Des victimes…
"Dans le secret du « Burn out »" n’est pas le passage en revue des professions atteintes mais une enquête qui démontre que nul n’est à l’abri dés lors que s’imposent le harcèlement, les pressions hiérarchiques, la dictature du profit, l’absence de considération de l’individu et surtout la perte des valeurs qui conduisent parfois à agir en contradiction avec les raisons pour lesquelles on a choisi une profession.
Mais qui sont donc ces centaines de milliers, ces millions de salariés du public ou du privé, de cadres, d’enseignants, de fonctionnaires, etc… frappés par ce mal nouveau dénommé « Burn out » ou encore « syndrome d’épuisement professionnel » ?
Voila la première interrogation qui a présidé au documentaire que je voulais tourner. « Dans le secret du Burn out » m’a permis de pénétrer les réalités humaines, de dégager les symptômes de cette maladie, d’en comprendre les traits communs… Bref, d’appréhender ce qu’est vraiment le Burn out et d’où il vient, non à partir de seuls discours de spécialistes, mais à partir des victimes, de leur vécu, de leur parole.
… au système responsable.
Je voulais aussi envisager les remèdes possibles à ce qui s’affirme comme "le mal du siècle". Avec une interrogation incontournable : pourquoi donc les pouvoirs publics refusent-ils de reconnaitre le Burn out comme maladie professionnelle alors que les centaines de milliers, les millions de victimes aspirent à être reconnues dans leur mal, à être indemnisées lorsque souvent elles se retrouvent sur la touche avec des moyens de subsistance réduits au minimum.
Les responsabilités ?
Pour les « petites » comme pour les « grandes » choses, le capital tente d’imposer sa loi d’airain au travail, au détriment des millions de salariés. L’indemnisation ? Mais reconnaître la maladie professionnelle contraindrait les patrons à payer. Circulez donc, il n’y a rien à voir !
L’enquête met à jour un système et nous dirige vers des choix politiques, économiques et sociaux dont les effets sont parfois dévastateurs…
J’ai constaté l’écart entre la réalité et l’idéologie au service du capital qui tente d’apporter un semblant d’explication à ce phénomène de masse. Les réflexions « comptoir de café » ne manquent pas : « C’est bien facile de « tomber au travail » lorsque l’état providence permet de « survivre en se la coulant douce » ! Ou encore « ces fameux malades il faudrait leur supprimer toute aide car ce ne sont que des « déprimés d’occasion », de simples « profiteurs », des « parasites » qui pour leur bien-être ruinent les caisses sociales et détruisent les systèmes de solidarité… ». Ou tout autre argument du même acabit.
Ces affirmations parfois assénées sur un ton véhément sont aussi fréquentes qu’elles sont grossières. Il en est des victimes du Burn out comme des chômeurs « responsables de leur chômage », des perdants « responsables de leur défaite ».
Le monde d’Orwell
Plus encore ! Les victimes du Burn out seraient responsables de leur sort comme les grecs de la rue le seraient de leurs finances, comme les migrants de leur migration sur les eaux de la méditerranée au péril de leur vie… Quelles meilleures explications pour dégager le système de ses responsabilités, là les grandes institutions financières, là les gouvernants, là encore les institutions supranationales qui créent le désarroi et la misère par les décisions qu’elles prennent au compte de leurs intérêts.
Les chômeurs, les faibles, les grecs, les migrants, les salariés atteints d’épuisement professionnel, les malades du burn out… Cette logique qui systématiquement aboutit à désigner comme coupable les premières victimes pour mieux protéger le système nous plonge dans le monde d’Orwell… Et il suffit qu’un commentateur en vue, qu’un présentateur en vogue, qu’un politique en mal de publicité émette sous une forme ou une autre ces « explications » en désignant des bouc-émissaires pour que la sphère publique soit submergée.
Le Burn out méritait donc sous cet angle toute notre attention. Car derrière le phénomène, derrière la réalité humaine se trouve un système qui broie l’individu, souvent les meilleurs, les plus investis dans leur travail. C’est cela aussi qu’il me semblait important d’aborder. Les responsabilités politiques, économiques et sociales du mal. Les décisions prises au nom de l’efficacité qui parfois produisent le pire…La réalité d’un système, des rapports sociaux, des relations hiérarchiques, les valeurs parfois bafouées qui produisent désarroi et misère, la toute puissance des institutions supranationales, l’Union européenne, la politique gouvernementale… Bref qualifier le mal pour tenter de réfléchir à un remède.
Jacques Cotta
Le 8 février 2016
La Sociale - « Dans le secret burn out »... : "â–»http://la-sociale.viabloga.com/news/dans-le-secret-burn-ou"