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Une bataille politique et culturelle

COMUNISMO E COMUNITÀ ÉDITORIAL DU N°1

Par la-sociale • Débat • Mercredi 16/07/2008 • 0 commentaires  • Lu 2007 fois • Version imprimable


La conjoncture politique de ces derniers mois été marquée par le changement de majorité gouvernementale advenu le 14 avril à la suite des élections politiques gagnées par la coalition de Silvio Berlusconi, fruit de l’alliance entre le parti nouveau-né, le PDL (peuple de la liberté) et la Lega Nord d’Umberto Bossi. [1]

Au-delà de l’évènement qu’est le changement de pouvoir, le point le plus significatif en définitive est l’affirmation très nette du bipartisme, évolution naturelle du bipolarisme inauguré avec le passage à seconde république en 1992, la fin des vieux partis de masse et la création de deux blocs idéologiquement opposés dans la forme mais participants, en réalité d’un projet politique tout à fait convergent. À côté de la coalition victorieuse, le Parti Démocratique de Walter Veltroni, pourtant battu, gagne sa propre bataille du vote utile, canalisant la presque totalité des voix restées géométriquement à gauche de la fictive barrière imaginaire qui divise le monde de la représentation politico-idéologique.

Ce qui est intéressant à relever, ce sont certaines évolutions culturelles qui font époque : avant tout la transition des forces politiques du centre-gauche d’une doctrine ultra-capitaliste libérale implicite, quoique très claire, à une doctrine explicite, une insistante et frénétique affirmation publique de cette doctrine. Ceci démontre que la phase de transmutation politico-idéologique de son électorat propre (que cela soit conscient ou non importe peu) est désormais advenue, par une transition douce de quinze ans de glissements rhétoriques graduels d’un profil social-démocrate (en paroles) jusqu’au capitalisme néolibéral sans masque et sans honte, y compris dans la forme des propositions.

Que le centre-gauche capitaliste soit le cœur même de la stratégie des pouvoirs dominants, c’est une chose claire depuis 1992, année où la classe politique postcommuniste, après la tempête de manipulite, se reclassa dans la gestion affairiste oligarchique du pouvoir, sous de nouvelles dépouilles, selon les directives d’un capitalisme en transformation ne souffrant plus quelque forme que ce soit de contrainte et de contrôle des ambitions des intérêts dominants, fût-elle du type de l’assistanat corrompu. Il suffirait d’ailleurs d’observer les malheureuses politiques économiques et étrangères des gouvernements du centre-gauche pour comprendre la nature des forces politiques progressistes italiennes dans les quinze dernières années (il n’en va pas différemment pour les forces européennes qui leur ressemblent) : libérisme assisté, européisme pur et dur insensé, destruction progressive de l’État social avec pour conséquences les privatisations, la précarisation continue du contrat de travail, la vente du patrimoine public, interventionnisme guerrier « humanitaire » (Yougoslavie 1999, maintien des troupes d’occupation en Afghanistan).

La naissance du Parti Démocratique, avec son idéologie capitaliste absolue, n’est donc pas une nouveauté substantielle, mais signe le débarquement formel définitif, déclaré et net vers la pensée unique dans toute sa puissance dévastatrice. Elle sanctionne le triomphe de la démocratie représentative occidentale comme machine de manipulation des opinions et points de vue canalisables grâce à l’exaltation de l’identitarisme formel, à la personnalisation par étape de la politique, et à la création d’ennemis esthétiques ad hoc, dans des limites bien précises. Le PD catalyse les consensus provenant de positions idéologiques différentes, se présentant comme le rassembleur de la modernité démocratique et réussissant à faire passer les pires méchancetés politiques et pires projets oligarchiques de domination économique sous les habits idéologiques de la modernisation, du bon sens politique, de l’individualisme méritocratique et de la lutte contre la bureaucratisation.

Dans ce sens, la nouvelle force politique représente, en vérité, le triomphe intégral de l’esprit de cette époque, là où le PDL de Berlusconi et associés en incarne au contraire une version plus décolorée et déviante. Les profils programmatiques des deux forces sont presque identiques, mais l’essence du PD, dans une certaine mesure, est décidément plus imprégnée d’ultralibéralisme idéologique. Le nouveau gouvernement dirigé par Berlusconi, en effet, a misé sur une campagne idéologique mixte qui, à la répétition en chœur des dogmes du marché libre, de la déréglementation du travail et d’une politique extérieure impérialiste (dans les tons esthétiques encore plus manifestement agressive), sert en accompagnement une patine d’esprit critique des excès de la globalisation et du libérisme, bien représentée par le ministre de l’économie, Giulio Tremonti (il faut bien faire attention, cette différence est une nuance d’ordre idéologique et formel et certes pas substantielle et pragmatique).

La gauche radicale, disparue du Parlement après l’expérience tragique du gouvernement Prodi, a subi une authentique défaite qui a emporté tous les petits partis dits « communistes » et autres abats réunis dans la Sinistra Arcobaleno qui ont terminé leur peu honorable itinéraire parlementaire et gouvernemental en dessous de l’embarrassante barre des 4%, dégageant finalement le terrain, pour le moment, des équivoques et des opportunismes de toute espèce qui ont caractérisé en permanence leur participation au gouvernement pendant un an et demi.

On peut espérer et souhaiter que le cercle dirigeant de cette gauche ne se reforme pas sous une autre dénomination vue sa totale inconsistance politique et parallèlement sa capacité néfaste à maintenir un identitarisme formel qui ne fait qu’ajouter de la confusion dans l’eau déjà trouble de l’orientation idéologique générale.

Mais le problème est plus complexe et investit l’aire entière qui se réclame de l’idée communiste et qui désormais doit faire un examen de conscience, théorique d’abord, pratique ensuite, trop de fois repoussé depuis 1991.

Ce qui ressort déconfit et malmené des urnes, ce n’est pas seulement le petit cabotage opportuniste des cercles dirigeants du PRC, du PDCI et des « Verdi », mais aussi l’incapacité de la gauche radicale à donner une nouvelle vision du monde, de la société, des rapports communautaires, alternative au modèle capitaliste libéral : elle en représente, en vérité, une version décolorée et « politiquement correcte » [2], le modèle soviétique s’étant évanoui.

Face aux questions posées par les processus sauvages de globalisation économique et sociale, par les guerres impérialistes, par la mutation des processus sociaux, par les questions éthiques qui fondent le lien entre individu et communauté, la gauche est très faible et peine à donner les réponses, noyée comme elle l’est dans les dogmes du progressisme occidental, dans son laïcisme de salon, dans son indifférence sinon son hostilité préconçue envers les sentiments d’appartenance communautaire entendue au sens large et ouvert. Les revendications micro-identitaires (sans doute meilleures que l’opportunisme exacerbé des néo-arc-en-ciel), que ce soit sous la forme partisane du PCL [3] ou sous la forme mouvementiste (Critica Sinistra [4]), n’ouvrent pas non plus une perspective fondamentale de critique du monde contemporain, capable d’avoir une incidence sur les multiples contradictions de cette époque, au-delà d’une approche sectaire de la transformation sociale. Il est nécessaire de donner des réponses fortes et enracinées humainement, aux instances de la société moderne qui lient les individus à des un bien commun toujours plus à la merci des tendances nihilistes produites par le capitalisme et la marchandisation des rapports humains.

Il est évident qu’il ne suffit pas d’épousseter une « faucille et marteau » pour en faire un symbole propre, ni de proposer d’inexistantes agitations mouvementistes privées de liens théoriques de capacité d’implication. Il est besoin d’une patiente réélaboration théorique et culturelle qui mette au centre de la réflexion une vision alternative de l’Homme, de sa dimension sociale, des modes de production et de développement mais qui soit ensuite insérée et traduisible dans la réalité des luttes politiques et sociales par un sujet large qui en sache décliner et déchiffrer les demandes et l’identité. Sans folklore identitaire, ni mouvementisme revendicatif et obsolète.

D’autre part, la gauche « radicale », dans son expérience gouvernementale, a été utilisée par le pouvoir dominant, à travers une dévastatrice opération culturelle, comme pure « tête de turc » idéologique pour dépeindre une représentation idéologique de la réalité inexistante. Le jeu a duré aussi longtemps que nécessaire, derrière le rideau de fumée d’un paradoxe onirique : pendant que les différents partis de la gauche radicale (« les vétéro-communistes du PdCI », « les mouvementistes de Rifondazione, « les verts écologistes irresponsables ») s’intégraient toujours plus diligemment aux projets ultra-capitalistes de l’Unione de Romano Prodi, la presse et les informations, dans le même temps, tiraient sur l’ambulance des gauches, les taxant de conservatisme, vétéro-communisme, anachronisme, extrémisme, créant ainsi l’image fictive d’une gauche réformiste éclairée (le PD), prête à accepter les défis de la modernité et de la globalisation avec le juste caractère, opposée à une gauche radicale anachronique, communiste et complètement hors du temps, inadaptée à la gestion du flexible pouvoir contemporain.

Une image d’un comique rare, si n’était tragique la force médiatique capable de faire passer pour vraie cette image.

La réalité globale de la moitié gauche de l’hémicycle parlementaire a naturellement été tout autre : d’un côté se situent les forces ultra-capitalistes, internes à la gestion du sommet du pouvoir dominant, en contact direct avec les pouvoirs transnationaux, le capital financier des USA et l’appareil du capitalisme italien arriéré et parasitaire qui lui est lié (le PD). Plus à gauche, géométriquement, se sont placées, de manière ingénue ou opportuniste, les béquilles folkloriques du même projet de domination, certainement moins dangereuses et moins puissantes, qui, en paroles, déclarent vouloir sauver ce qui peut l’être à l’intérieur des marges définies par le gouvernement (mirage embrassé par beaucoup de bonne foi), pendant que dans les faits ils se pliaient aux pires malices politiques accomplies en seulement un an et demi de gouvernement.

Dans ce marasme idéologique et réel, les forces de la droite berlusconienne ont eu beau jeu de savoir canaliser le malaise social envers la politique réelle proposée, fétichisant les spectres de l’insécurité et de l’immigration clandestine délinquante, s’appuyant sur les votes très utiles de la Lega en grand renforcement. Le système capitaliste atteint à notre époque sa véritable dimension politique idéale, grâce à la formation de blocs sociaux dont l’identification symbolique passe seulement à travers des aspects de vision du monde esthétiques marginaux, moralistes et partiellement philosophiques. Étroitement serrés autour du même projet de domination, dans la soif commune de marchandisation progressive de la société, les deux blocs politiques italiens, selon la tradition consolidée « progressisme-berlusconisme » atteignent aujourd’hui une nouvelle dimension de gestion du pouvoir. Initialement, à partir de 1994, la confrontation musclée bipolaire décrivait deux visions apparents du monde inconciliables : d’un côté le progressisme laïque, cultivé, social-libéral, actionniste antifasciste, uni au syndicalisme des travailleurs dépendants intégré au capitalisme, allié avec le progressisme catholique « éclairé » ; de l’autre, la réaction intolérante des petites entreprises et du travail précaire non protégé, un anticommunisme viscéral, un individualisme congénitalement incapable de supporter la vexation étatique, canalisé parfaitement par le berlusconisme capable d’intégrer dans ce marasme une partie du catholicisme conservateur, le « leghisme » braillard et les postfascistes recyclés. La prémisse de la confrontation idéologique fictive entre les deux conceptions du monde, entre l’illuminisme laïque érudit de la gauche et le conservatisme arriéré et grossier de la droite s’est en partie éteinte une fois accomplie la convergence des forces majoritaires sur la gestion néolibérale capitaliste du pouvoir et une fois obtenue la disparition des forces politiques folkloriques, inoffensives, placées aux marges de l’appareil bipartiste. En ce sens s’explique le passage définitif au plus placide bipartisme mono-libéral, fait de fair play à l’anglo-saxon si envié par la presse dominante « au-delà de la droite et de la gauche » (Corriere della Sera), ainsi que cela est devenu évident dans l’esquisse de relâchement du ton de la confrontation au cours de la campagne électorale relativement à celle de 2006.

Le conciliant et œcuménique Veltroni a atteint le sommet précisément au moment où n’est plus essentielle, aux fins de la gestion du pouvoir, l’exaspération exagérée des fictives oppositions idéologiques formelles étant donné la désormais quasi spontanée convergence de la plus grande partie de l’électorat italien vers les deux grands partis.

Certes, la polémique idéologique doit subsister et le petit théâtre des idées doit continuer, et il n’y a aucun doute que son esprit continue de flotter fortement, soutenu par des organes d’information experts dans ce genre de mystification. Le quotidien La Repubblica, pour prendre un exemple si éclairant, en a donné de considérables preuves pré-électorales, à travers des articles rageurs, dans le style parfait du snobisme dogmatique, contre le berlusconisme, le cléricalisme, l’obscurantisme du nouveau cours politique.

On peut escompter que les confrontations idéologiques vont continuer comme utiles miroirs aux alouettes pour tifosi, et pourtant on ne peut ne pas reconnaître un stade avancé d’apaisement signe du passage définitif de l’anomalie italienne du chaos post manipulite au bipartisme spéculaire parfait dans le style anglo-saxon, dans lequel il y a seulement un espace pour des interprétations différentes de la même substance identique dans le fond, confrontées démocratiquement à travers les partis du champ politique.

Une anomalie toutefois demeure, bien que non décisive. Et c’est précisément la coalition Berlusconi. En effet, ce n’est pas un hasard si la presse économique étrangère des puissances capitalistes anglo-saxonnes a déversé un flot de paroles, encore en 2008, contre le Cavaliere et son équipe gouvernementale.

Berlusconi est une anomalie légère, sûrement tolérable, à l’intérieur des paramètres de gestion absolue du pouvoir des groupes dominants puisque, outre le fait d’être lui-même un agent économique actif opérant dans le capitalisme (alors que ses rivaux sont de purs exécutants serviles de l’affairisme d’autrui), il est excessivement populiste, centralisateur et une source potentielle d’instabilité dans la fluide opération de colonisation et de marchandisation de la société que les pouvoirs voudraient porter à son terme dans les délais les plus brefs.

Les paroles de Tremonti sur les pétroliers et les banquiers et ses déclarations préoccupées au sujet de la mondialisation sont des témoins d’une ligne légèrement moins orthodoxe, comparée aux brillantes capacités d’exécution du gouvernement précédent ultra-orthodoxe en matière de politique économique.

L’anomalie, naturellement, est totalement sous contrôle et il ne s’agit pas du tout d’un déraillement par rapport au cours placide d’asservissement de l’Italie au capital financier transnational et aux dynamiques internes de destruction du travail dépendant et des petits emplois autonomes, du pouvoir d’achat des salaires, de la démolition supplémentaire de l’État social, de la régression socio-économique généralisée.

Les étapes à venir dans cette direction cohérente seront selon toute probabilité : le démantèlement du contrat national, le fédéralisme fiscal, mesure qui favorisera la concurrence au rabais sur les services sociaux et le délitement l’émiettement supplémentaire de l’unité nationale ; les nouvelles libéralisations, déjà annoncées, en plein accord avec la furie idéologique du centre-gauche, qui toucheront les services publics locaux, de nouvelles professions et ce qui reste de réglementation des activités des entreprises sur le territoire national ; le renforcement de l’assurance privée au détriment des retraites publiques déjà presque réduites à rien ; la détaxation, déjà avancée, des heures supplémentaires, mesure favorable au profit et contraire à l’emploi ; une politique migratoire dont la finalité est la précarisation pure et simple des migrants utiles à la valorisation des profits nationaux ; et, pour ce qui concerne la politique extérieure, le maintien des missions militaires sous hégémonie étatsunienne avec le risque d’être embarqué dans de nouvelles folles entreprises guerrières.

Toutes ces mesures faisant partie des intentions programmatiques des deux forces majoritaires.

Ce qui est clair, c’est que l’arrivée de Berlusconi IV ne changera pas de manière décisive les mouvements de fond de la politique économique et encore moins ne redonnera de l’espace pour la relance matérielle des conditions de vie des travailleurs, soit par l’augmentation des salaires, la lutte contre la précarité ou la restauration des garanties et droits sociaux abattus ces dernières années.

Continuera l’opération insatiable de marchandisation de la société, l’intégration du travail dans les limites du profit dans les limites matérielles et idéologiques du profit, et l’impuissance d’une souveraineté nationale seulement formelle, dans le contexte d’une Union Européenne, elle-même à souveraineté limitée, prison des peuples et paradis des rentiers.

Sur ce triste arrière-plan national, la dégradation capitaliste du monde se poursuit sans cesse. S’opposent à elle des forces souverainistes courageuses des puissances émergentes, des expériences de développement économique endogène et de politiques sociales avancées dans quelques nations du monde. Mais il n’existe aucun front géopolitique compact alternatif à la dévastation capitaliste absolue perpétrée en Europe et, sous le drapeau de l’impérialisme étatsunien et du sous-impérialisme européen, dans les périphéries du monde. Et pourtant des peuples courageux résistent aux agressions impérialistes et des États souverains empêchent la propagation de la colonisation économique occidentale, en garantissant le passage d’un monde unipolaire américano-centré à un monde multipolaire sans aucun doute souhaitable pour le maintien de la paix et l’ouverture de nouvelles failles révolutionnaires possibles.

Dans ce coin du monde occidental corrompu et flétri dans le cynisme d’une Europe réduite à un champ pour les raids capitalistes, dans la compétition suicide entre les nations au rabais sur les garanties sociales, se joue une bataille culturelle d’une importance décisive pour le futur de l’Italie et des peuples européens. Une bataille dont le premier propos devrait être celui de résister à l’émergence toute puissante et accélérée de la pensée unique, de l’individualisme unidimensionnel éthique - radical et économique - libéral dans toutes ses variantes et propositions.

Une perspective révolutionnaire pourrait être rouverte seulement à condition que soit mis en discussion intégrale la prédominance culturelle de la marchandise sur la raison et sur l’esprit d’appartenance et de solidarité. Pour le faire, il est nécessaire de s’opposer à la propagation de l’individualisme dans toutes ses formes, en opposant l’homme communautaire solidaire à l’individu aliéné porteur d’exigences particulières.

Dans cette circonstance, il est fondamental de s’opposer aux tentatives culturelles d’imposer la nécessité de la prééminence de l’économie sur la politique et la réflexion humaine. Sur ce point culturel se joue l’intégration progressive des peuples à l’intérieur des limites assignées par les systèmes du capitalisme de marché absolu.

La conviction qu’il n’est pas d’autre souveraineté possible que celle des marchés, juges de notre vie réelle, est le véritable ennemi idéologique dominant de notre époque.

P.S. 


Note du traducteur :


Après l’éditorial du numéro 0, nous publions ici, traduit de l’italien, l’éditorial du numéro 1 de la revue "Comunismo et comunità", une revue politique et théorique de bonne tenue qui tente de poser sur des bases sérieuses la question d’une alternative politique au bipartisme du système "veltrusconi". Sans nécessairement partager toutes les positions exprimées dans cet éditorial, nous avons décidé de porter ce document à la connaissance de nos lecteurs car les convergences profondes existent entre cette revue et la démarche impulsée par "La Sociale" depuis plusieurs années. La plus importante de ces convergences, peut-être, réside dans l’affirmation qu’il est impossible de penser sérieusement proposer une alternative au capitalisme sans prendre en charge la défense de la souveraineté des communautés nationales. C’est l’européisme qui constitue le point commun de la gauche "radicale" et de Prodi et qui explique cette unione sans rivage à droite ni à gauche. De cette position fondamentale qui nous est commune se déduisent d’autres engagements et notamment le refus du social-libéralisme (de moins en moins social d’ailleurs) mais aussi du gauchisme braillard et du mouvementiste qui escamote les tâches politiques et culturelles dans une agitation vaine et, le plus souvent, coupée de la grande masse des opprimés et des exploités au nom desquels on prétend parler.

Les échanges entre nous et nos amis italiens se poursuivront dans les mois qui viennent, tant nous sommes convaincus comme eux qu’il est impossible de résister et d’aller de l’avant sans tirer jusqu’au bout le bilan de l’expérience du mouvement ouvrier du 20e siècle. (Denis Collin)


[1] L’article publié ici est l’éditorial du numéro 1 de la revue ’Comunismo e comunità’. Le titre est ajouté par la rédaction de "La sociale"

[2] Le « buonismo » en italien désigne selon le dictionnaire Devoti-Oli, « l’attitude de celui qui, spécialement en politique, se montre tolérant avec ses adversaires » et selon le dictionnaire De Mauro, « attitude de bienveillance même excessive e moraliste dans les rapports sociaux et de continuelle recherche de médiations entre positions divergentes ». Utilisé par la droite, le terme de « buonismo » correspond à « angélisme » en français.

[3] Partito Comunista dei Lavoratori, parti communiste des travailleurs, petit parti communiste créé à l’initiative notamment de Marco Ferrando après l’entrée du PRC dans la coalition avec Prodi.

[4] Groupe sorti en 2008 du PRC, composé essentiellement des partisans italiens du « Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale »

 


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