Neuf suicides ou tentatives de suicides s’y sont ainsi déroulées depuis fin 2015.
Le 26 novembre parait sur le Parisien la carte de France des hôpitaux harceleurs à l’initiative de l’association créée après le supplice du professeur Jean-Louis MEGNIEN.Sept dossiers de harcèlement moral sont dénombrés ,à Toulouse triste record , plaçant la ville dite rose devant Marseille et Lyon.
Le pire étant l’ennemi du mal , l’union entre médecins et autres professionnels hospitaliers était inévitable superbement soutenue par des syndicats fidèles à leur mission et encouragée par les médias apparaissant désormais comme les meilleurs des alliés.
C’est un directeur du CHU qui a alerté en juin les cégétistes de l’hôpital Rangueil tant le sort réservé à un infirmier de cardiologie dévoué à sa tâche , totalement reconnu par ses pairs et la hiérarchie dans un prestigieux service de chirurgie cardio-vasculaire était atroce.L’insoutenable fin de fonctions dans un bureau exigu a consisté en l’ injection léthale de médicaments censés initialement permettre l‘anesthésie.
En ce même mois de juin un infirmier des urgences de Purpan, une aide-soignante de la consultation de l’hôpital des Enfants et une auxiliaire de puériculture vont également mettre fin à leurs jours dans leur voiture ou à leur domicile.
Face à ces tragédies et l’onde de choc inévitable déclenchée chez les soignants et les proches deux expertises sont diligentées
L’une interne à l’initiative de l’administration reposant sur des entretiens d’une vingtaine de minutes , l’autre par un cabinet extérieur , le cabinet ADDHOC Conseil qui va interroger une heure 30 les salariés du CHU et remettre ses conclusions en novembre trois mois après celles de la première.
Un médecin du travail de l’hôpital démissionne alors que même les médecins épuisés rejoignent les locaux dédiés à la protection de la santé mentale et physique des soignants qui accueillaient déjà au début des années 2000 des soignants délibérément déboussolés.
La médiatisation de ces drames est à la mesure de leur violence tant au niveau local qu’au niveau national.
Le 8 novembre la vague blanche de milliers de soignants déferle dans les rues de la ville dite rose, du quartier Saint-Cyprien avec son hôpital Joseph Ducuing jusqu’à l’Hôtel Dieu.Cet Hôtel Dieu filmé en mars 2015 par le journaliste écrivain et réalisateur si fidèle défenseur du service public hospitalier dans la France aux millions de travailleurs pauvres.La Garonne avait en ce lundi matin des reflets d’encre et d’améthyste en totale harmonie avec la dénonciation de la criminologie à l’oeuvre au sein de l’hôpital-entreprise.L’avenir n’a malheureusement que trop confirmé l’alerte du docteur Jacques GIRON redoutant une vague de suicides.Et le tank officiel de l’administration interrogé par Jacques COTTA reste sans voix face à un interlocuteur dont je crains qu’il n’ait pas bien évalué l’envergure …
.Une telle expression de saine révolte ne s’est jamais déroulée depuis 30 ans ans :derrière le drakkar symbolique soignants de l’hôpital, des cliniques , des EHPADS défilent ensemble.Elle est à la mesure de la prise de conscience qui succède à l’insoutenable inertie , double et terrible violence pour les premières cibles des restructurations hospitalières
Impossible désormais de nier leur déferlante , la multiplication des articles dénonçant l’inadmissible management hospitalier par la peur et le stress au nom d’une rentabilité forcenée gangrénant l’hôpital public français depuis 2000.La série noire de suicides est principalement révélée par la presse locale et nationale .Comment nier cette carte de France des hôpitaux harceleurs alors que 200 premiers dossiers de tortures de médecins ont été colligés par l’association Jean-Louis MEGNIEN aux prestigieux fondateurs hospitaliers parisiens ?Alors que le harcèlement moral au sein des hôpitaux est reconnu au sein même du Ministère de la Santé depuis que les membres de cette association y ont été reçus et y ont révélé cent cas dont certains sont particulièrement dramatiques ?
Le déni administratif n’est de toute évidence plus de mise alors que la vérité éclate dans la population.De nombreux citoyens sont encore profondément reconnaissants à leurs soignants , louent leurs compétences, leur dévouement, leur aide inestimable lorsqu’ils sont confrontés à la souffrance, à la mort , au cœur même de leur condition humaine.Comment dès lors tolérer qu’ils soient à ce point humiliés, maltraités et achevés ?
Alors que l’administration hospitalière toulousaine se protège par la prétendue dimension plurifactorielle des suicides,répond par le recours aux psychologues du travail intra-et extra-muros , la remise en cause des conclusions de l’expertise indépendante et le déménagement des locaux où est décédé l’infirmier fidèle à sa mission jusqu’au bout d’où peut naitre l’espérance ?
Peut-être des jeunes générations de soignants si tant est qu’ils soient honnêtement informés de la face cachée de la structure hospitalière et encouragés à réfléchir à la marchandisation de la santé , aux enjeux humains de la folle assimilation de l’hôpital à une entreprise.La superbe histoire de l’hôpital public si bien symbolisée par celui de Toulouse dédié dans le passé aux gueux et aux filles de joie mérite largement quelques heures de cours …Et dans une société où les inégalités se creusent de plus en plus violemment des sessions de sociologie pourraient être bénéfiques , reliant la médecine aux autres sciences humaines sources de progrès.. L’histoire de notre pays recèle tant de sources d’énergie …Les vaillants soldats de la Grande Guerre se surpassaient lorsqu’un des leurs était tué tant il est indéniable que le courage vient du cœur selon l’étymologie qui nous était enseignée dans les classes de nos lycées républicains …
Un autre hôpital est possible , où revivraient respect de l’être humain dans les services et les bureaux au prix d’un dialogue restauré. Ce terrible hiatus entre un niveau de compétences et d’enseignement tant admiré dans notre pays et ailleurs et l’absurdité d’un management rongeant pareillement l’industrie automobile est trop monstrueux pour perdurer.Comment d’ailleurs ne pas effectuer de rapprochement entre la vague de suicides honte de notre CHU et celle survenue chez Peugeot à Mulhouse en 2007 ?Comment aurais-je pu le prévoir lorsque ‘ai appelé Vincent DUSE l’ouvrier si fidèle à la mémoire de ses compagnons de travail quotidien ?
Et il est évident qu’en cette période politique particulière l’hôpital public va constituer un enjeu majeur qu’aucun candidat au pouvoir suprême ne gagnera à occulter.Trahir le passé d’un pays qui a su construire au milieu des ruines le plus solidaire des systèmes serait trop risqué …