S'identifier - S'inscrire - Contact

Du référendum de 2005 au "Mécanisme Européen de Stabilité" et au nouveau traité européen « Merkel Sarkozy »…

Du oui à l’abstention socialiste, "Un CDD sinon Rien"... Nos valeurs bafouées !

Par Jacques Cotta • Actualités • Samedi 10/03/2012 • 1 commentaire  • Lu 11062 fois • Version imprimable


La destruction du travail, des statuts, de la protection sociale, la baisse des salaires, la régression du droit du travail, la précarisation générale ne sont pas question d’idéologie. Elles sont la conséquence des décisions politiques prises par nos élus et nos gouvernants. D’où l’importance des choix à opérer… Ainsi, alors que les thèmes de campagne se succèdent, que chaque camps détermine ses propos non en fonction de l’urgence ou d’une orientation bien définie, mais de l’idée qu’il se fait de la rentabilité électorale que chaque mot peut lui apporter, un fait passé sous silence tant par les médias que par les hommes politiques –à l’exception notoire de Jean Luc Mélenchon- vient de se dérouler. Le vote par l’assemblée nationale, et par le sénat à majorité socialiste, du MES –« le mécanisme européen de stabilité »- et au niveau européen la signature d’un nouveau traité début mars que le couple Sarkozy Merkel veut imposer aux peuples… Ainsi l’occasion de définir un véritable clivage entre indépendance et soumission, souveraineté et domination, gauche fidèle aux valeurs et droite respectueuse des intérêts du capital se présentait … Mais en vain. En réalité, l’existence de consensus mortifères entre la droite au pouvoir et la gauche qui y aspire a éclaté au grand jour…

L’adaptation au système
De l’UMP au PS, la réflexion dominante semble porter sur la meilleure façon de sauver le système qui pourtant est porteur de crise et de misère pour les peuples, à l’image du peuple grec.
A droite, l’affolement gagne. Les sondages qui indiquent que le candidat Sarkozy ne parvient pas à enrailler le sentiment de rejet dont il est l’objet déterminent les thèmes mis en avant pour siphonner les voix du FN comme cela fut le cas en 2007. Il est donc question de viande Hallal, d’immigration, d’insécurité… qui viennent se substituer par la force des sondages au combat pour les valeurs –dont celle du travail- que le candidat Sarkozy a voulu remettre en avant et dont le thème lui a été livré par le PS qui a préféré s’attacher à d’autres questions…
Au PS donc, le sociétal le dispute au social. Les thèmes chers au parti socialiste qui a décidé de se tourner vers les classes moyennes et la petite bourgeoisie sont affirmés comme la volonté d’une rupture : on nous parle d’euthanasie, de mariage homosexuel, d’adoption… alors que toute question sociétal qui ne part pas de la réalité sociale, des classes qui résistent et combattent souvent pour leur survie, divisent, excluent, opposent, flattent une clientèle souvent minoritaire au détriment de la grande majorité qui se sent ignorée…

La réalité sociale globalement occultée
Les véritables questions sociales qui assaillent des millions de nos concitoyens, les questions liées à l’emploi par exemple, au travail et à la destruction des statuts, à la proposition dans le meilleur des cas d’ « Un CDD sinon Rien », les questions liées au salaire, au logement, à la protection sociale, à l’accès aux services publics,… qui concernent tous nos concitoyens sont parfois énoncées puis vite écartées. Quelle appréciation, quelles réponses ? Certes tous les candidats se succèdent à la porte des usines menacées, serrent les mains, compatissent… Mais quelle politique préconisent-ils, quelles décisions, quelles ruptures avec le système qui engendre la misère ?
Nicolas Sarkozy en veut à « la crise », met en exergue « la lourdeur du droit du travail », veut attaquer « le coût du travail » qui serait excessif, c'est-à-dire le salaire différé ou direct pour mieux préserver le capital dont le coût n’est jamais évoqué, à l’image par exemple des 74 milliards d’euros de bénéfices réalisés par les entreprises du CAC 40 durant l’année 2011, dont plus de la moitié sera redistribuée aux actionnaires. Loin d’être énoncé, loin d’être critiqué, ce parasitisme là qui pèse sur toute la société se trouve encouragé !
François Hollande de son côté se propose d’obliger « la cession des entreprises qui ferment » dés lors qu’un repreneur est accrédité par le tribunal de commerce… Mais quid de la nationalisation, de l’expropriation si nécessaire pour faire prévaloir l’intérêt de millions contre les privilèges d’une poignée ?
Pour la forme on évoque ici ou là la nécessaire réindustrialisation de notre territoire et la défense de la production française. Mais comment ? Quoi sur l’indispensable nationalisation bancaire permettant de maitriser la monnaie et l’investissement de l’état, quoi encore sur les protections mesurées et nécessaires aux frontières ?
A l’instar de la chanson, « encore des mots, toujours des mots, encore les mêmes » semblent penser des millions de nos concitoyens désabusés, parfois même démoralisés au point de s’égarer ou d’ignorer la marche qui pourtant conditionne l’avenir. Les véritables questions sociales constituent l’attente générale. Nous ne sommes pas des adeptes des sondages. Pourtant la tendance qu’ils dégagent en signalant un manque d’intérêt ressenti majoritairement par les français durant ce début de campagne est vérifiable. « Nos problèmes, on dirait qu’ils s’en foutent » répètent souvent ceux qui ne peuvent plus finir le mois…

Ne font-ils que s’en foutre ?
De façon pratiquement clandestine, sans que nul ne lève la voix, n’alerte, ne demande des comptes, les députés français ont voté le MES, le mécanisme européen de stabilité le 21 février 2012 et le sénat, à majorité socialiste, l’a entériné à la suite du parlement.
Cet évènement nous plonge au cœur des questions :
 
-> Le contenu du MES d’abord.
Il indique l’importance du vote émis par nos élus. Sans en décortiquer le texte ici dans le détail on notera :
a/que le MES s’appuie sur une société anonyme basée au Luxembourg, chargé de récolter et gérer les fonds que lui allouent les états membres, chacun des 17 états de l’UE devant souscrire des actions à hauteur de son importance économique. Ainsi, l’Allemagne représente 27% du MES, la France 20,5% et …. Malte 0,07%.
b/que les décisions qui y sont prises le sont la majorité simple ou qualifiée (80% des voix nécessaires) étant entendu que chaque état possède autant de voix que son importance lui confère. Là aussi, à titre d’exemple, l’Allemagne possède 27% des votes, la France 21,5% et …. Malte 0,07%. On voit donc la considération qui est faite des Nations et de leur pouvoir respectif…
c/Le MES récolte 700 milliards d’euros parmi les états membres de l’UE. Ainsi, la France devra s’acquitter de la somme de 142, 7 milliards, soit 28,5 milliards par an, plus peut-être si le conseil d’administration du MES et son directeur général le jugent utile.
d/Le MES fonctionne sur un pari : jouer « l’effet de levier », emprunter sur les marchés financiers à taux assez bas de 2000 à 3000 euros destinés à des prêts aux états moyennant commission. Mais cela ne tient que si les « marchés » jouent le jeu. Une dégradation de la part des agences de notation, et la messe sera dite !
e/Aucun avis des parlements nationaux ou du parlement européen ne peut être opposée au MES.
f/Les membres du MES ne peuvent être poursuivis. Au dessus de toute loi, ils sont jugés irresponsables !
g/Enfin et surtout serait-on tenté de dire, toute aide du MES à un pays, toute assistance est conditionnée par la mise en pratique des remèdes préconisés par la troïka, la BCE, le FMI et la CE.
La Grèce donne un aperçu et s’affirme bien comme le ballon d’essai des institutions financières pour toute l’Europe. Plans de rigueurs à répétition, plan de privatisations massives, baisse des salaires, liquidation de services publics, licenciements en masse des fonctionnaires, baisse des retraites, augmentation de la TVA, baisse du SMIC, régression du droit du travail…. Voila la charte minimale qu’il faudra accepter sans discuter pour pouvoir prétendre au soutien du MES… Au fait, vous avez dit soutien ?
 
-> La signification politique du MES
Le MES adopté par les élus à l’assemblée nationale et au sénat est lié au pacte budgétaire signé par les chefs d’état au début du mois de Mars.
Alors que la règle inscrite dans les traités européens interdisant les déficits au delà de 3% du PIB s’est révélée vouée à l’échec puisqu’aucun des pays concerné de la zone euro n’est parvenu à maintenir cet objectif, c’est à 0,5% du PIB que le nouveau traité « Merkel – Sarkozy » veut limiter sous peine de sanctions lourdes le déficit autorisé.
Les conséquences inscrites dans l’adoption de ce que politiques et commentateurs osent appeler une « règle d’or » sont la baisse drastique des dépenses publiques, la fermeture donc des écoles, des hôpitaux, des commissariats, etc… Il ne sert à rien de blablater sur telle ou telle mesure dans un but électoral si par ailleurs les décisions prises nouent autour de notre cou la corde destinée à nous pendre !
Les réductions massives de dépenses nous entrainent dans une spirale assassine : la baisse de l’activité, la diminution des recettes, l’augmentation donc des déficits censés être combattus, … au profit des spéculateurs en tout genre, des banquiers et des grands argentiers qui voient là des sources de profit assurées.
Comment donc les organismes supranationaux peuvent-ils s’assurer que dans chaque pays les décisions prises iront bien dans le sens recherché ?
Le plus simplement du monde : il sera impossible à toute représentation nationale, à tout état de voter son budget s’il n’est pas préalablement autorisé par la commission européenne. C’est donc au sens propre du terme la souveraineté populaire, la souveraineté nationale qui est récusée, balayée, liquidée ! Et contre le pouvoir du peuple par ses représentants, ce sont les banquiers qui pourront en toute légalité directement décider !

Une responsabilité historique
La réalité est sans appel.
Le vote du MES est un soutien direct à la politique qui s’est imposée contre le peuple grec, et qui nous est destiné à sa suite.
Dés lors que valent les déclarations multiples allant pratiquement toutes dans le même sens ? « Notre démarche accepte le MES » a déclaré Pierre Moscovici. « Nous sommes pour une abstention offensive et dynamique » a poursuivi Jean Marc Ayrault. « Nous sommes pour la solidarité et contre l’austérité, donc nous nous abstenons » a conclu sans peur du ridicule, comme si le MES pouvait se découper en rondelles de saucisson, Martine Aubry. 
Rappelons ici que dans le camp socialiste, seuls 20 députés à l’assemblée nationale et 3 sénateurs au sein du sénat ont voté contre le MES. Les autres se sont abstenus. Certes un vote « non » unanime des élus PS à l’assemblée n’aurait rien changé. Mais au sénat, c’est l’abstention socialiste qui a entériné le MES à la grande satisfaction du monde de la finance que par opportunité François Hollande désigne comme l’ennemi à combattre. François Hollande qui n’est pas en reste. Il laisse passer ici un texte qu’il déclare vouloir renégocier une fois élu. Mais la cohérence ne voudrait-elle pas qu’on commence par se dire en désaccord avec le texte, qu’on vote donc contre, pour imposer une renégociation ensuite. A défaut, tout n’est-il pas que simple posture électorale…
Les paroles peuvent donc se succéder. Les engagements aussi. Mais déjà l’avenir est inscrit. Ce sont les forces sociales qui pourront remettre en question toutes les capitulations.
Notre souveraineté, largement entamée, est aujourd’hui menacée. Avec la souveraineté nationale, c’est la nation, la république, les valeurs qui nous fondent, notre héritage qui remonte à la grande révolution qui sont visés. Il ne s’agit pas d’une question mineure, une parmi d’autres, mais d’une question qui conditionne d’un certain point de vue la marche de l’humanité, l’avenir de notre civilisation, les acquis et les progrès gagnés de longue lutte par les générations antérieures.

Et les élections dans tout ça ?
Une des attentes se situe, c’est bien normal, sur le terrain électoral. Les sondages là encore, sans être surestimés, donnent quelques indications qui méritent intérêt.
-Les prévisions indiquent non une adhésion quelconque à François Hollande, pas plus au PS, mais un rejet massif de Nicolas Sarkozy.
-Les intentions indiquent un double phénomène : d’une part par souvenir du « 21 avril », ne pas se disperser et s’emparer du véhicule destiné à chasser Nicolas Sarkozy dés le premier tout. Le vote Hollande donc. D’autre par la volonté d’exprimer par son vote au premier tour une adhésion, même minimale, mais une adhésion indiscutable –sur la question du MES par exemple, sur celle d’une sixième république, ou sur la défense des services publics- en votant pour le Front de Gauche avant de se reporter, faute de mieux, sur l’opposant à Nicolas Sarkozy au second tour.
Quelle que soit l’attitude adoptée, toute analyse sérieuse se doit d’intégrer la période post électorale pour savoir comment prévoir l’avenir, sur quelles lignes de force, comment se réapproprier notre histoire contre toute tentative et volonté confiscatoire….Là encore, la question de la démocratie sera centrale et devra sans doute s’imposer à tous ceux qui aspirent au rassemblement des forces attachées aux valeurs de notre souveraineté, de la démocratie, de la république sociale….
Comme premier acte de cette recomposition nécessaire, ne devrait-on pas dés maintenant préparer la bataille non pour une renégociation du traité, mais pour que la parole soit donnée au peuple français et que par voie référendaire la souveraineté populaire puisse balayer le traité « Sarkozy Merkel », avec lui le MES, et ouvrir la voie à toutes les revendications sociales concernant l’emploi, les salaires, les retraites, la réindustrialisation, les services publics, et toutes les autres auxquelles le peuple français est attaché…

Jacques Cotta
Le 10 mars 2012

 

Partager cet article


Commentaires

la fin d'une démocratie par nouvellon jean claude le Dimanche 11/03/2012 à 10:23

Il est évidant que Sarkozy ou Hollande tout deux veulent une Europe libérale où les peuples n'ont plus leur mot à dire. Par exemple, en Grèce l'Europe serait presque favorable à un retour à la dictature militaire pour faire avaler sa rigueur économique, ainsi qu'en Espagne et etc.



Archives par mois


La Sociale

Il Quarto Stato