S'identifier - S'inscrire - Contact

De retour de Gaza

un récit de Jacques Jedwab

Par Jacques Jedwab • Internationale • Dimanche 09/03/2008 • 0 commentaires  • Lu 2183 fois • Version imprimable


Je vais parler du Hamas. Nous n’avons pas eu de contact avec des membres du Hamas quand nous étions à Gaza. Il aurait fallu avoir une khoutzpah ( un culot) que je n’avais pas. Je ne l’ai pas demandé et il est vrai qu’on ne me l’a pas proposé.

 

Pendant ce court voyage dans Gaza nous avons entendu parler du Hamas par différentes personnes : d’abord les responsables du PARC, du PCHR et du PMRC qui nous ont reçus, puis des gens que nous avons pu rencontrer comme les employés de l’hôtel où nous avions été logés, hôtel luxueux et vide sur le bord de mer. En Cisjordanie nous avons parlé du Hamas avec une personne que nous avons rencontrée dans l’association Hébron- France, la seule qui nous ait semblé avoir pu voter pour le Hamas, et avec des soldats de l’Autorité originaires de Gaza qui étaient en convalescence après avoir été gravement blessés lors de la prise de pouvoir du Hamas à Gaza. Au total peut-être deux dizaines de personnes, ce qui évidemment ne peut donner aucune indication sur l’opinion publique palestinienne.

Mais ce qui est tout de même intéressant sera de noter comment les jugements sur le Hamas qui ont pu être formulés s’inscrivent dans une suite de propositions logiques et de repérer des couples d’opposés.

Par ailleurs je peux donner des impressions visuelles, des notations d’atmosphère telles que j’ai pu, totalement subjectivement, les éprouver.

La bande de Gaza est un secteur clos, mais en aucun cas un univers en soi. On prend conscience à Gaza de l’interdépendance des groupes humains, de l’importance des échanges. Il est aussi clair que Gaza est un morceau d’un système monde globalisé.

Je comprends l’état de Gaza de la sorte : c’est un morceau d’un ensemble vaste soumis à un processus de dégradation, et ce qui s’y éprouve, se voit, parfois se constate et rarement se comprend est le résultat d’un processus de pourrissement, mais tout autant d’un processus de lutte contre ce pourrissement. Pour prendre une image de thermodynamique, Gaza est un milieu où l’entropie n’est combattue qu’à grand peine par des mécanismes de néguentropie, mais là où ils existent, ces mécanismes sont d’une force extraordinaire.

Pour prendre une autre image, Gaza me paraît être un camp à ciel ouvert, un ghetto, au sens du ghetto de Varsovie, dont j’ai puisé des images dans mon imaginaire personnel pour interpréter la réalité que j’ai rencontrée. Gaza m’a évoqué souvent les images des premiers temps du bouclage du ghetto.

Il faisait froid et il pleuvait. Les enfants comme partout préféraient passer par les flaques. Les voitures slalomaient entre les trous de la route, les lacs qu’elles traversaient prudemment pour ne pas s’y noyer, changeant de voies, la conduite passant brusquement à gauche.

L’état de misère et de régression où est plongé Gaza du fait du blocus, puisque tout y rentre au compte gouttes, est patent dès qu’on y met les pieds : maisons détruites, sciées à la base par des missiles dits intelligents, amas de gravas, omniprésence des ordures, des entassements de toute nature, recours à la traction animale, le plus souvent par des ânes tenaces, absence totale de tout signe d’investissement, d’activité réelle, pauvreté des gens. Et puis, brusquement une boutique, un étal singulièrement fournis.

Tout autant Gaza est traversée par une sorte de frénésie politique, héroïque, de tension révolutionnaire qui est indéniable et lisible dans l’hyper politisation qui se lit sur les murs, tous couverts de slogans, sur les toits des maisons et dans l’atmosphère générale qu’il serait réducteur de résumer à la souffrance ou à la détresse.

Je n’ai pour écrire cela qu’à me rappeler le sourire d’une paysanne qui interrompit les commentaires qu’elle faisait sur son lopin de terre. Un sifflement insignifiant, une bruit de fusée du quatorze juillet venait de se produire derrière nous. Elle chuchota, sûrement pour elle, peut-être pour nous, "qassam".

Dans toute la Palestine plus ou moins autonome on voit des drapeaux aux maisons. Les habitants indiquent leur appartenance politique peut-être autant à des fins de protection que d’affirmation. C’est l’habitude d’annoncer la couleur sur les maisons. A Bethlehem les maisons chrétiennes portent un Saint Georges terrassant le dragon, les musulmanes le Dôme du Rocher.

A Gaza le drapeau vert du Hamas est partout dans la rue, particulièrement à Gaza-city, sur tous les réverbères, sur les images ( photographies ou affiches peintes ) des martyrs, très beaux, très virils et armés. Sur toutes les mosquées aussi, qui sont des lieux politiques.

Mais sur les toits fleurissent le jaune du Fatah, en masse, le rouge du PPP et du FPLP, le noir du Djihad Islamya et parfois le blanc de ceux qui veulent la paix, sans autre forme de procès. Partout aussi le drapeau national. La seule denrée dont Gaza ne paraît pas manquer est le drapeau.

J’ajoute que l’on voit le drapeau jaune à Gaza mais qu’on n’en voit pas de vert en Cisjordanie .

La situation est à la fois simple et complexe : un seul état, le même régime,la même loi, deux pouvoirs. Mais il est vrai que le pouvoir de l’état se réduit en fin de compte plus à ses symboles qu’à ses prérogatives. Le Hamas occupe les bâtiments, le siège du parlement palestinien à Gaza, la résidence de Yasser Arafat, jusqu’aux automitrailleuses qui le protégeaient et sur lesquelles sont repeintes les armes du Hamas.

Il faut bien comprendre la situation : s’il a pris le pouvoir à Gaza, s’il a monté une "Executive Force" qui a une fonction politique au-delà de sa fonction de maintien de l’ordre et de service de la population, visage qu’elle donne sur les affiches où un membre de l’EF tient un enfant par la main, le Hamas respecte l’ordre constitutionnel et la loi palestinienne, et même fonde sa légitimité sur eux. Tout acte contraire à la constitution, et à la loi palestinienne est donc clandestin, caché. Ce montage permet un jeu, ou une apparence de jeu démocratique, qui permettent qu’une ong comme le PCHR puisse continuer à dénoncer les exactions des deux pouvoirs.

Un trait rouge traverse les différents propos entendus, surtout celui des politiques : la situation a une cause unique : le désengagement unilatéral, le blocus et l’occupation.

Le désengagement unilatéral n’a pas d’autre sens que le redéploiement des forces d’occupation. Il n’y a plus de check-points dans Gaza mais l’armée israélienne s’est simplement mise en position plus loin.

Quelles que soient les critiques, et elles sont nombreuses contre le Hamas, mais aussi contre le Fatah, elles ont comme limite ceci : « quand il s’agit de résistance et de lutte contre l’agression nous sommes unis ».

Plusieurs couples d’opposés organisent les discours politiques.

- Occupation/blocus - résistance

- division - unité

- sécularisme- intégrisme

- démocratie- totalitarisme

- nationalisme- islamisme

- fausse paix - vraie paix

- un état- deux états

- humanité- barbarie

- mort- vie.

Pour d’autres personnes croisées, la dureté de la vie est la question dominante. Ils désirent que cela s’arrêtent. Il y a des critiques contre le Hamas, clientéliste, imposant un ordre moral ou plutôt renforçant le moralisme de la société gazaouie. Toutes les musulmanes sont largement couvertes, même si, comme me le diront avec ébahissement mes amies qui avaient assisté à la préparation d’une jeune femme dans un atelier de beauté, sous le hidjab le fard épais.

La haine contre le Hamas je l’ai rencontrée chez un soldat amputé des deux jambes dont la seule question quand il apprit que nous venions de Gaza fut : " comment va le Hamas ?".

Quant au chauffeur qui nous faisait traverser la Bande, il fut étonné que je lui dise que je trouvais la présence du Hamas légère. " Vous ne les voyez pas, mais nous nous les voyons". Plus tard il me montra des miliciens, sans uniformes sans rien , sinon un avachissement singulier sur des chaises placées à un carrefour, et des kalachnikovs posées sur les genoux.

Le soir des chants et des prières à plusieurs voix, semblables à celles qu’on entend à la fin du kippour à Mea Shearim chez les juifs orthodoxes, sortent des mosquées, dans des rues sans musiques et sans cinéma. Mais les paraboliques pullulent et elles captent les chaînes palestiniennes égyptiennes, koweitiennes et israéliennes. Comme pullulent les portables dont les gazaouis sont friands, comme tout le monde ici, et dont les publicités viennent s’insérer parmi les images saintes des martyrs.

Occupation/blocus- résistance :

Pour tous nos interlocuteurs l’occupation et le blocus sont la cause essentielle de la situation de Gaza. L’asphyxie de la Bande est criminelle et barbare, ravageant les hommes, les femmes et les enfants. L’angoisse est partout présente et frappe particulièrement les enfants qui sont pratiquement tous énurétiques, apeurés, incapables de se concentrer. La population de Gaza est condamnée à une mort lente, à la disette. On meurt de faim à Gaza, au sens figuré et même au sens propre, par manque de produits nécessaires, et par l’effroyable condition sanitaire de la Bande, où tout part à veau l’eau, faute de moyen pour lutter contre l’usure.

Le blocus n’est pas la seule cause de la misère. Les incursions israéliennes, les attentats ciblés et les dommages collatéraux qu’ils provoquent créent une ambiance d’angoisse permanente. Tous les jours des civils sont tués ou enlevés, des maisons détruites, des champs dévastés par des incursions de chars. Nous avons vu des locaux associatifs vandalisés comme des écoles primaires de banlieues, sans qu’aucune assurance ici ne vienne remplacer les ordinateurs défoncés ou les portes arrachées. Ces actes, plus que tous autres, donnent une impression accablante de travail sans fin. Et pourtant, autour du PARC nous avons vu une énergie et un désir de vivre éclatants. Permettre aux femmes de sortir de chez elles, rassurer les enfants, les faire jouer, sont les objectifs, modestes et essentiels, de l’association dans son Opération Sourire. Il est notable que ces actes de résistance changent aussi la société, et c’est sans doute ce qu’il y avait de plus probant et de plus émouvant quand les femmes que nous avons rencontrées nous parlaient des changements qu’elles avaient apportés à l’approche de leurs enfants, et du plaisir de réaliser, dans leurs jardins ou dans les ateliers des actions utiles et lucratives.

Division - unité :

Tous nos interlocuteurs ont parlé de l’unité nationale, de la lutte nécessaire contre la division. La division est d’abord celle qui oppose les deux gouvernements, les deux entités, les deux partis Fatah et Hamas.

Pour Ahmed, du PARC, le rapport de force est 50-50 avec des variations. Mais le Hamas a la main mise sur la Bande. Jabr, du PCHR, le plus radical dans ses attaques contre le Hamas, c’est lui qui a tout en main et pas un qassam n’est tiré, que ce soit par le Djihad ou les Kataïeb sans l’accord du Hamas.

Peu de critique contre Abou Mazen, même si l’on nous dit que le Fatah est divisé et que ses jours sont comptés. De même, en Cisjordanie à Daishé, un camp de réfugiés à Hébron, on insistera pour dire que l’on est fidèle à l’OLP et non à l’AP. Parce que l’OLP est représentatif de l’ensemble des Palestiniens et que l’AP est « une tentative ».

La division est quasiment constitutive de la situation des Palestiniens, tant les statuts, les nationalités, les formes des assistances sont bigarrés. Les Palestiniens de Jérusalem ont une ID, identity document israélien, mais ont la nationalité jordanienne. On comptera en shekels mais aussi en rials jordaniens.

Ahmed souhaite une unité qui irait des meilleurs éléments du Fatah à ceux du Hamas. L’évolution du Hamas, pour lui, serait plus rapide sans l’occupation. Israël a contribué à faire du Hamas une force pour contrer l’OLP. Son radicalisme sert Israël dont il justifie les exactions. Une tendance plus ouverte existe à l’intérieur du Hamas, mais ne peut se développer dans les conditions du blocus et de l’occupation.

Ahmed est, de tous nos interlocuteurs, celui avec qui les rencontres ont été les plus fréquentes et les plus intimes, puisqu’il nous a reçu chez lui. Donc sa pensée politique paraît la plus subtile. Mais il est indéniable qu’il a une vision ouverte de l’avenir, que j’ai retrouvée chez un autre responsable du PARC avec qui nous avons parlé à Gaza. C’est une vision entreprenariale, constructive, ouverte à une globalisation contrôlée et, dans la même perspective, favorable à la solution de deux états.

Beaucoup de gens, nous est-il dit, viennent ici avec une mauvaise connaissance de la situation et rêve d’une solution radicale.

Sécularisme -intégrisme :

La principale critique adressée au Hamas que nous ayons entendue est la confusion du domaine sacré et de la politique, qui n’en fait pas partie. Cette confusion, il est vrai, nous a dit Ahmed Sourani, avait été introduite d’abord par le Fatah, qui avait utilisé les mosquées à des fins d’hégémonie politique. Mais la responsabilité originelle repose sur les épaules de l’occupant israélien, qui a largement favorisé le Hamas contre le mouvement national. Ahmed considère que l’occupant, de façon plus subtile, continue à ménager le Hamas. Les attentats ciblés et les destructions étaient plus fréquents et plus meurtriers quand le Fatah était maître de la Bande.

La situation de blocus freine une évolution du Hamas vers le réalisme et le compromis nous a-t-on dit. En revanche nos interlocuteurs divergeaient sur l’opportunité de laisser le pouvoir aux islamistes. Pour l’un, il fallait que le peuple fasse l’expérience d’un pouvoir islamique, pour comprendre qu’il n’avait pas la solution aux problèmes politiques que seule l’union nationale pourrait permettre de résoudre. L’objection qui m’est venue, mais que j’ai gardée pour moi, était qu’il fallait être sûr que les règles du jeu démocratique soient respectées, c’est à dire en fin de compte que le peuple palestinien reste attaché à une démocratie dont ni l’Europe ni les USA ne paraissent avoir voulu.

La critique la plus virulente est venue de notre interlocuteur du PCHR, qui est issu du FPLP. Son attachement au sécularisme, c’est à dire à une stricte séparation du domaine politique et du domaine religieux, allant jusqu’à définir la relation à Dieu comme une affaire purement individuelle, l’amène à récuser totalement l’idée d’une collusion entre le domaine politique et la religion. Il craint une main mise du Hamas sur les autres forces, en particulier à travers les actes de résistance qu’il trouve par ailleurs légitimes. "Le Hamas" dit-il "est une succursale des Frères Musulmans, ils veulent rétablir le Califat". C’est ce qui explique qu’il soit prêt à une trêve avec Israël, pour renforcer son pouvoir ici".

Nous l’interrompons :" Vous dîtes qu’ils veulent instaurer le Califat..."

Lui :" Ce n’est pas moi qui le dis, c’est eux".

Pour lui l’Islamisme ne peut être une solution, mais l’unité nationale. D’une certaine façon, même s’il est lui aussi favorable à ce que toutes les composantes palestiniennes s’unissent, ses propos laissent entendre que le Hamas peut être un adversaire de l’idée nationale.

Il semble par ailleurs que l’impact du Hamas, sur un plan sociétal, soit pesant, et suscite des réactions négatives. Il y a indéniable un aspect totalitaire dans l’ordre moral qui paraît s’imposer, en particulier autour des mosquées. "De plus en plus de gens" dit Ahmed Sourani " préfèrent prier chez eux".

Notre interlocutrice de Hébron, assistante sociale de profession, nous a dit que la ville avait voté massivement pour le Hamas. Elle n’a ajouté aucun commentaire, ce qui me laisse penser que cela pourrait être aussi son choix. Dans le contexte de la Cisjordanie, où le présent n’a pas l’acuité dramatique qu’il a à Gaza, le désespoir, l’absence d’avenir, le poids des arrestations et la dureté de la répression pendant toute la période de la seconde Intifada créent un sentiment nihiliste d’abandon. L’insatisfaction, pour le moins, à l’égard de l’AP, le mélange de clientélisme, de passivité et de régime policier qui la caractérisent, produisent un dolorisme, certes légitime, qui empêche de célébrer ce qui apparaît être la victoire de la seconde Intifada, la manifestation d’une identité palestinienne à ciel ouvert.

Il est vrai qu’on sent en Cisjordanie le climat de Bantoustan, le faste monégasque des manifestations de l’AP, et son impuissance face à l’armée d’occupation.

L’armée israélienne fait des incursions nocturnes et mortelles dans le camp de Daïshe, qui suscitent de vigoureuses protestations des forces armées palestiniennes.

Comme je demandais pourquoi elles ne ripostaient pas, il est arrivé qu’on veuille bien leur trouver des excuses. A Gaza au moins on riposte et on tire des qassams.

A la question, pensez-vous qu’on puisse espérer une paix avec les Israéliens, la dame de Hébron répondit avec vivacité « nothing », ajoutant « ils veulent tout ». De tous nos interlocuteurs, très politiques il est vrai, ce fut la seule à ne pas entrouvrir une porte vers un avenir commun.

Démocratie - totalitarisme :

Une des personnes les plus attachantes avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots à Gaza était un jeune homme du Grand Hôtel de Gaza où le PARC avait voulu que nous logions pour des motifs de sécurité. L’avant-veille, les Israéliens avaient bombardé dans le quartier où se trouve le siège du PARC, non sans prévenir à l’avance la voisinage par le truchement de la Croix Rouge. Il est vrai que dans l’après-midi de notre arrivée avait eu lieu l’exécution à Damas du numéro deux du Hezbollah. On ne nous avait rien dit, mais l’on peut penser que nul ne savait de quoi la nuit serait faite.

L’ambiance de l’hôtel avait quelque chose de Marienbad, puisque nous y étions sans doute les seuls clients. Un mariage avait eu lieu le soir de notre arrivée, mais n’avait laissé aucune trace. Simplement nous avions noté qu’aucune des jeunes femmes que nous avions croisées dans le hall ne portait de foulard sur la tête. Nous apprîmes que l’hôtel était chrétien.

Le jeune homme en question me demanda s’il était vrai comme on le lui avait rapporté que j’étais athée. J’avais répondu ainsi à un de ces collègues qui me demandait quelle était ma religion. « Moi aussi, je ne crois pas en Dieu » me dit-il. La vie lui paraissait impossible ici, l’ordre moral insupportable. Il pensait les tirs de qassams absurde, ravageant pour la population qu’ils exposaient à la réplique sanglante et contribuaient à enfermer ici. Sa parole n’était pas celle des paysans pauvres de la Bande, luttant pour leur survie, mais d’un jeune bourgeois qui perdait sa jeunesse et ses espoirs de jouir de la vie. « There are many people with dirty minds in Gaza » était sa vision de la Bande, sans que je ne puisse savoir qui étaient ces gens au sale esprit.

Son aspiration était la paix, pour voyager, et la démocratie. Par l’hôtel, il avait été en contact avec des étrangers et avait sans doute voyagé. Il appartenait à ce petit monde du bord de mer, tourné vers le tourisme. Un autre hôtel, de l’autre coté de la rue, servait de cadre, le matin de notre départ, à l’interview d’une personnalité. Un journaliste blond filmait le décor. Une escouade de l’EF montait la garde. Des hommes débonnaires qui nous avaient gratifiés d’un sonore « wellcome » en nous croisant.

Les représentants du PARC, du PCHR et de l’PMRC ( palestinian médical relief comitee) que nous avons rencontrés à Gaza, tous issus d’une même association mère, partagent une idéologie laïque. Ils ont été formés par un courrant marxiste ou proche, particulièrement ceux qui se réclament du FPLP. Les membres du PARC paraissent avoir évolué d’une position proche du parti communiste ( PPP ), à une vision plus sociale que révolutionnaire, et tiennent un discours qui se veut dans une recherche consensuelle. Les mêmes critères de rigueur sont partagés par les trois associations. Le travail fait par le PARC auprès des familles pauvres, voire très pauvres est tout à fait représentatif de cette façon de prendre les choses : il s’agit de donner aux gens les moyens de faire face et de s’organiser. Nous avons été impressionnés par le climat d’initiative et d’autonomie, la capacité dans chacun des clubs de femmes, ou dans les familles qui nous ont reçus, de voir des gens prendre librement et clairement la parole, et investir les lieux les regroupant.

Le PCHR est fort par la fiabilité exemplaire des enquêtes qu’il mène. Il traite le pouvoir en place avec la même rigueur, à Gaza et en Cisjordanie. Interrogé sur les évènements sanglants qui avaient accompagné la manifestation du Fatah en commémoration de la mort de Yasser Arafat à, Jabr Wissa, a maintenu avec vigueur sa liberté de parole et le jugement que la responsabilité du Hamas était entière, puisqu’il dirige la Bande. Il en est évidemment pour le Fatah pour toute exaction commise en Cisjordanie.

Nationalisme - Islamisme :

S’il y a pour moi un fil rouge dans ma lecture politique de notre voyage à Gaza et en Cisjordanie, c’est celui de l’affirmation d’une nation palestinienne. Malgré le désastre économique et humain qu’elle fut, la seconde Intifada a rendu irréversible le fait national palestinien, dont l’expression, par ses insignes, ses drapeaux ne peut être entravée par l’occupant. C’est peu de choses, parce que la manœuvre sera toujours d’essayer de transformer ses insignes en breloques, il y a là un support réel à une fierté nationale qui s’exprime largement. Même la petite police palestinienne de l’AP jouit d’un prestige auprès de la population.

Jabr Wissa est, de nos interlocuteurs, celui qui opposa le plus clairement l’Islamisme au mouvement national, en ce sens que, pour lui, ce que signifie l’identité nationale, close géographiquement mais ouverte humainement et politiquement, démocratique, est antagoniste avec le but dernier de l’Islamisme, la dissolution dans un Califat.

Or la terre de Palestine est devenue une nation dans la lutte. La nation palestinienne revendique la totalité de la terre de Palestine, même si l’état palestinien pourrait n’avoir de souveraineté que sur une partie.

Jabr nous disait encore : il faudra que les Israéliens choisissent ou le mariage, et nous devons avoir les mêmes droits, ou le divorce et qu’il soit clair. Mais ils ne pourront pas rester dans cette situation.

S’il est partisan d’un état unique et démocratique ( il se garde bien de lui donner un nom ), il conçoit qu’on passe de façon transitoire par deux états. Mais le fond des choses est ailleurs. Si les Palestiniens ont à lutter dans leur combat contre l’Islamisme, les Israéliens doivent lutter contre le poids du monde juif sur eux.

Il nous a dit cette phrase qui m’a quelque peu interloqué : « les Israéliens sont les victimes des Juifs du monde qui profitent d’eux ».

Cette phrase m’a quelque peu troublé parce qu’elle est à contre courrant de l’idée que je me fais de la situation : les sionistes essayent, non sans succès, d’embarquer les Juifs dans leur cause.

Les deux phrases semblent antagonistes mais il faut d’abord remarquer que Jabr parle des Israéliens et non des sionistes. Sa réflexion porte sur le point suivant : comment libérer les Israéliens, condition nécessaire à une paix possible.

On peut tenter le parallèle suivant : alors que les Palestiniens sont dans un combat national pour se libérer et de l’occupation et de l’Oumma, les sionistes entraînent les Israéliens vers l’Oumma juive. L’État du Peuple Juif apparaît alors comme une notion dont les Israéliens, sur une base nationale et non ethnico religieuse, doivent aussi se débarrasser. Une nation israélienne et une nation palestinienne peuvent arriver à une solution étatique satisfaisante, binational ou bi étatique, il est impossible de faire coexister sur cette terre les hégémonies islamiste et sioniste.

Cette réalité nationale s’impose au Hamas, depuis qu’il s’est engagé dans le jeu démocratique. C’est pourquoi la situation de la Bande est complexe, puisque le Hamas y respecte le cadre politique formel de la large démocratie palestinienne, tout en essayant d’y renforcer un ordre moral islamique.

Fausse paix - vraie paix :

C’est dans ces termes que l’homme qui tient le cybercafé, d’où nous avons adressé quelques mails à Bethlehem, posait la question des relations avec les Israéliens. Comment faire la paix avec un adversaire qui dit et fait n’importe quoi ?

L’expérience palestinienne qu’il avait en tête était celle des négociations de Camp David, où les israéliens avaient démontré qu’ils ne voulaient pas des concessions faites par le Président Arafat.

L’aspiration à la paix est profonde, et peut-être des deux cotés, israélien et palestinien. Mais les Palestiniens doutent de voir des signes d’un engagement réel des Israéliens et ne croient pas en la pression du monde. Pour eux, le monde est ligoté par la culpabilité de l’Holocauste et la soumission maintenant pluri décennale au fait accompli d’un état au dessus des lois internationales.

Paradoxalement, dans un espace où la présence des ong et des autorités du monde entier est patente et lisible à tous les coins de rue, les gens ont la conviction que le monde les abandonne. Et sans doute, ici encore, ce sont plus les symboles du soutien que la réalité du soutien qu’il faut lire sur les plaques apposées à tous les coins de rue. D’autant que sur le seul point réellement consistant, une pression sur Israël, le monde fait preuve d’une totale veulerie.

De la terrasse de la clinique où nous logions à Beth Jala, je pouvais voir Gilo sur sa colline, et deux grues immobiles alors que la semaine de travail avait recommencé.

S’agissait-il d’un arrêt politique ou technique, je ne le sais.

A Bethlehem des cars venus de l’intérieur d’Israël amènent des Palestiniens d’Israël faire leur marché. Le nœud coulant paraît un peu desserré. Mais tout est en place pour que la machine répressive et colonisatrice se remette à tourner à plein régime.

Personne ne croit à la paix prochaine, et tout le monde trouve que la conférence d’Annapolis n’a été qu’une des multiples mascarades qui ont défilé au cours de ces dernières années.

Le désespoir palestinien paraît presque l’image en miroir du no future israélien, de la terrifiante banalité du jugement porté sur les Palestiniens dont la fin dernière serait de jeter les juifs à la mer. Même les militants de la paix, comme Eytan Bronstein ou Esther Goldberg que nous avons rencontrés à Tel Aviv ne peuvent faire autrement que de penser en termes de catastrophe.

« Toute la question est de tenir pour repousser la défaite le plus tard possible », résume Eytan en parlant de l’état d’esprit des Israéliens. Solitude et détresse d’autant plus inquiétantes que nous avons rencontré des militants palestiniens qui croient en la paix, et dans la coexistence des deux peuples et des trois religions.

Un état - deux états :

Y a-t-il une solution imaginable, ou doit-on accepter une situation où seuls les critères moraux et les refus de la barbarie soient envisageables ?

La solution de deux états paraît caduque à bien du monde, alors qu’elle reste la seule option pour l’opinion publique internationale, qu’elle obtient, du moins sur le papier, un soutien quasi universel, à cette réserve près, mais elle est de taille, qu’Israël a tout fait pour l’empêcher et que les USA lui ont garanti l’impunité.

En écoutant nos interlocuteurs, on ne peut qu’être saisi par le paradoxe de la situation :

Ils parlent de la solution terminale, la paix fondée sur un ou deux états, comme si elle était à portée de la main, et en même temps tout le monde semble penser qu’elle n’a jamais été aussi loin.

Nous sommes dans une double temporalité : une temporalité quasi prophétique, utopique, et une temporalité du plus immédiat, de l’urgence ou du désespoir.

Il faut, sans doute, en ajouter une troisième, un passé « réversible », qui est la temporalité des Palestiniens des camps, les réfugiés que nous avons rencontrés à Daishe, qu’ils soient là depuis 48, 67 ou plus récemment encore, la construction du mur provoquant de nouveaux exodes qui viennent grossir les camps. Pour eux, comme le dit le responsable de l’association Phoenix qui nous a reçus, la vie ne tient qu’à ce moment espéré, le moment du retour dans ce chez-soi dont-ils gardent la clé, même si cette clé, ou sa reproduction, sert à attirer le touriste dans les rues de la vieille ville d’Hébron. « Je sais bien », dit-il encore, « que c’est impossible, mais je n’ai que cet espoir pour vivre ».

« Les gens qui viennent ici avec des idées radicales, qui parlent d’un seul état, n’imaginent pas la situation » nous a-t-on dit au PARC. L’homme qui parlait, responsable pour Gaza, était au fait de la situation, locale et nationale, et connaissait les aspirations des différents secteurs de la société palestinienne, notamment de ces cadres qui espèrent un espace où ils pourraient exercer leurs ambitions et leurs compétences. Cette position s’articule avec une vision positive qui m’a impressionné, même si je ne peux m’empêcher d’émettre des réserves et de craindre qu’elle ne soit en fin de compte que de la méthode Coué. Cependant la force du PARC, sa capacité à allier des conceptions agricoles modernes, comme l’agriculture biologiques, au tissu paysan traditionnel, son réalisme foncier, son sens du concret, sa confiance dans les capacités de la population donnent un réel espoir que le réalisme politique et humain puisse l’emporter.

Après tout, nous avons vu tant de ruines de bâtiments à peine construits, que nous pouvons penser que les colonies aussi ne sont que transitoires, et que les colosses modernes aussi ont les pieds d’argile. De fait la prétention israélienne, sa fureur constructrice, captatrice, sans foi ni loi, peut aussi tomber en poussière, même si ses ruines restent stériles un moment. De la grande colonie de Netzarim il ne reste que le jardin d’enfants, un des deux de la Bande, où le PARC a pu amener, vrai voyage même de quelques kilomètres, les enfants de Rafah.

Il faut que les Israéliens choisissent, la divorce ou le mariage, nous a-t-on dit. Nous pourrons accepter le divorce, à condition d’avoir l’entière liberté de notre sort. Ce sera une paix imparfaite, mais ce sera une paix. Seul un état unique et démocratique pourra assurer la paix. Mais sans doute cela sera pour une autre génération.

Pour ma part, quoi qu’il arrive, je peux me formuler deux idées claires. La première est qu’on ne réécrit pas l’histoire et que 1948 est définitivement clos. On n’abolira pas que ce qui est arrivé soit arrivé. Quelle qu’elle soit, la solution sera héritière de l’histoire, du partage, de la Naqba et de la création d’Israël.

La seconde est que la paix ne sera possible que si les Israéliens en finissent avec le sionisme et ses conséquences, dont le phantasme d’adhésion à l’Union Européenne est la dernière.

En ce sens, je suis très intéressé par la proposition, qui peut paraître quelque peu délirante, faite par le prince Turki d’Arabie Saoudite, proposant aux Israéliens de devenir des Arabes Juifs, et d’inclure leur état dans le monde et la ligue arabes. Ce que ce plan sous-entend me paraît porteur de changements d’univers conceptuel pour les nations, israélienne, palestinienne et arabe. C’est, à mon avis de cela, plus que de tout autre chose que les bâtisseurs de paix auront besoin.

Humanité - barbarie :

Il y a quelques mois, le fils aîné de Ahmed Sourani a été une victime collatérale d’un attentat ciblé. Il était dehors avec son petit frère, quand un F16 a lancé un missile sur une voiture qu’il poursuivait. Son père dit que, d’après la télévision israélienne, qui a rendu largement compte de l’affaire, le pilote aurait dit à son commandant qu’il y avait des enfants dans les parages et qu’on lui aurait répondu de passer outre.

Par miracle le frère cadet s’était éloigné pour acheter des friandises au magasin d’à coté. Il y était quand, dans un bruit terrible la voiture a été réduite à l’étoile de masse tordue comme une boulette de papier, il a vu son frère ensanglanté tourner autour, et il s’est précipité à l’intérieur.

L’aîné a été transpercé par de multiples éclats, dans le dos, les mains, la tête mais les reins n’ont pas été touchés. Il a eu l’artère fémorale sectionnée.

Quand le missile a explosé il a pensé à son frère et il a tourné autour de la voiture pour le chercher.

Il a été soigné à Al - Shifa, le principal hôpital de la ville, où il est resté entre la vie et la mort, puis les Israéliens ont accepté qu’il soit transféré à Beer-shev’a, et son père est venu avec lui.

Nous sommes dans le salon des Sourani. Ahmed nous parle de tout cela. Les images qui lui reviennent, malgré qu’il ait du raconter cette atroce histoire bien des fois, lui font rejeter la tête en arrière. La famille est silencieuse, l’enfant blessé sourit. Il porte à la main des éclats visibles. La main reste handicapée. C’est un jeune homme discret qui fait la fierté de ses parents. Il était avant le crime le second meilleur nageur en eau de mer de Gaza.

Surprenant, et même un peu choquant pour notre sensibilité, de grands bouquets de fleurs sont bien en vue dans la pièce. Ils sont l’hommage des différents partis de la Bande au jeune martyr. Ils appartiennent à la zone indécise entre vie et mort et sont comme un rappel qu’ici chaque jour de vie est gagné.

Jabr Wissam a fait des grèves de la faim quand il était en prison pour obtenir différentes améliorations, dont la suspension des fouilles au corps des visiteuses. Lors d’une de ces grèves la procédure de reprise d’un régime solide ne fut respectée et il en eut des séquelles douloureuses.

Il fut admis dans un hôpital israélien en consultation, et le médecin qui devait l’examiner refusa qu’il soit détaché, ce qui rendait l’examen impossible.

Une infirmière rentra alors dans une violente colère contre le médecin et, en prenant sur elle l’entière responsabilité des conséquences obtint qu’on détache Jabr.

Pour lui, ce fut un tournant qui l’amena à une conception humanitaire de son combat. Il a gardé un lien avec cette infirmière.

De même un monsieur dont nous avons fait la connaissance à un check point avant Jérusalem et qui était victime d’exactions et tracas multiples de la part des Israéliens, disait « il faut dire ce qui est, j’ai été admirablement soigné par les médecins israéliens ».

Etrange situation, où la barbarie des actes militaires est tamponnée par l’humanité des médecins.

Le jeune Sourani fut lui aussi admirablement soigné par les Israéliens. Son père est resté avec lui les trois semaines, et put parler librement avec les gens qu’il rencontra et avec qui il a gardé des liens.

Telle est la situation, un mélange de barbarie et d’humanité. Les Palestiniens que nous avons rencontré n’avaient aucune complaisance pour les formes de violences faites aux civils. Ils condamnaient les attentats suicides. Pour les qassams, leur point de vue était un peu différent. Ils déploraient les morts innocents israéliens, mais ils trouvaient légitime toutes les formes de résistance, dans les circonstances exceptionnelles de destruction de la Bande de Gaza.

La destruction de la frontière à Rafah était pour Jabr un signe qu’il fallait que les Israéliens prennent au sérieux, un jet de vapeur qui laissait comprendre la pression intérieure. Il pensait qu’un jour viendrait, et selon toute probabilité très vite, où la population se présenterait devant le mur et tentera de le franchir. Les Israéliens se seront mis alors dans une situation effroyable, face à des gens prêts à se sacrifier. Eux seuls assumeront le carnage qui pourrait suivre.

Vie - mort :

Le 14 février Gaza, on vit dans les magasins gazaouis des bouquets de fleurs roses, que plus personne ne peut exporter, et de gros coussins en forme de coeur. Gaza faitait la Saint Valentin, et les jeunes gens que nous croisions nous souhaitaient " an happy Valentine". Il s’agissait peut-être d’un défi au puritanisme du Hamas, mais certainement d’un défi à la mort.

Quel est la valeur de la vie ? Les Israéliens se disent obsédés, et ils le sont surement, par la crainte de disparaître. Pour eux, ils sont les seuls à comprendre la menace qui pèse sur eux, et qu’ils pensent régler par des moyens techniques, comme les scanners performants de leur aeroport, ou les rayons x du terminal d’Erez.

La perspective d’éliminer le peuple palestinien de sa terre échouera, parce que les Palestiniens tiennent et qu’ils marquent des points, quelques soient la désespérance de la situation actuelle. Il y aura encore de nombreuses, trop nombreuses victimes, mais la stratégie israélienne connaîtra la défaite.

Une sorte de défaitisme révolutionnaire s’empare de l’extrème gauche israélienne, comme en témoigne l’admirable lettre d’Eytan Bronstein à son fils Leandro, à l’occasion de la réforme de ce dernier.

Comme idéologie, le sionisme est un produit de la fin du XIX ème siècle, avec sa bonne conscience constructiviste. C’est un mouvement composite, qui s’est avéré dans son développement historique tourner à une paranoïa meurtrière, pratiquant un apartheid des plus appuyés, alors que la nation israélienne est aussi une nation arc en ciel. Sa décomposition, telle qu’elle est maintenant patente, et provoque une sorte de schize des personnalités, conduite au repli individualiste et à la violence.

Dans ce contexte, les échecs sont déniés, mais générent aussi un profond désespoir lorsqu’ils sont évidents.

Gaza risque d’être un nouveau tombeau des illusions sionistes. Une attaque aerienne d’envergure récoltera son lot de victimes innocentes, mais ne réglera pas la questions des qassams et autres katuishas.

L’intervention au sol risque d’être aussi meurtrière pour les forces d’occupation israéliennes que l’aventure libanaise. Israël y perdra le peu de crédibilité qu’il a encore.

Quand les gens meurent tous les jours, nous a-t-on dit, ils peuvent préférer mourir en une fois.

Envoyer l'article à un ami
afficher une version imprimable de cet article Imprimer l'article
générer une version PDF de cet article Article au format PDF

DANS LA MEME RUBRIQUE :
-Un anti-impérialisme réactionnaire
-Caucase : la guerre du gaz
-Grandes manoeuvres dans le Caucase
-Obama : la startup
-Evo Moralès face à son peuple
-Quand les champions de la lutte anti-communautariste en appellent à la communauté juive.
-Colloque insupportable sur l’alternational : Venezuela-France
-La fin de l’histoire n’est pas pour demain.
-La nouvelle ère Chavez
-Poutine, Sarkozy et la gauche ...

 

 
Précédent

Partager cet article


Archives par mois


La Sociale

Il Quarto Stato