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Trotskysmes en France

vus par la revue "Dissidences"

Par Denis Collin • Bibliothèque • Samedi 26/12/2009 • 3 commentaires  • Lu 2612 fois • Version imprimable


Le volume 6 (avril 2009) de la revue Dissidencesqui a pris la suite du Bulletin de liaison des études sur les mouvements révolutionnaires (BLEMR), lancé en décembre 1998 – est consacré aux trotskysmes en France. Faire de l’extrême gauche un objet d’études sérieux et légitime, susceptible d’un travail scientifique (au carrefour des sciences humaines, sociologie, histoire, science politique), telle est l’ambition de cette revue et du groupe de chercheurs qui la font vivre.

Sur le trotskysme, nous disposons d’un nombre non négligeable de récits et de mémoires rédigés par anciens ou encore membres des divers mouvements trotskystes. Nous avons aussi des ouvrages journalistiques plus ou moins fiables, plus ou moins sérieux, sans parler des pamphlets dans lesquelles la haine l’emporte sur toute autre considération. Avec ce volume de Dissidences, nous avons des travaux universitaires, souvent appuyés sur des mémoires de maîtrise, du temps où l’université n’était pas au régime LMD, des mémoires de DEA ou des thèses de doctorat soutenues ou en cours. Une approche distanciée donc donne un portrait intéressant de la galaxie trotskyste en France et tente de faire du trotskysme autre chose qu’une étrange « passion française », pour reprendre l’expression de Marc Lazar. À la différence des médias qui s’occupent surtout du trotskysme médiatique, LO du temps d’Arlette Laguiller, LCR/NPA de Besancenot, la revue consacre plusieurs études sérieuses et non polémiques au courant « PCI majoritaire » qui va donner l’OCI puis le CCI/POI d’aujourd’hui – signalons particulièrement l’étude de Jean Hentzgen, « 1958 : le tournant lambertiste » qui éclaire un moment décisif de la constitution de ce courant. Sur LO et la LCR, on trouvera d’intéressantes études sur les différences de travail militant et de style de vie qui semblent finalement plus importantes que les divergences politiques pour expliquer la division persistante entre ces deux courants, en dépit de récurrentes tentatives de rapprochement. Sont inclus également une étude sur l’évolution du groupe Socialisme ou Barbarie et un panorama des groupes issus de la « nébuleuse trotskyste », de « pullulement de micro-organisations » si caractéristique du trotskysme en général.

Il reste à discuter de la pertinence qu’il peut y avoir à parler des trotskysmes, comme une catégorie générique, à l’heure où les principes organisations issues de l’histoire du trotskysme (UCI pour LO, PCI « pabliste » pour la LCR/NPA et « PCI majoritaire » pour le CCI/POI) n’affichent plus ou plus guère cette filiation. Ni le POI, ni le NPA ne disent « trotskystes ». Et cette évolution relativement aux années 1970/1990 est extrêmement révélatrice et mériterait qu’on attache en quittant le terrain de la simple sociologie du militantisme pour passer à l’étude des idées politiques. Pour ne prendre qu’un exemple, le passage de l’OCI au POI d’aujourd’hui n’est pas qu’une transformation liée au circonstances. Le rapport entre la tradition trotskyste de la « révolution permanente » et des « mots d’ordre transitoires » avec la lutte pour « la république une et indivisible » est pour le moins difficile à percevoir. Ces évolutions doctrinales pourraient utilement être l’objet d’une nouvelle livraison sur les trotskysmes...

Dissidences, volume 6 – Avril 2009 – éditions « Le bord de l’eau », 20€, 224 pages. Des compléments fort utiles à la revue papier sont disponibles sur le site.

Le dernier numéro de cette revue, volume 7, octobre 2009 est consacré à « la Belgique sauvage »


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Commentaires

Lutte Ouvrière se dit toujours ouvertement trotkyste par rectificatif le Dimanche 27/12/2009 à 11:08

Bonjour.

Vous écrivez que plus aucune organisation ne se dit trotskyste. 

Or, Lutte Ouvrière se réclame encore et toujours trotskyste, c'est écrit toutes les semaine sur son journal, ainsi que sur les tracts d'entreprise qui font sa spécificité militante, puisque sous le nom de son journal ''Lutte Ouvrière'', il est indiqué ''Union Communiste (trotskyste)'', qui est le nom (certes méconnu mais bien présent) de l'organisation. L'an dernier, Lutte Ouvrière a fait une série de meeting en France sur le thème ''le communime, avenir du monde'', où la référence au marxisme, au léninisme et au trotskysme était bel et bien présente. Et en bien d'

Il est vrai que Lutte Ouvrière est la dernière des trois organisations que vous citez à se réclamer ouvertement du troskysme et du communisme révolutionnaire, mais elle ne le fait que d'autant plus fièrement.

Merci de corriger votre texte, si vous prenez connaissance de ce rectificatif.


Re: Lutte Ouvrière se dit toujours ouvertement trotkyste par la-sociale le Dimanche 27/12/2009 à 11:27

Dont acte. LO se revendique du trotskysme. Mais dans "Informations Ouvrières", aussi on trouve le rappel de l'existence d'un courant trotskyste du POI, le CCI qui possède par ailleurs son propre organe public, "La Vérité". L'appellation "trotskysme" pourrait donc aussi être admise partiellement pour le POI - dont le sigle a lui aussi une longue histoire dans le mouvement trotskyste (le "parti ouvrier internationaliste", POI, a été la première organisation trotskyste française).

Ce qui m'interroge, c'est l'écart grandissant entre la doctrine "trotskyste orthodoxe" (révolution permanente, analyse des états ouvriers dégénérés, bolchévisme sur le plan organisationnel) et la réalité pratique des mouvements héritiers du trotskysme et cette interrogation vaut aussi bien pour LO que pour le POI ou le NPA.
DC


Lefort sur le trotskysme par d_collin le Mardi 29/12/2009 à 15:58

Sur le site de la Bataille Socialiste, un extrait d'un article de Claude Lefort (Socialisme ou Barbarie) sur la critique du modèle trotskyste du parti



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