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Au Venezuela les deux camps ont gagné…

Par Jean-Paul Damaggio • Internationale • Mardi 28/09/2010 • 0 commentaires  • Lu 2010 fois • Version imprimable


Au Venezuela comme partout, les soirs d’élections n’engrangent que des victoires pour les principaux participants. Chavez a gagné puisqu’il conserve une large majorité de députés. L’opposition a gagné car pour le Parlement andin où le mode de scrutin est plus clair chaque camp a 45 % (voire même 52% pour l’opposition).

 

Dans le camp chaviste on retient donc le nombre de députés et dans le camp adverse le nombre de voix.

Dans le camp chaviste on retient la propagande internationale de la droite, et dans le camp adverse le contrôle du pouvoir d’Etat par les officialistes, un contrôle qui a d’ailleurs retardé la publication des résultats

Les deux camps étant d’accord sur un point : l’importante participation électorale de 66%.

Nombre de députés : 94 contre 63. Chavez peut tourner la question comme il veut, il avait tablé sur 110 députés pour avoir une large majorité (la majorité qualifiée des 2/3 qui aurait permis de tout décider). Avec 3 députés pour les Indigènes, 2 députés pour le PPT et des députés à répartir encore, le compte n’y est pas.

Aux municipales, la victoire de la droite avait été très forte dans les villes jusqu’à gagner Caracas. La tendance est la même avec cependant un échec cette fois à Caracas.

La droite prétend qu’elle a eu 52% des voix mais la représentation des villes étant défavorisée elle reste minoritaire au Parlement. Son chiffre n’est pas contesté par le pouvoir qui a préféré ne pas donner, à ce jour, le nombre de voix total.

L’histoire du Venezuela entre donc dans une phase critique qui va commencer par l’analyse des résultats dans les deux camps. Fallait-il vraiment présidentialiser ce vote ? Aujourd’hui Chavez lui-même est de ce fait en difficulté car dans une présidentielle sa victoire devient moins évidente. Toute la droite se sent à présent fortement mobilisable : elle a le vent en poupe, tandis qu’à gauche, le découragement pointe le bout de son nez.

Or face aux difficultés réelles du pays (que la droite a su exploiter) un besoin d’une majorité plus large était indispensable. Le Parlement va bloquer toutes les réformes décisives. Après une certaine mise au pas de la presse nationale (la disparition de la chaîne télé la plus férocement à droite), après les mesures politiques du passé, quelle direction prendre ? Une fois encore, l’économie d’Etat montre ses limites : la distribution par MERCAL des aliments fondamentaux n’est pas aussi efficiente que prévue. Si on prend le cas du métro de Caracas, on a pu faire porter le chapeau des dysfonctionnements, une fois, deux fois, trois fois, aux dirigeants, si bien que c’est un militaire qui, à un moment, a pris l’entreprise en main, or le résultat n’est pas plus brillant.

Le régime va-t-il tenir compte des observations de l’opposition ou va-t-il continuer l’affronter durement ? L’opposition a su tirer les leçons de ses erreurs en abandonnant la stratégie de la chaise vide et elle y trouve des bénéfices. Qui, parmi les Bolivariens, va pouvoir proposer un dialogue capable de contenir la droite tout en résolvant les problèmes de la gauche ? Parmi les défenseurs de Chavez, j’ai lu ceux qui ne veulent pas voir la réalité en face (ils ne parlent que de la victoire), ceux qui préparent les reculs à venir, ceux qui cherchent sincèrement à comprendre. Depuis plus de dix ans, j’observe l’expérience bolivarienne avec un très grand intérêt car elle représente une recherche utile à tous. Le tournant a été la décision de Chavez d’obtenir, en faisant revoter le pays par un deuxième référendum, le droit à un troisième mandat. C’est un aveu de faiblesse du régime. Toute l’histoire politique nous enseigne que personne n’échappe à l’usure du pouvoir, surtout ceux qui luttent pour en transformer la nature. Ce n’est pas démissionner que de dire : « je laisse la place de président à quelqu’un d’autre pour travailler à des tâches nouvelles ». A suivre donc.

28-09-2010 Jean-Paul Damaggio
 

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