Les internautes peuvent en suivre les travaux sur leur ordinateur. Ils peuvent passer et repasser les épisodes. Sauf que la rencontre de 1500 personnes n’était pas virtuelle mais bien réelle.
Le premier dilemme des temps modernes consiste à articuler le collectif et l’individuel (internet mettant toujours plus en avant l’individuel sur le collectif). Le type de salle choisi a permis cette souplesse. Pas de tribune frontale, pas de chaises fixes. Trois petites tribunes au milieu de la salle conformément aux trois espaces et dans la salle des tables rondes pour huit personnes pouvant échanger entre elles dans des temps consacrés à cet effet. Non je ne dis pas que la démocratie dépend de la géographie d’une salle, car la forme ne décide pas du fond, mais le fond a besoin d’une forme à sa convenance.
J'ai remarqué que les médias n'ont rendu compte (sauf exception) que de l'intervention de Mélenchon alors que la lecture de quelques bilans de participants évoquent surtout les débats autour de la table qui pour le samedi ont pris trois fois vingt minutes donc une heure sur un total de huit heures.
Choisir des campagnes nationales
Les élections passées que peut faire un mouvement politique ? Surtout qu’il reste 20 mois sans rendez-vous majeur. Le «groupe dirigeant» a donc proposé 30 types de campagnes possibles soumises au vote des internautes ayant cliqués pour France insoumise.
Personne ne peut vérifier la sincérité des résultats si n’est la confiance que l’on a pour ses organisateurs. Pour ma part j’ai plus tendance à remettre en cause le questionnaire que la véracité des résultats qui ont donné 69 007 exprimés avec 30% à cette proposition n°10 : "Lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes (précarité, mal logement, accès aux soins, surendettement, expulsions en dehors de la trêve hivernale) en exigeant notamment l'augmentation des salaires et des minimas sociaux."
La deuxième campagne est la n°1 présentée ainsi : "Exiger la fermeture des réacteurs nucléaires en fin de vie pour aller vers la sortie du nucléaire et la promotion des énergies écologiques alternatives."
Il est facile de constater que la question part d'un constat pour aller vers une proposition.
Ces résultats témoignent d'une réalité d'un mouvement à la fois marqué par la révolte contre l'injustice sociale et par la situation écologique. Donc ces campagnes (avec celle contre l'évasion fiscale) ont été discutés aux tables de 8 avec restitution. Elle ne pouvait pas se faire par table donc il a été proposé d'envoyer un SMS à une adresse mais très vite cette pratique s'et révélée impossible. Donc les observations mises sur papier seront rassemblées et donneront lieu à une synthèse.
Le chemin de l'individuel (le débat aux tables) au collectif (l'axe du mouvement) ne peut pas être clair car il postule que des synthèses sont possibles. Or ce n'est pas possible toujours. J'ai pris un exemple à propos de l'analyse du FN qui dans la boîte à idées a donné lieu à diverses interventions contradictoires, la soi-disant synthèse faisant alors l'impasse sur le sujet.
L'organisation
J'ai suivi les débats du dimanche sur internet. Les votes ont été beaucoup moins importants sur les principes (20229) et sur la charte des groupes d'action (15000) car le vote était fermé : pour ou contre le texte proposé. Dans les deux cas on arrive donc à plus de 90% de gens d'accord. La faible participation indique à mon sens un grand scepticisme sur ces points.
La plupart des participants n'avaient pas noté la mise en place d'une assemblée représentative dont le calendrier sera donné.
Tout comme pour les questions de financement qui restent peu claires et seulement débattues aux tables de 8, l'organisation manque de clarté avec des espaces polycentriques pour un mouvement polycentrique né d'une campagne par excellence pyramidale, la présidentielle.
La Convention a cependant révélé à ceux qui me disaient en juin que la FI n'aurait pas quinze jours de vie que la jeunesse des intervenants et la foule des participants est signe de bonne santé. J-P Damaggio
Ce même WE j'étais derrière mon ordinateur, comme la fois précédente, lors de la Convention de Lille, mais dans un état d'esprit très différent. Autant j'étais enthousiaste pour cette dernière,
Sur le déroulement :
Samedi était la journée douce, plutôt consensuelle qui permettait de souder les rangs. Rien, absolument rien sur ce qui fâche....
Dimanche : on expédie le plus vite possible les 3 consultations qui traduisent, si on veut bien le voir, la relativité démocratique de LFI post élections (cf ci-dessous) et on s'étale un max sur le soi-disant moyen révolutionnaire "méthode Alinsky-auto-construction" qui réinvente la roue*.
Au passage, on laisse dire des choses fausses dans le second sketch ridicule (un directeur d'école n'est pas dans la hiérarchie et n'a aucun pouvoir, ce qui fait de lui et des collègues profs des écoles des alliés objectifs et, d'autre part,les associations de parents d'élèves sont totalement ignorées, ce qui est un comble pour ceux qui se veulent être proches du terrain !)
* Fin des années 60 et années 70 j'étais militant communiste et avec les copains on faisait ça à tour de bras et Alinsky on ne connaissait pas ! Par contre, on faisait de la politique, on travaillait sur l'action et on n'avait pas besoin d'apprendre à "coincer" les gens pen les prenant par le bon bout. Je suis consterné d'entendre des jeunes militants affirmer que c'est totalement nouveau, comme s'il fallait absolument effacer ce qui se faisait avant, dans le vieux monde. Sauf qu'on triche en s'appuyant sur l'ignorance pour faire croire à des pratiques qui n'ont de nouvelles que le nom...
Je passe sur la description de la salle, de l'organisation de la convention. Nous avons dans le domaine un vrai savoir faire qui est d'ailleurs reconnu par nos adversaires.
La deuxième journée devait être davantage consacrée à l’organisation du mouvement. Quelle organisation ? Celle qui consiste à uniquement auto-construire ? Celle qui nie la notion de mandats, sous prétexte de ne pas ressembler à un parti ? Certes nous ne pratiquons pas l'hypocrisie LREM qui consiste à faire croire que le mouvement a un responsable élu par les militants, alors qu'il a été désigné. Notre pratique c'est le fait accompli en désignant, sans le faire vraiment Manu Bompard que j'aurai eu le plus grand plaisir à élire. Quant à l'Assemblée représentative promise, j'ai très peur qu'on nous serve une version corrigée mais identique sur le fond, après l'échec M6R...
Mon avis plus complet :
69 007/550 000 votes sur les campagnes (12,55%) :
Charte : 93,14%------>15 689 votants/550 000------>(2,85%) !!!
Principes : 96,43%------>20 285 votants/550 000------>(3,68%) !!!
Je sais que lorsqu'on est 550 000, on ne peut pas espérer un pourcentage d'exprimés mirifique. C'est justement pourquoi, il fallait débattre pendant ces deux jours et ce débat n'a pas eu lieu, malheureusement. Je soulève ça parce que j'ai passé une journée entière à lire les contributions de la boîte à idées et je n'ai pas eu le sentiment du tout que ce qui était porté par la direction nationale, oui elle existe, était aussi majoritaire que les apparences le laissent entendre. Faute de logiciel adéquat, je ne peux pas en apporter la preuve, tellement l'analyse à la main était impossible. Pour ne pas accabler je ne traduis pas en % le nombre de contributions. Alors, la méthode, je ne préfère pas la qualifier. C'est sans doute ma plus grande déception qui nourrit l'essentiel de ma colère évoquée plus haut.
Je n'évoque même pas que lors des consultations, il n'y avait aucun moyen de nuancer son propos puisque c'était blanc ou noir, ce qui m'a fait voter contre sur la charte et les principes, alors que j'avais des points d'accord. Voter pour revenait à cautionner des choses sur lesquelles j'étais en désaccord profond (je sais que d'autres copains ont éprouvé la même difficulté). Cette remarque reste valable pour le dernier questionnaire reçu. Il y a bien là une forme très marquée de verrouillage. D'ailleurs les questionnaires reçus ces derniers jours appliquent la même recette : aucune nuance possible ! C'est oui ou Non et basta et le choix des items n'est pas neutre...
De la même façon, durant la Convention, il n'a jamais été question de donner la parole à des militants lambda qui s'inscrivent en séance (et pas désignés des semaines avant parce qu'ils interviendront dans la ligne). D'ailleurs, selon des camarades tirés au sort, il n'y avait aucun dispositif de prévu dans la salle pour s'inscrire dans le débat en séance plénière...
C'est cela la démocratie FI ? Tout était prêt, tout a fonctionné : le Mouvement est désormais verrouillé ? Je ne peux toujours pas y croire !
Le chef qui n'est pas le chef c'est Manu Bompard (quelle surprise !)
Triomphe de l'auto-organisation-méthode Alinsky-machintruc « polycentrique » qui permet au pôle politique de fixer la ligne sans risquer des GA responsables et réellement autonomes (Parny "Remarquable" dans le rôle qui lui a été assigné et qu'il a accepté - faire dire à un communiste qu'il ne faut pas de responsables mandatés au prétexte qu'il ne faut pas de chef !!!) et au pôle des luttes de porter la "bonne parole" et de "guider" les GA sur "la bonne voie"...
Un point positif (?) : j'ai enfin compris l'utilité du M6R qui a permis de tester ce qu'il était possible de faire pour que les manipulations passent comme une lettre à la poste. Pari gagné !!!
C'est pessimiste, je le reconnais mais tellement et cruellement vrai, à mes yeux.
En ce qui me concerne, je ne cautionne pas cette LFI dont je ne veux pas. Je me consacre, toujours en insoumis, à mon blog et à ma page FB de soutien à nos député.e.s et basta !
Je ne veux pas desservir le mouvement. Je ne veux pas contribuer à la création de courants de pensées, de tendances, ce qui serait la pire des choses.
Les grandes vertus d'Alinsky-génial et inégalé se traduisent par exemple comme les maraudes organisées à Marseille (sans doute ville modèle, on ne sait pourquoi...) pour distibuer 300 repas aux plus pauvres, ,se substituant ainsi aux ONG aux associations qui font ça depuis longtemps et qui le font bien et nous mettant hors champs de notre intervention politique. Plus grave encore, nous acceptons les méthodes des mouvements totalitaires qui achètent ainsi les affamés. Comment pouvons-nous accepter ça ?
Un des grands mots d'ordre de la Convention « Plus jamais de tambouilles ! » aussitôt contredit par le traitement particulier du cas Hamont avec son mouvement « Génération.s » : on y délègue Bompard et Ugo Bernalicis ou Lachaud (j'ai un trou de mémoire) à la réunion fondatrice, qui est le « ON » ? Au nom de quoi ? Nous avons inventé la "tambouillette" !
Doit-on comprendre que Hamont n'est plus responsable de la non présence de JLM au second tour ? Nous avons subitement des garanties ? Si oui, sur la base de négociations secrètes ?
Pour conclure, je pense profondément que cette convention est fondatrice, j'en ai très peur, de l'affaiblissement du mouvement. On va encore foutre en l'air une vraie perspective de victoire.
Un dernier mot : mettons nos énergies au service de la popularisation de l'excellent travail de nos député.e.s. C'est de mon point de vue ainsi que nous remettrons nos forces en mouvement. Notre "Avenir en commun" c'est à l'Assemblée qu'il est le mieux incarné. Faisons de ce travail quelque chose de positif et de formateur pour le Peuple.
Voilà, j'ai donné mon avis avec sincérité, en lissant un peu mes propos pour ne pas trop fournir d'arguments à nos adversaires.
Mes amitiés fraternelles, militantes et insoumises
JM Pascal (Cognac, Charente)