BRICS , en clair le regroupement Brésil, Russie, Inde, Chine, auquel vient de s'ajouter l'Afrique du Sud pour faire BRICS. Les dirigeants de ces pays viennent de tenir leur septième sommet à Fortaleza au Brésil. Au Mexique (aujourd'hui je prends cet exemple) ce regroupement fait débat. Sur La Jornada, le 16 juillet 2014, Alejandro Nadal donne son opinion et 21 juillet Angel Guerra Cabrera va développer une opinion opposée. Je vais donner les deux approches en laissant le lecteur juge.
BRICS, la fabrique de mythes ?
Le cœur du débat tourne autour de l'idée que ce regroupement va pouvoir mettre à mal l'hégémonie des USA et qu'à ce titre il faudrait le soutenir. Pour Alejandro Nadal, il s'agit de fabriquer un nouveau mythe, non qu'il soit heureux de l'hégémonie des USA, mais il trouve les lauriers tressés pour le BRICS plus qu'exagérés.
Si au départ du BRIC, son développement prévisible était tel qu'en 2003 Goldman Sachs pronostiquait son succès dans les quarante ans, depuis 2008 la crise n'a pas touché que les USA et l'Europe, pour la simple raison que les économies du BRIC dépendent pour une bonne part de celles des USA et de l'Europe !
Étrangement, trois événements sportifs gigantesques viennent à la fois de relancer les économies en question de manière temporaire mais de les plomber sur le long terme.
Alejandro Nadal indique : "les Jeux Olympiques d'hiver à Sochi (51 mille millions de dollars), les Jeux Olympiques de Pékin en 2008 (40 mmdd) et la Coupe du Monde de football au Brésil (19 mmdd).
Quant à la Banque commune elle concerne des pays connus pour leurs intérêts divergents. L'amour entre la Chine et l'Inde n'est pas à l'ordre du jour. La Chine est en concurrence directe avec l'Afrique du Sud dans son exploitation de l'Afrique en général. Et de toute façon Alejandro Nadal rappelle que "le modèle néolibéral continue d'être l'épine dorsale des directives de politique économique dans le BRICS." L'observation majeure d'Alejandro Nadal tient au fait que dans les dites économies du BRICS, l'exploitation des travailleurs est très forte et va le rester au nom de la compétitivité.
BRICS puissant contrepoids à l'hégémonie de Washington ?
L'idée d'un monde multipolaire est défendue par beaucoup d'observateurs à travers le monde et tient nous dit Angel Guerra Cabrera "au moteur économique chinois et à la récupération par la Russie de son indépendance…". Pour lui : "le Sommet a fait trembler les finances internationales avec la création de la Nouvelle Banque de Développement(NBD) du BRICS, avec un capital autorisé de 100 milliards de dollars".
La bataille est donc une bataille financière. C'est la reprise d'un vieux rêve de l'URSS : dépasser les USA, faire mieux que les USA.
Le potentiel des pays en question serait énorme : 42% de la population mondiale et 18,5% du PIB mondial. C'est sur le terrain même du capitalisme US que le BRICS veut mettre en cause l'hégémonie dominante. Voilà pourquoi, suite à Fortalezaa, Angel Guerra Cabrera se félicite des visites de Poutine dans des pays d'Amérique latine et en particulier à Cuba où la dette contractée envers l'ex-URSS a été effacée. Avec quoi en échange ? De forts investissements dans le pétrole en eaux profondes.
Angel Guerra Cabrera termine ainsi son article : " J’inclus dans ce bilan l’organisation très réussie par le Brésil de la Coupe du Monde de football, qui en plus d’avoir dépassé les revenus prévus par le tourisme, ne produisit aucun des scénarios dramatiques pronostiqués par la campagne médiatique impérialiste de mèche avec la droite brésilienne."
Nous savons tous que les "scénarios dramatiques" s'appellent au Brésil, luttes sociales.
Jean-Paul Damaggio
Le journal de BORIS VICTOR : Un article de Denis Collin sur le site La SOCIALE : : "23/07/14 - BRICS, une alternative ?"