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Un anti-impérialisme réactionnaire

Après les élections en Palestine, à propos de quelques opinions courantes sur la victoire du Hamas

Par la-sociale • Internationale • Mardi 31/01/2006 • 1 commentaire  • Lu 2277 fois • Version imprimable


La victoire indiscutable du Hamas en Palestine - enfin dans les « banthoustans » palestiniens de l’État d’Israël appelle la réflexion.

Je connais d’avance toutes les analyses de « gauche », marxistes et anti-impérialistes.

1)La victoire du Hamas est le produit de la politique coloniale des gouvernements israéliens successifs, réduisant les Palestiniens au désespoir. La construction du mur de la honte constituant le dernier des actes de cette politique.

2)Le vote pro-Hamas est un vote de défiance face au Fatah corrompu et dont les chefs sont devenus des marionnettes US.

3)Ce vote témoignerait même de la vitalité démocratique du peuple palestinien qui veut son indépendance nationale et n’accepte pas l’usurpation israélienne sur la terre de Palestine.

4)Et même des hégéliens à la petite semaine pronostiquent que de ce mal sortira enfin un bien car il faut toujours faire confiance aux « ruses de l’histoire ».

Il y a beaucoup de vrai dans tout cela. Mais ces analyses qui commencent à se répandre dans toute la presse de gauche plus ou moins radicale manquent l’essentiel : pour s’opposer à l’oppression impérialiste, les « masses » accordent leur soutien à des groupes dont l’idéologie, les modes d’organisation et les objectifs politiques sont aux antipodes des principes, des valeurs et du programme du mouvement ouvrier et démocratique. Le Hamas est une organisation anti-impérialiste fasciste. Pour ceux qui restent prisonniers de la division du monde en camps, une telle caractérisation semblera incongrue, mais l’histoire en fournit de nombreux autres exemples.

À la télévision, on a pu voir une candidate du Hamas, mère d’un « martyre » qui s’est fait sauter ceinturé de bombes au milieu de la population civile israélienne. Cette candidate revendique le fait d’avoir ordonné l’action de son fils et elle affirme que quand elle a appris sa mort, elle en a été heureuse ! Un parti qui recrute des mères fières d’envoyer leurs fils à la mort est certainement ce qu’on peut imaginer de pire.

L’indulgence d’un certain gauchisme et des rescapés du stalinisme à l’égard de ce parti est effrayante. On peut lire sur une site classé très à gauche (Bellaciao) des messages qui demandent l’application d’une « charia moderne ». À une militante qui évoque le sort que le Hamas réserve aux femmes, d’autre répondent que le féminisme en temps de guerre est de la « poudre aux yeux ». La lutte de classes aussi sans doute, puisque ces gauchistes terriblement révolutionnaires appellent à défendre « la civilisation arabe ».

Mais la Palestine n’est pas un cas isolé. On a eu le FIS et le GIA en Algérie. En Iran, c’est le chef des milices fascistes de Khomeiny, le chef des assassins de syndicalistes et d’ouvriers grévistes qui a été élu. Tous ces gens organisent des manifestations contre l’Occident coupable d’avoir laissé faire « la dissolution des moeurs » - par exemple à la suite de la publication dans la presse danoise et norvégienne de caricatures du « prophète », le troisième des « trois imposteurs » et le plus sanguinaire des trois...

Disons le clairement : si l’alternative est « socialisme ou barbarie », il est clair aujourd’hui que la barbarie mondialisée a deux visages, celui de l’impérialisme soi-disant « libéral » et celui de l’islamisme - sachant d’ailleurs qu’il y a entre les deux, au-delà de leurs querelles superficielles, de profondes connivences. Les évènements en cours révèlent un terrible aveuglement. Que l’impérialisme soit haïssable, on peut le répéter sur tous les tons. Mais le Hamas et ses semblables ne s’en prennent absolument pas à l’impérialisme, ni au capitalisme, ni à l’exploitation de l’homme par l’homme, bien au contraire. Ils veulent détruire ce que l’impérialisme n’a pas encore complètement détruit : la liberté de pensée, les droits démocratiques, les revendications égalitaires. L’islamisme est la réaction sur toute la ligne. Bush et le Hamas sont les deux mâchoires du même piège à cons.

Comme toujours, les grands évènements précipitent les reclassements. Depuis longtemps, on le sait, une soi-disant « gauche de gauche » essaie de s’affirmer, sur différents terrains dont celui de l’activisme communautariste. Prenant prétexte du principe stupide selon lequel « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », une partie de cette gauche radicale (ou prétendue telle) s’est jetée dans les bras de l’islamisme. En France comme sur l’arène mondiale. Elle parachève ainsi sa rupture avec la classe ouvrière et la tradition révolutionnaire démocratique. Par d’autres chemins, elle accomplit le même mouvement que celui qui avait conduit certains « gauchistes » des années 20 dans les faisceaux de Mussolini ou certains prétendus anarchistes dans le gouvernement de Pétain - c’était déjà la haine de l’impérialisme anglo-saxon et de la ploutocratie, conjuguée à l’abandon de toute référence de classe et à la haine du mouvement ouvrier, qui servait de ciment idéologique à cette trajectoire surprenante en apparence.

Il faudra en tirer jusqu’au bout toutes les conséquences.

Pour ceux qui veulent savoir ce qu’est le Hamas, il faut lire l’excellent article La victoire du Hamas, un hold-up historique par Hassane Zerrouky dans Le soir d’Algérie. Les démocrates algériens, ils connaissent les islamistes...


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Commentaires

Lien croisé par Anonyme le Samedi 02/08/2014 à 21:45

Le journal de BORIS VICTOR : "partisan du Hamas. Ce groupe est, comme j’ai eu"



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