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Élections catalanes

Par René Merle • Internationale • Mardi 30/11/2010 • 2 commentaires  • Lu 1992 fois • Version imprimable


Une électrice qui connaît l'orgasme en glissant et glissant encore son bulletin dans l'urne : la pub télévisuelle des socialistes catalans contre l'abstention a fait le bonheur des zappings. Elle ne leur a pas porté chance.

Catalogne-150x150Leur sévère défaite aux élections du Parlement catalan (ce dimanche 28 novembre) prend un singulier relief quand on la rapporte à notre situation française.

Les électeurs catalans ont condamné la politique d’austérité et de régression sociale des socialistes, au pouvoir en Espagne avec le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Zapatero, et en Catalogne avec Montilla et  son « Partit dels Socialistes de Catalunya ».

Politique qui ressemble étrangement à celle que mène en France la droite au pouvoir, et que, des deux côtés des Pyrénées, les gouvernements présentent comme la seule possible et raisonnable : réduction du salaire des fonctionnaires, diminution des indemnités de licenciement, gel des pensions de retraite, recul de 65 à 67 ans du départ à la retraite…

Dans la perspective de l’après-2012 français, cette convergence gestionnaire ne laisse pas d’interroger. Que veulent, que peuvent faire nos socialistes ?  En quoi se démarquent-ils de Zapatero (Ségolène Royal ne s’était-elle pas proclamée Zapatara…).

Autre interrogation intéressante par rapport aux « petits » alliés dont le renfort avait permis aux socialistes catalans de gouverner la « Generalitat » depuis 2003. La gauche nationaliste républicaine (ERC « Esquerra Republicana de Catalunya ») et la coalition « rouges-verts » (ICV-EUIA « Iniciativa per Catalunya Verds – Esquerra Unida i Alternativa ») n’ont rien gagné, au contraire, à leur soutien et participation, mollement critique, au gouvernement socialiste. 

Les électeurs catalans ont donc porté au pouvoir un Centre droit (CIU Convergència i Unió), qui démagogiquement s’était abstenu d’approuver le budget d’austérité. Il leur restera maintenant à juger sur pièces. 

Quid dans tout cela du souverainisme catalan ? Le 11 juillet 2010, une foule énorme, plus d’un million de personnes, défilait à Barcelone pour défendre la « nation catalane ».

Le Centre droit revenu au pouvoir est ferme défenseur de ce souverainisme. Il l’avait institutionnalisé dans ses 23 années de pouvoir à partir de 1980. Il a capté cette fois des voix souverainistes bien au-delà de son électorat traditionnel. Mais cette poussée explique aussi en réaction la montée de la droite « espagnoliste » du PP (Partido Popular).

À noter que Joan Laporta, ex-président charismatique du FC Barcelona, et son tout jeune parti clairement indépendantiste, « Solidaritat Catalana per la Independència » (SI), a fait une percée inattendue, mais significative du rapport entre le foot, les affaires… et le nationalisme.

Affaire intérieure qui ne nous concerne pas ? Voire. Quand je vais en Catalogne, j’éprouve une étrange sensation en voyant s’afficher partout, en revanche contre la répression linguistique franquiste, des mots qui sont aussi ceux de ma langue d’Oc, et je me réjouis de cette offense faite à tous nos pourfendeurs français des « patois » (l'ami Mélanchon entre autres). Mais pour autant je sais aussi combien les nationalistes bourgeois, de retour au pouvoir, sont défenseurs d’une Europe des régions, voire des nations « ethniques », où les acquis sociaux seraient balayés. Avec l’alibi du souverainisme, la Catalogne, la région la plus riche d'Espagne, est en passe de devenir un laboratoire de cette nouvelle Europe libérale contre laquelle « l’État-Nation » français peut encore être un rempart.  

René Merle (Cet article est publié sur le blog personnel de René Merle)

 


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Commentaires

par Pierre Montoya le Mardi 30/11/2010 à 18:58

 C'est un processus normal et qui ne se dément pas, quelques soient les périodes de notre histoire. Les sursauts de la petite et moyenne bourgeoisie suivie par la désespérance des milieux populaires. Il n' y a plus rien à quoi se raccrocher, alors le nationalisme reprend du poil de la bête et du service, à la grande satisfaction de la grande bourgeoisie. Déception aprés deception, le "catalanisme" revient en force mais contrairement aux années 30, sur la droite et la prochaine déception risque de le reporter encore plus à droite.
                       La politique du PSOE dans sa nature caritative, plus proche de la doctrine sociale de l'église que de Pablo Iglesias ou de Largo Caballero, est assez voisine idéologiquement du national catholicisme puisque néo libérale, ne peut entraîner que le rejet, à la fois de la petite et moyenne bourgeoisie comme de la classe ouvrière. La classe ouvrière catalane est orpheline d'un passé que ne peut combler le PSOE actuel avec un ERC "Esquerra républicana de Catalunya" bien plus à gauche sur bien des positions, notamment le rapport à la République et à la laïcité. La CNT n'a plus une position dominante et le mouvement révolutionnaire n'a plus sa puissance d'antan malgré les tentatives de reconstruction du POUM. Le PSOE  qui pourtant avait bénéficié d'un certain élan a déçu les aspirations profondes des héritiers des forces populaires traditionnelles de la catalogne . Le role de l'Europe, n'est pas anodin comme le montre la réforme des collectivités en France, voulue et imposée par le haut, en Espagne, c'est par le bas. La division et la mise en concurrence des territoires pour la grande vente à la découpe et au bénéfice de qui l'on sait. La Catalogne est la région d'Espagne la plus digeste pour les milieux d'affaire, puisque la plus dynamique la plus riche et la plus marchande, dotée d'un nationalisme puissant. La revendication naturelle qui vient c'est "La Catalogne est une Nation" oui mais à la dimension de "l'achetable". De plus le modèle catalan risque de faire tâche d'huile et de s'étendre à d'autres régions. Voilà où mènent des politiques de renoncement et de trahison( c'est un sentiment assez développé en Espagne vis à vis du PSOE) d'autant plus qu'il y a séparation et rupture avec l'UGT . Le processus n'est pas terminé pour la Catalogne comme pour le reste de l'Espagne et le PSOE risque de le payer trés cher en perdant son ame on perd aussi les élections. Le pire est à venir, c'est la sanction mais pour reprendre une phrase de Marx " Quand on veut le changement à n'importe quel prix, on obtient souvent l'inverse de ce que l'on recherche". Illustration qui risque de devenir dramatique de la faillite de la social démocratie et de ses politiques sociales libérales et néo libérales.


Re: commentaire Montoya par merle le Mardi 30/11/2010 à 19:46

 Tout à fait d'accord,
René Merle



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