Afficher les contradictions réelles, c’est pour le système US s’assurer qu’on reste dans le même système ; ce qui ne veut pas dire que les dites contradictions sont factices, négligeables voire méprisables. Pour reprendre un débat lancé par Denis Collin sur le clivage droite-gauche : les agro-carburants sont de droite ou de gauche ? La fin de la pub à la télé publique c’est une mesure de droite ou de gauche ? Quand le capitalisme est tellement dominant qu’il contrôle tout, les contradictions qui lui sont propres deviennent les seules contradictions réelles ! La lutte n’est plus, aimait répéter Vazquez Montalban, entre les multinationales et le peuple, mais au sein des multinationales, le peuple n’arrivant plus ( à cause des organisations devant le représenter) à occuper une place repérable.
Avec Tom Vilsack les pétroliers et tout le complexe militaro-industriel vont donc devoir réorganiser leurs priorités. L’agriculture va rester toujours plus productiviste mais en devenant matière première de l’industrie énergétique, elle reprend du galon car, c’est bien connu, nourrir les hommes est nettement moins honorable que nourrir les machines. Au sein même des oligarchies, des perdants vont verser « sang et larmes », sauf qu’à la différence des pauvres, ils sont très nombreux à retomber sur leurs pieds.
Tom Vilsack pourra compter sur l’appui très net du ministre de l’énergie, Steven Chu, un physicien qui fut prix Nobel. La quatrième génération des bio-combustibles sera plus que jamais à l’ordre du jour. La seule dimension verte de toute cette activité, c’est l’argent qui est massivement investi (en l’occurrence le billet vert).
Face à ce choix, l’Association des Consommateurs Bio s’insurge. Ils s’appellent Organic Consumers Association et il est amusant de découvrir un marché « organique » en plein Manhattan devant Le Lincoln Center. Obama a promis un monde soutenable, et ils ont compris un monde écolo. Obama n’est pas l’inventeur de la confusion organisée de divers côtés entre les termes bio-carburants et agro-carburants, il se contente de surfer sur la mode du bio (tout fabricant de produits alimentaires vous dira l’enjeu marketing du terme Oméga3 dans la classe sociale moyenne) pour faire avancer sa version capitaliste (je note en passant que si le mot capitalisme est revenu fortement dans les discours j’attends encore l’apparition de son corollaire : lutte des classes).
Je n’ai jamais été surpris qu’Al Gore –que certains voyaient dans l’équipe Obama - ait été le défenseur du « miracle » internet au cours des années 90, comme il est le dénonciateur du « réchauffement climatique » : les questions sont prises par tranches idéalisées faisant perdre de vue la démarche d’ensemble. Tom Vilsack est là pour défendre son lobby, les ripostes s’organisent. Chacun à sa place, les promesses seront-elles tenues ?
20-01-2009 Jean-Paul Damaggio
Rezo.net : "Autre promesse dObama : Tom Vilsack (La Sociale 20h19)"