Grâce à la proposition de l’Humanité, me voilà libre d’écrire dans cet espace ce que bon me semble. Pour cette première « carte blanche », je voudrais revenir en Tunisie où, malgré la répression, les pressions du FMI et de l’Union européenne, le peuple est parvenu à balayer Ben Ali et sa dictature, suivi un peu plus tard par le peuple égyptien. Il y a quelques semaines, j’étais en Tunisie pour le tournage du documentaire Dans le secret des licenciements. Salaires mensuels de 100 à 200 euros, tout juste de quoi survivre. Ainsi les délocalisations, présentées comme une aubaine pour les pays comme la Tunisie, détruisent les emplois dans notre pays et contribuent à la misère dans le pays d’accueil. On comprend mieux les louanges adressées pendant des années par les puissants à la dictature de Ben Ali. Mais cela fait-il méditer les plus hautes autorités du pays ?
Jeudi, le président de la République était l’invité de TF1 pour « parler aux Français ». Un panel trié sur le volet, des questions bien posées pour des réponses rodées. Aucune contradiction. Un animateur chargé de faire respecter l’ordre si besoin était. Adieu démocratie. Lorsque la communication prend le pas sur l’information, alors nous sommes dans la manipulation !
Naïvement, 8 millions de téléspectateurs attendaient des réponses aux questions posées par la crise. Sur les dégâts provoqués par le capitalisme qui rejette en France un salarié supplémentaire chaque minute dans la misère, renforçant la pauvreté à un pôle de la société lorsqu’à l’autre pôle la richesse s’accumule…
Sur un système et un pouvoir qui a renfloué les banques sans contrepartie, qui organise les délocalisations, en l’occurrence en Tunisie. Sur la remise en cause des acquis sociaux, les retraites, avant de s’occuper de la Sécurité sociale… Sur les services publics saccagés… Sur tout cela, rien, ou presque, dans le monologue présidentiel qui tourne en boucle.
Il n’empêche, la révolution tunisienne a inauguré une nouvelle ère…
Jacques Cotta
Auteur de « Qui veut la peau du service public »
Editions : JC Gawsewitch