Sans conteste, John McCain met les points sur les i. Le sénateur, ancien candidat républicain à la Présidence des Etats-Unis contre le démocrate Obama, soutient les pro-européens de Kiev contre le gouvernement ukrainien russophile. N’importait-il pas qu’un dirigeant des Etats-Unis vienne d’Amérique expliquer aux Ukrainiens comment devenir de bons Européens ? Le propos même n’indique-t-il pas un autre enjeu, savoir une énième croisade occidentaliste ? Nos follicules et boîtes à images nous baignent depuis des semaines, cher William, de propos hallucinants aux relents de Guerre Froide. Sur le site http://www.espritcorsaire.com/?ID=209/Francis_Gutmann/Sommes-nous_en_guerre_avec_la_Russie_?, un ancien Ambassadeur de France pose sagacement la question de savoir si nous sommes en guerre contre la Russie. Tout porte à le croire. Francis Gutmann écrit : «L'attitude des Européens est en outre absurde. Avec les Américains, ils ont manqué une occasion historique de repenser le monde. Pour ce qui concerne plus spécialement l'Europe, ils n'ont pas vu ou voulu voir que se présentait, avec la disparition de l'URSS, la chance d'une Europe allant de l'Atlantique à l'Oural et même au-delà. Face à un avenir indéterminé, plutôt que de chercher à le construire, ils ont préféré se réfugier dans les comportements de la période antérieure. »
La rouerie occidentaliste consiste à remplacer l’analyse politique par la psychologie des adversaires, toujours brutaux, despotiques, malsains. Tandis que nous serions, nous les gentils occidentaux, du côté de la vertu, des droits de l’homme, de la Vérité. Et que cette positivité intrinsèque nous permettrait l’entreprise de coups d’états plus ou moins feutrés et autres guerres humanitaires. Les peuples ne les intéressent que comme instrument de leurs visées, opposants à leurs ennemis. Sinon, les peuples sont vile plèbe populiste.
Dans le prolongement du livre d’Henri de Grossouvre Paris-Berlin-Moscou s’est constituée une association http://www.paris-berlin-moscou.org/page_1.html
La question se pose : l’Eurasie reste-t-elle un enjeu de la politique étasunienne, « l’échiquier » conçu par Zbigniew Brzezinsski, ou ambitionne-t-elle de devenir un acteur de l’histoire mondiale, constituée d’ensembles distincts unifiés par la géographie et un projet.
A l’heure ou le dessein (militaire, économique, politique) transatlantique de l’OTAN, fait tant parler de lui, il vaudrait la peine de remettre sur le métier l’Europe gaullienne de Brest à Vladivostok, voire de l’Eurasie.
Que t’en semble-t-il, cher William ?
Ton Guillaume tel qu’il persiste : frondeur.
Berne, le 16 décembre 2013