« Dans une déclaration commune, l'intersyndicale (CGT, CFDT, FSU, Unsa et SUD) "demande la tenue d'une véritable concertation sociale avec le gouvernement et le patronat pour examiner les mesures à prendre pour soutenir la croissance, soutenir l'emploi et réduire la dette, tout en garantissant la cohésion sociale. »
L’AFP ajoute que les syndicats représentés réclament « des réponses nouvelles priorisant l'emploi, la cohésion sociale (...), la réduction des inégalités (...), la maîtrise des déficits publics. »
Sur la même ligne, on annonçait bientôt une journée d’action prévue pour le 27 septembre dans l’Éducation Nationale.
Entre ces informations et beaucoup d’autres de la même eau, il y a un lien. Les grandes organisations syndicales, à l’exception de Force Ouvrière, appellent à l’union sacrée derrière le gouvernement Sarkozy-Fillon pour faire face à cette calamité naturelle que serait la dette publique.
En effet, la revendication d’une « concertation sociale » pour déterminer les moyens de réduire la dette et l’exhortation à la « maîtrise des déficits publics », c’est exactement la ligne du gouvernement : union sacrée face à la dette. En s’associant à la démarche du gouvernement et du patronat, les organisations syndicales signataires demandent donc aux salariés de faire un effort pour régler les problèmes du capitalisme en crise. Il s’agit d’un nouveau pas vers l’intégration des syndicats à l’État.
On se rappelle qu’une des premières grandes mesures « sociales » de Sarkozy a été de réviser les règles de la représentativité syndicale, en vue de privilégier la CGT et la CFDT et de marginaliser les organisations syndicales qui traîneraient les pieds dans la voie du « syndicalisme d’accompagnement ». Sarkozy avait évidemment été soutenu par Thibaud et Chérèque. Lesquels avaient ensuite largement contribué à faire passer la nouvelle réforme des retraites en diluant la mobilisation dans des journées de grèves et des journées d’action « saute-mouton », refusant avec obstination l’appel à la grève générale interprofessionnelle jusqu’au retrait de la réforme. L’appel indirect à soutenir le gouvernement dans la lutte « contre la dette » s’inscrit dans cette logique.
Alors que tous les syndicats de l’enseignement dénoncent les conditions catastrophiques de la rentrée, la FSU en appelant à l’action pour le 27 septembre, c’est-à-dire trois semaines après la rentrée, signifie clairement qu’elle laissera le gouvernement faire sa rentrée dans le calme. La FSU, signataire du communiqué unitaire d’août, est bien, elle aussi, inscrite dans le dispositif de l’union sacrée pour l’austérité.
Ajoutons, pour compléter le tableau, que les élections professionnelles dans l’enseignement (élections des délégués aux CAP et CTP) se tiendront à la va-vite à la mi-octobre et qu’elle se feront par la voie informatique avec des procédures suffisamment compliquées pour décourager les électeurs les moins motivés ou les moins informés. On s’attend à une baisse importante de la participation dans un contexte où les nouvelles règles de représentativité favorisent clairement le syndicat majoritaire, la FSU… La boucle est bouclée. Alors que FO est devenue la deuxième force syndicale de la fonction publique, il s’agit de tenter de marginaliser une fédération qui défend avec constance le statut des professeurs, la laïcité, et les disciplines scolaires.
On notera avec un brin d’ironie que SUD, dont les liens avec le NPA ne sont un secret pour personne, s’est joint au concert de ceux qui veulent se concerter avec le patronat et le gouvernement pour maîtriser la dette. Ces bons révolutionnaires approuvent ainsi la ligne défendue avec constance par François Hollande et, à voix un peu plus basse parfois, Martine Aubry. De même, quand on sait que nombre de dirigeants de la CGT et de la FSU sont membres ou sympathisants du « Front de gauche », on pourra mieux apprécier le radicalisme verbal des déclarations de campagne électorale.
On ne doit donc pas se laisser prendre au piège de « l’unicité » syndicale et des « intersyndicales » qui ont si bien joué leur rôle d’étouffoir l’an dernier sur la réforme des retraites. L’unité à construire, c’est d’abord celle de toutes les victimes de la politique d’austérité, laquelle n’est que la conséquence de la défense acharnée du capitalisme en crise. Face aux revendications du capital, prêt à dévorer la société tout entière pour garantir son taux de profit, la question du rassemblement de tous, travailleurs salariés, travailleurs indépendants, jeunes, autour de cahiers de revendications est posée. C’est à la mesure de cette tâche que l’on pourrait apprécier les déclarations des uns et des autres dans le contexte électoral qui s’annonce.
Un papier que je diffuse , à très vite . Amicalement