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Discrimination positive dans des lycées français !

Par Jean-Paul Damaggio • École • Mardi 22/05/2007 • 0 commentaires  • Lu 1940 fois • Version imprimable


Dans un article précédent Denis Collin nous invita, de belle manière, à lire le livre de Julien Landfried contre le communautarisme. Dans sa conclusion, parmi les questions à traiter pour combattre les communautarismes il mentionna naturellement l’instruction. Or, dans notre chère Education encore nationale, à l’âge du lycée, se met en place dans quelques établissements expérimentaux une « discrimination positive » porteuse bien sûr de communautarisme.

Voyons les faits pour commencer : depuis l’automne 2006, le lycée A. Bourdelle de Montauban met en place un partenariat entre le lycée et l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse dans le cadre des projets « Ambition Réussite ». Il s’agit de permettre à des élèves de très bon niveau scolaire de passer le concours d’entrée de l’IEP en bénéficiant d’une préparation particulière, en petits groupes. Ces élèves sont choisis à partir de critères divers. Le lycée doit aider à la promotion d’une « élite scolaire » à laquelle on donne une chance de poursuivre des études « d’excellence » et qui « redore l’image de lycée « ghetto » ». L’IEP diversifie son recrutement afin d’avoir des classes dominantes issues de tous les milieux. Les moyens mis en place sont les suivants :
- •des réunions entre les 6 établissements de Midi-Pyrénées qui sont associés à ce projet avec des professeurs de l’IEP afin de produire un travail collectif et constructif.
- •des séances de travail le mercredi avec les élèves de seconde, première et terminale concernés par le projet et intéressés.
- la participation à un concours blanc commun pour les terminales, à un débat commun sur l’égalité des chances pour les premières...

Il s’agit bien d’une démarche de « discrimination positive » mise en place sans la moindre discussion sur le fond. Les enseignants sont mis face à ce dilemme : ou ils aident quelques enfants repérés, ou la sélection restera la même. Chacun imagine les discussions qui peuvent en découler en salle des profs. « Et si cette stratégie était le point de départ d’une réforme globale nous amenant pas à pas à l’égalité ? »

Une des questions clefs tourne autour du mode de sélection des établissements inclus dans le projet, et du mode de sélection d’enfants destinés dès la classe de seconde à l’IEP. Et déjà on oublie la discussion sur le principe « discrimination positive » puisque de toute façon il se met en place. Les luttes pour l’instruction vont-elles devenir des luttes pour élargir le champ des bénéficiaires de la discrimination positive ?

Et à présent, passons au communautarisme qui est différent du sens de la communauté. Aux USA, il était plus facile d’instaurer une discrimination positive à partir du moment où il est admis qu’avec un caractère négroïde, on est noir, et que les noirs devaient être les bénéficiaires du projet pour « colorer » la classe dominante. Même dans ce contexte où le communautarisme existe (après une adhésion profonde à la communauté nationale comme le pointe très bien Denis Collin) la discrimination dite positive (pourrait-on dire un racisme positif ?) alimente le communautarisme. Dans un lycée français, les élèves choisis vont contribuer au communautarisme. Comme autrefois les lycéens faisant latin-grec ? Pour affronter la contre-révolution du fait accompli, je laisse la question ouverte.

10-05-2007 Jean-Paul Damaggio


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