Car la crise grecque menace se répandre d’abord au Portugal, puis à l’Espagne et ensuite très logiquement ce devrait être le tour de l’Italie, mais aussi de la France et du Royaume-Uni dont les niveaux d’endettement sont abyssaux. L’impuissance de l’UE est flagrante puisqu’elle est obligée maintenant de chercher son salut au FMI qui propose à la Grèce une de ces purges qui l’ont rendu célèbre : réduction drastique des emplois publics, privatisation, baisse des salaires – le FMI propose même la baisse des salaires dans le privé et la suppression des congés payés. Ceux qui nous présentent DSK comme le « candidat naturel de la gauche » devraient déployer quelques efforts pour faire connaître le programme réel de l’oligarque franco-américain.
Face à la crise, on remarque que c’est « chacun pour soi ». Les banques centrales prêtent aux banques (sauvées par les États il y a un an) au taux de 1% et ces banques prêtent à la Grèce à des taux qui peuvent monter jusqu’à 10%. Autrement dit, les gouvernements européens jouent chacun leur partition dans la lutte pour asphyxier la Grèce. L’Allemagne joue « perso », comme d’habitude,et montre en quel mépris elle tient la « solidarité européenne ».
Dans les pays du Nord – au premier chef, l’Allemagne – le racisme contre les Européens du Sud se donne de plus ouvertement libre cours. On montre du doigt les « pays du club Med » qui servent pourtant de bronze-culs aux classes moyennes du Nord. L’acronyme PIGS (Portugal – Italy – Greece – Spain) fait fureur et quelques parlementaires allemands proposaient même que la Grèce vende des îles pour rembourser sa dette. Incorrigibles : Deutschland über alles. À la clé, au moment où les irresponsables de tous bords mènent la danse, il y a l’implosion de la zone euro. On nous dit que les lenteurs calculées de Mme Merkel dans le déblocage de la situation grecque tiennent à la proximité des élections régionales. Peut-être est-ce bien la raison, mais cela en dit long sur l’état d’esprit d’une fraction de la population allemande. Et sur ce que nous pouvons attendre dans les prochains mois et les prochaines années.
Conformément aux plans concoctés par quelques géopoliticiens hallucinés qui voulaient redessiner la carte de l’Europe en remplaçant l’Europe des nations par l’Europe des régions, la machine à détruire les nations s’est mise en route. Le point le plus avancé est la Belgique que les nationalistes néerlandophones tiennent en joue, prêts tirer dès qu’ils le pourront. L’invraisemblable comportement des dirigeants néerlandophones qui veulent interdire l’installation de Wallons dans les communes de l’arrondissement de Bruxelles-Hall-Vilvorde aurait dû entraîner une condamnation immédiate de cette manifestation évidente de racisme et de xénophobie, contraire aux « grands principes » au nom desquels on nous demande si souvent de renoncer à la souveraineté nationale. Mais là, rien ou presque. Des extrémistes, dignes héritiers des nationalistes flamands qui faisaient cause commune les nazis pendant la dernière guerre, font la loi. Il y a quelques décennies, les Flamands plus pauvres que les Wallons, allaient travailler en Wallonie, bénéficiaient du système de solidarité nationale. Aujourd’hui que la situation s’est inversée, les nationalistes flamands, les fascistoïdes du Vlams Belang autant que les « libéraux » à la Leterme ne veulent plus entendre parler de solidarité nationale. Égoïsme sacré: voilà la loi à laquelle les politiciens flamands se sont ralliés, défendant aujourd’hui des positions qui vont bientôt faire apparaître le FN français pour un vrai parti progressiste.
Car Leterme n’est pas seul ; il est, de fait, l’alter ego de Bossi. Si la Belgique explose, les chefs de la Lega qui méprisent la nation italienne et crachent sur le drapeau tricolore se sentiront encouragés à revendiquer la sécession de la soi-disant « Padanie ». Et puis ce sera au tour de l’Espagne et sans doute de la France où les régionalistes trouveront encouragements et subsides pour remettre le métier leur ouvrage.
Le processus d’explosion des nations européennes sur le modèle yougoslave pourrait donc se mettre en marche. Et ses conséquences sont incalculables. Les partisans de l’Europe des régions, Verts en tête, voient maintenant à quoi conduisent leurs lubies. Les diverses variétés de gauchistes qui n’avaient de cesse de rejouer la résistance et de dénoncer les nations comme fourriers de la xénophobie ne pourront pas faire autrement que de constater que les mouvements réactionnaires et xénophobes qui dominent l’Europe sont précisément des mouvements antinationaux.
Dans toutes ces affaires, la France joue un rôle peu glorieux. Inexistante politiquement sur l’arène internationale, elle participe à sa manière au dépeçage de la Grèce, par l’intermédiaire de ses banques. Quant à nos amis Belges, Paris s’en moque comme d’une guigne.
L’état moral et intellectuel lamentable des classes dirigeantes et des élites nous laisse à nous, Européens, peu d’espérance en des temps meilleurs. Comme nations et comme culture, nous sommes invités à nous laisser mourir tranquillement, sans protester. Jusqu’à quand l’accepterons-nous ?
Il faudrait que ce cri d'alarme soit entendu.
C'est peut-être le processus historique et économique de la crise en cours et et les évènements qui le marquent qui le permettront.