire surtout apte à éveiller la nostalgie qui doivent être interrogées. Donnons seulement quelques axes suivant lesquels cette interrogation pourrait être conduite.
1) L’ « antilepénisme » ou « l’antifascisme » peut-il tenir lieu de stratégie politique ? La LCR avait cru pouvoir le faire avec « Ras l’Front »…
2) La dénonciation des turpitudes (hélas, bien réelles !) du PS peut-elle suffire à détourner le peuple de ce qu’il perçoit comme un vote « modéré », comme le seul réaliste dans les conditions présentes ?
3) Est-il possible de reconstruire un mouvement émancipateur stable et durable sans une rupture radicale avec les diverses formes du gauchisme et du stalinisme ? Peut-on prétendre construire un « mouvement citoyen » en prenant pour modèle ce militaire autoproclamé « socialiste » qu’est Chavez ? Peut-on laisser passer des discours pour le moins ambigus à l’égard de Cuba ou des « camarades chinois » ?
4) Est-il bien utile de reprendre les chevaux de bataille « sociétaux » du PS (mariage homosexuel, euthanasie, etc.) qui n’ont aucune espèce d’importance politique et heurtent souvent de front une partie des classes populaires ?
5) Peut-on véritablement rénover la démocratie et susciter la participation des citoyens en maintenant des structures de parti pyramidales, entièrement vouées à la gloire du chef, transformé en vedette des meetings de masse ?
6) Peut-on enfin se contenter d’annoncer la catastrophe pour demain et proclamer que « l’histoire nous donnera raison » ? N’est-il pas temps d’en finir avec ce messianisme auquel plus personne ne croit ?
Front de Gauche: La défaite a dépassé toutes les espérances - Le blog de descart : " Collin, Philosophe, et ancien mentor "idéologique" de JLM au temps de la Nouvelle Ecole Socialiste (1988-1991) et qui avait était l'une des sources d'inspiration pour le premier bouquin de JLM "A la conquête du chaos" vient de publier un constat et une analyse qui par beaucoup d'aspect se rapproche un peu de la vôtre. Peut-être l'avez-vous déjà lue ? http://la-sociale.viabloga.com/news/tirer-les-lecons-d-henin-beaumont Commentaire n°8 posté par Sonia Bastille hier à 22h22 Comme lors de la présidentielle, JLM s'est égaré"