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Le Mexique face à son devenir

Par Jean-Paul Damaggio • Internationale • Mardi 30/11/2010 • 7 commentaires  • Lu 2132 fois • Version imprimable


Des images d’une guerre de rue brésilienne (11 000 militaires contre les narcos) viennent de nous sortir des discours soporifiques sur les succès de Lula, à partir du moment où chacun comprend que le problème n’est pas là soudainement mais au cœur du pays. Il ne prend cette ampleur visible que pour une raison circonstancielle : dans la ville en question le sport doit être prochainement roi. L’intervention de l’armée a une fonction : dire aux narcos que, vu le nombre de villes brésiliennes, ils peuvent aller faire leurs affaires loin de Rio. Les narcos mexicains eux, n’ont plus d’ordre à recevoir, ils les donnent !

 

L’effet immigration : un piège sans fin ?

L’histoire mexicaine est fortement liée à l’histoire des USA, pays qui, au cours d’une grande guerre de conquête, priva le Mexique d’une grande part de lui-même. Aujourd’hui, il s’agit d’immigration mexicaine vers les USA, suivant la formule dite « gagnant-gagnant » : la main d’œuvre mexicaine volant au secours de l’économie des USA, et les immigrés renvoyant au pays d’origine une part importante de leurs gains. Malheureusement, en peu de temps, ce système qui a fonctionné en partie, a changé du tout au tout. En 2006, la conjoncture a presque résolu positivement le problème visant la légalisation de dix millions de latinos aux USA. De John Mac Cain le Républicain à Ted Kennedy le Démocrate, un courant politique a failli obtenir du Congrès le vote décisif mais au dernier moment, des démocrates et républicains conservateurs ont empêché toute légalisation ! Depuis, le système est devenu « perdant-perdant » : côté USA, Obama qui avait promis la dite légalisation, tente avant janvier, d’obtenir seulement une mini loi concernant les enfants nés aux USA, dans un contexte où la crise sert d’atouts aux xénophobes en tous genres, et côté mexicain, le président peut crier au scandale concernant la situation chez les gringos, il ne considère pas mieux les étrangers vivant au Mexique, que ne le font les autorités US dans leur pays !

Ce froid énorme entre les autorités des deux pays est doublé d’un autre problème, celui de l’évolution du pouvoir des Narcos.

Le pouvoir narco : une insurrection ?

Si en Colombie, et à un moindre degré au Brésil, la violence des narcos est de l’ordre du banal, au Mexique le phénomène est à la fois plus nouveau et plus radical, ce qui provoque une véritable guerre à la frontière des USA. Pendant mon séjour au Mexique Hillary Clinton a cru bon, au grande désespoir des forces de la gauche mexicaine, de désigner à deux reprises les narcos comme des insurgés. John Reed auteur du célèbre, Mexico Insurgés, a dû se retourner dans tombe !

Après avoir donné un coup de pouce aux terroristes désignés ensuite comme le diable, voilà que les USA donnent un coup de pouce aux narcos qui aiment en effet se présenter comme des insurgés ! Ils seraient la nouvelle révolution mexicaine ! Vu qu’avec les islamistes, leurs discours « révolutionnaires » font parfois le bonheur d’éléments de la gauche française, j’attends avec impatience qu’elle diffuse les corridos mexicains à la gloire de tel ou tel cartel !

A vivre au rythme du pays, on a la sensation que la question « narcos » est devenue une obsession totalement justifiée. Pour un séjour mexicain se déroulant dans le Yucatan, zone toujours tranquille, il s’agit d’une vision de loin mais une vision qui permet de discerner les divers éléments :

- double domination (ou même esclavagisation) sur les habitants du lieu par la généralisation de la consommation de drogue et par la terreur.

- double domination sur les autorités par l’argent et le crime.

- mise en place d’une spirale de la répression qui fait que des éléments de l’armée et de la police en arrivent aux méthodes de l’adversaire.

- marginalisation totale de toute revendication pacifique, politique et sociale.

Les chefs narcos deviennent des héros par la construction d’une hégémonie centrée sur l’accès à « l’argent facile » qui se symbolise par la formule consacrée : « il vaut mieux vivre pleinement jusqu’à 20 ans que vivre malheureusement jusqu’à 80 ans ».

Le pouvoir narco devient un cancer social au premier sens du terme. Il ne s’agit plus de truands sanguinaires cantonnés dans un secteur social mais de héros qui osent s’élever contre la légalisation de l’exploitation des pauvres. Ils distribuent donc leur argent pour construire des gymnases, des églises, des œuvres qui sont ensuite à leur dévotion et sous leur contrôle. Des insurgés donc ? Absolument pas quand on note que leur premier adversaire n’est ni le système capitaliste, ni l’Etat de droit mais… le journaliste libre. A Ciudad Juarez (là où la Révolution de 1911 commença) sur le journal local un éditorialiste lança sous forme provocatrice la question : mais que faut-il faire pour plaire aux narcos ? Un journaliste y a été assassiné uniquement parce que chaque jour, il comptait les morts ! Pourquoi cette haine envers la liberté de la presse ?

Les narcos comme forme nouvelle de la contre-révolution !

Cynthia Rodriguez, journaliste mexicaine de Proceso, est allé travailler en Italie pour mieux comprendre la mafia de chez elle. En y arrivant, elle a eu aussitôt la confirmation d’importants liens entre les cartels mexicains et la « N’drangheta », une organisation beaucoup moins connue que « Cosa Nostra » ou « La Camora ». Cynthia Rodriguez a enquêté et découvert que la mafia de Calabre est un type spécifique de criminalité à laquelle l’anti mafia répond par des moyens spécifiques. Là-bas pas l’ombre d’un repenti.

Cette expérience unique, la journaliste en a fait un livre. Face à l’internationalisation des mafias, la riposte a besoin d’être internationale. Malheureusement, malgré des personnes courageuses, dans la presse, la police, la justice, le mal avance à grande vitesse. Tous les jours, la presse mexicaine raconte l’invraisemblable, tous les jours la répression se fait plus féroce, tous les jours l’impasse semble au bout du tunnel. Que disent devant les caméras de télévision des croyants qui sortent d’une église ouvertement payée par la mafia, le portrait du chef étant incrusté en bonne place à l’entrée ? Que des dons de ce genre, ils en veulent beaucoup car peu importe d’où vient l’argent, pourvu que chacun puisse prier dans de bonnes conditions !

Hugo Chavez, en ce mois de novembre, vient lui aussi de mesurer le danger qui monte : il a accepté d’extrader vers les USA un narco  prisonnier au Venezuela, et mieux encore, il a accepté de signer un accord de coopération avec « l’infâme voisin colombien » sur ce sujet. Je vais revenir plus loin sur la signification de telles décisions.

Les révolutions du nouveau millénaire

Tout le monde connaît la question de Louis XVI en 1789 : « Une révolte ou une révolution ? » La révolte était liée au peuple en action, tandis que la révolution, sur le modèle anglais de 1689, était un retour au point de départ, en fait une réaction, en l’occurrence d’une partie de l’aristocratie contre le pouvoir royal, celle qui avait obtenue la convocation des Etats Généraux.

Très vite la Révolution française a transformé la dispersion des révoltes, en l’organisation d’une profonde mutation, non pour en revenir au point de départ mais pour aller vers un autre destin. Cette révolution a marqué toute l’histoire des deux siècles suivants. Encore en 1951 en Iran Mossadegh tenta une révolution de ce genre bloquée par les USA. Nous aurons la suivante en 1979 et c’est peut-être là le tournant des révolutions du nouveau millénaire. En 1979, une authentique révolution entraîna tout le pays dans la tourmente mais très vite, par la guerre que les USA appuyèrent en aidant l’Irak, les éléments réactionnaires éliminèrent les démocrates (par l’appel à l’union sacrée). En 1989, la chute du monde soviétique ajouta à la tendance, non que ce monde ait eu encore des allures de pays révolutionnaires, mais il constituait un souvenir (et un point de blocage). Au même moment, l’Algérie, pays phare des non-alignés, tombait entre les mains d’une violence qui allait prendre une tournure dramatique non seulement pour le pays, mais pour tout le monde car elle osa l’impossible qui se banalisa ici ou là. Les révolutions du nouveau millénaire, qu’on le veuille ou non, nous ramène au premier sens du mot révolution : le retour à la case départ, le retour à l’infamie assumée par des religions, des seigneurs, des féodaux et par les mêmes rassemblés parfois sous un seul visage.

Au Mexique le phénomène « narcos » entraîne des débats liés à ces phénomènes :

- faut-il minimiser la question pour ne pas donner une assise médiatique à des truands aux agissements sans nom ?

- faut-il dramatiser le problème pour inciter toute la société à réagir afin de le tuer dans l’œuf ?

- faut-il d’abord analyser le phénomène avant de s’engager dans des réactions à contre-sens ?

La spécificité des narcos mexicains est aujourd’hui claire : ils veulent prendre le pouvoir ! Et les USA pensent qu’il est intelligent de réagir en dénonçant « l’insurrection des narcos » ! Non, il ne s’agit pas d’insurgés mais d’exploiteurs plus déterminés que jamais, du travail du peuple.

Quelle réaction possible ?

Que faire pour arrêter la révolution en cours ?

Hugo Chavez martela pendant plus d’une décennie que la solution était simple : améliorer le sort du peuple et les narcos s’évaporeraient comme s’évapore l’eau sous l’effet de la chaleur. Il a incontestablement amélioré le sort du peuple mais il a fini par se rendre à l’évidence, la violence et l’insécurité ne baissent pas. Au Venezuela, le sport favori c’est l’enlèvement contre rançon. Ce qui me fait penser à ce mafieux mexicain qui n’enlevait que des chefs narcos pour demander une rançon (il les savait solvables) et qui, la rançon touchée, exécutait ses prisonniers ! L’armée a fini par l’abattre. Bref, qu’il faille des mesures sociales c’est nécessaire mais pas suffisant ! Chavez veut donc doubler à présent mesures sociales et mesures de répression contre les truands. Les victimes de l’insécurité sont dans le peuple, les riches ayant des moyens considérables pour se protéger, et si leur système est pris en défaut, ils peuvent le reconstruire.

Au Mexique, Les zapatistes du sous-commandant Marcos n’ont pas disparu. Ils continuent d’œuvrer avec « l’autre campagne » pour dénoncer « la violence et la militarisation ». Aussitôt cette question est posée ici comme ailleurs : les méthodes répréhensibles de l’armée peuvent-elles être mises sur le même plan que celles de la mafia ? Les zapatistes ont surtout l’armée et l’Etat contre eux, et ils vont être tentés de dénoncer plus facilement de telles institutions que l’action des narcos, conçue finalement comme le résultat des tristes politiques des autorités. Or, les narcos prennent pas à pas le pouvoir politique dans le cadre d’un capitalisme féodal qui révolutionne le système en place. Et paradoxe des paradoxes, c’est avec l’apparition du pluralisme politique en l’an 2000 que ce phénomène a pu se développer. Auparavant les clans réglaient leur compte au sein même du PRI. Avec le nouveau contexte, le pluralisme permet de choisir entre la peste et le choléra ! Nous sommes politiquement dans le même cas que la sortie du FLN algérien. L’appel mythique aux élections pluralistes a conduit à l’explosion d’un système à bout de souffle.

La révolution des narcos est une révolution plus consistante que la « révolution conservatrice » car elle touche à l’ensemble du tissu social. Quand des enfants de 5 ans commencent à se droguer sans pouvoir ensuite trouver le moindre centre de soins, la plupart étant sous contrôle des narcos qui veulent empêcher toute dénonciation éventuelle, que faire ? En adaptant les règles économiques, les néo-libéraux ont changé les mentalités. Par le même processus, les mafieux changent plus que les mentalités, ils éliment les rapports familiaux, les rapports religieux, les rapports entre les sexes. Des féministes tendent à minimiser le phénomène narco, car il masquerait les dénonciations de ces dix ans : le féménicide. Mais que dire de l’infanticide et de tous les autres meurtres ? En quatre ans 27 000 enfants assassinés !

Le grand « marché » de l’immigration clandestine est en passe de tomber dans l’escarcelle des narcos ce qui fait qu’à chaque moment de la vie, soit il faut pactiser soit il faut disparaître. Les narcos font payer leur protection, exécute leur justice et élimine tout désir d’éducation. Le savoir est au bout du fusil !

Ces quelques notes ne proviennent pas d’un mauvais voyage réalisé dans ce pays, au contraire le séjour dans le Yucatan a permis de rencontrer une société tranquille, généreuse, et si accueillante ! Mais tous savent dans la région qu’il s’agit d’un équilibre très fragile. Pendant notre séjour, une explosion s’est produite dans une zone que nous avons fuie, la Riviera Maya, où dans une petite partie d’un hôtel de Playa del Carmen sept morts dont six touristes canadiens sont venus ternir l’image pacifique des lieux. En fait, un simple accident provoqué par des malfaçons validées sans doute par des pots de vin. Tous les habitants savent que le cancer narco peut venir par Cancun. S’il y a une moindre chute du tourisme qui est la base économique de la vie locale, alors tout peut se mettre à trembler, dans la péninsule aussi.

L’action de AMLO

En l’an 2000 une part de la gauche aida la droite (Fox) pour se défaire enfin de l’ennemi majeur le PRI, en pensant qu’ensuite, elle aurait son heure. A ce moment-là, le PAN qui n’avait pas été au pouvoir, semblait blanc comme neige, et décidé à ne pas reproduire les maux qui avaient été dénoncés. Très vite les éléments de gauche comprirent qu’ils avaient perdu le choléra pour gagner la peste, si bien qu’en 2006 le même PAN a pu bourrer les urnes pour s’assurer une victoire sur le fil (Calderon : un président ne peut se représenter). L’adversaire de gauche, un homme du sud (le Tabasco) qui avait dirigé le district fédéral et obtenu le soutien de son parti le PRD, a donc été battu. Andres Manuel Lopez Obrador continue courageusement une action sur trois bases :

- dénonciation féroce de la mafia du pouvoir

- reconstruction par une nouvelle organisation du peuple

- programme clairement populaire, social qu’il s’engage à respecter.

Il rassemble des foules, il a des relais dans la société mais son courage peut-il suffire ? Sa position est nettement moins forte qu’en 2005 alors qu’inversement, les mafias ont marqué des points. Il dénonce avec vigueur l’horreur narco, mais peut-il aller s’exprimer à Ciudad Juarez ? Dans cette ville, les Zapatistes, fin octobre, ont tenu un rassemblement contre la violence et la militarisation. Des actions qui malheureuse-ment ne peuvent viser que le long terme quand des millions d’habitants sont sous le coup de l’urgence. Qu’est ce que je fais demain matin ? Je paie ma cotisation aux mafieux ou je disparais ? En cinq ans ils sont 200 000 à avoir quitté Ciudad Juarez.

Même sans le dire, la tradition d’un militant de gauche, c’est d’analyser un problème… en fonction de la solution qu’il a sous le coude (les monopoles détiennent tout… je nationalise les monopoles) or là, je l’avoue la situation me paraît sans solution. Si nous voulons réagir, impossible d’arrêter l’analyse en cours de route. Au Mexique le cactus est une plante visible sur le drapeau. Il va falloir se piquer pour être à la hauteur des enjeux nouveaux que le monde actuel impose aux espoirs de justice sociale, démocratie, liberté et laïcité qui restent tout autant chevillés à mes convictions, même si le chemin pour les atteindre me paraît au mieux masqué par la jungle. 28-11-2010 Jean-Paul Damaggio


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Commentaires

Excellent papier par la-sociale le Mardi 30/11/2010 à 19:19

A tous égards,cet article doit être lu et discuté. Jean-Paul Damaggio nous met sous le nez le problème: oui les schémas, les mots d'ordre, les stratégies qui ont valu depuis la révolution française sont à bout de souffle. Nous sommes face à des systèmes de domination inédits et peut-être aujourd'hui le problème n'est-il plus vraiment de changer le monde mais d'empêcher qu'il ne change au point d'engloutir la civilité humaine minimale. Le nord du Mexique est paraxystique mais on ne peut oublier le Brésil (voir la récente opération armée à Rio), l'Afrique du Sud ou la Russie et, à un degré de violence moindre, certes, l'Italie. Ne regardons pas ces pays comme des exceptions mais nous devons au contraire nous dire qu'ils représentent une "modernité" effrayante, qui ne pourra que se développer avec la paupérisation galopante de la vieille Europe.


par Pierre Montoya le Mercredi 01/12/2010 à 15:43

                 Le capitalisme est mafieux par nature. C'est par les luttes que les peuples lui ont imposé un certain nombre de règles et de compromis, avec des dégrés divers selon des rapports de forces établis. Or l'équilibre est rompu et le capitalisme en position de force revient à sa nature profonde. C'est une mafia qui entretient un système mafieux. Qu'est ce qui différencie fondamentalement le capitalisme de la mafia. Les uns déclarent leurs bénéfices, les autres pas mais les uns aspirent à ne plus les déclarer. Les uns versent des cotisations sociales et selon les pays, pas du tout, les autres pas mais les uns aspirent à ne plus en verser. Les uns paient des Impôts et selon les pays, les autres pas et les uns aspirent à ne pas en payer. Les deux versent des salaires et des primes et le moins possible est le mieux pour tous les deux. Ils entretiennent des liens de subordination et exploitent tout ce qui est exploitable, nature et force de travail des autres. Les uns ont besoin d'un système qui légitimise leurs activités, les autres s'en passent et peuvent s'accomoder de tous les systèmes existants . Capitalisme et mafia sont de redoutables concurrents qui peuvent parfaitement s'entendre  s'entraider et se compléter selon leurs intérêts. Lorsque le capitalisme aura atteint toutes ses aspirations, toute forme de démocratie aura disparue , la mafia dominera le monde, telle est la "mondialisation" capitaliste. Pour le moment, l'argent de la mafia alimente les réseaux financiers, tout comme le capitalisme alimente la mafia en commissions et rétrocommissions et les résaux parallèles. La mafia produit même de la bourgeoisie capitaliste (pays de l'est). Les lois que ne peut , pour le moment contourner le capitalisme , la mafia le fait et le capitalisme s'y emploie.


Re: réponse de JP Damaggio par la-sociale le Vendredi 03/12/2010 à 21:10

Si je comprends bien le capitalisme est sensible au rapport des forces. Et ce rapport des forces serait tel que le capitalisme pourrait enfin se permettre ce qu’il ne s’est jamais permis ! Par quel miracle ce renversement du rapport des forces ? La situation du Mexique et de l’Italie par exemple nous obligent à poser cette question : contre Berlusconi j’ai suivi les tentatives de tous les intellectuels de Dario Fo à Nanni Moretti autant que les luttes sociales réelles et le succès n’est pas au rendez-vous, quelles leçons en tirer ?
Le capitalisme est un système productif par lequel il peut exploiter des travailleurs (d’où la société dite de consommation) ; la mafia ne produit rien ni sur le plan agricole, industriel ou même bancaire si, par cas, le secteur financier est inclus dans le secteur productif. Elle encaisse son propre impôt au nom des services rendus : protection… Du moins la mafia dans ma définition. Car on peut dire aussi que le capitalisme c’est l’esclavage et tant d’autres choses. La mafia dans ma définition est un secteur « parasite » du capitalisme (dont j’en conviens il peut tirer bénéfice). Comme le lierre sur un arbre. Et il arrive que le lierre puisse tuer l’arbre (je le dis sans goût pour les comparaisons venues de la nature). Dans tous les cas, on n’œuvre pas au changement du rapport des forces avec les mêmes moyens quand l’adversaire ce sont les narcos (dont les connivences avec le système sont importantes, bien sûr) ou quand ce sont des capitalistes « corsetés » par des lois. Sinon, il ne reste qu’une chose à faire, acheter des armes. Hitler et Churchill c’était le capitalisme… Je ne crois pas en une « nature profonde du capitalisme » mais en une capacité d’adaptation de l’évolution du capitalisme… d’où la possibilité chinoise aujourd’hui. Il y avait par contre la croyance en une « nature profonde du socialisme » qui devait s’appliquer partout dans le monde de la même façon. Le capitalisme me paraît d’abord un pragmatisme avant d’être une théorie générale ce qui n’exclut pas des mécanismes économiques communs qui jouent un rôle crucial mais pas suffisant… d’où la grande question de l’hégémonie. Amicalement. JPD


Re: réponse de JP Damaggio par quent1 le Vendredi 03/12/2010 à 22:07

Puisque l'un de mes meilleurs amis du rire théâtral Dario Fo, toujours debout,  est cité je signale que si la route climatique, non pas celle de Cancun, mais celle réchauffée d'Evreux à Nanterre n'est plus prise par neige et congères j'irais cueillir ses fleurs d'Amandiers dimanche et écouter les sons de Klaxon, trompettes ...et pétarades dans cette ville si bétonnée qu'est Nanterre mais où le théâtre des Amandiers sait apprécier Dario Fo même s'il faut payer contrairement au titre Faut pas payer apprécié il y a au moins 3 ans passé là et à Mort accidentelle d'un anarchiste vu il y a au moins 30 ans à Paname, 2 pièces relues sur papier récemment et là je cesse de narrer ce que lu de lui et sa dame qui n'a pas eu de chance une certaine nuit ancienne avec les faschos ou/et Brigands violents.
Ville nouvelle où quand même les bidonvilles anciens des années 50-60 du XXème siècle ont disparu pour laisser place à des habitats un peu plus confortables et y compris à des tentes et asiles de nuits dans ce XXIème siècle de Minuit... 
Puisque aussi la mafia et ses serviteurs sont cités je soumets à votre attention, lecteurs de la Sociale, un petit livret lu qui m'a fort plu, écrit par un grand auteur prix Henrich Boll, 93 pages de Hans Magnus Enzensberger, Chicago-Ballade, Modèle d'une société terroriste, traduit de l'Allemand par Lily Jumel, éd. Allia avril 2009, ISBN 978-2-84485-305-9.
Ce livret de Quatre-Vingt-Treize pages traduites en farnçais n'est juste qu'un extrait de plusieurs de ses nouvelles écrites il y a bien plus longtemps dans son pays et sa langue d'originelIe. Si je n'étais pas abonnée au mensuel LMDA de Montpellier je n'aurais pas prêté attention à cet auteur mais il y a aussi son beau grand discours :
""
Eloge de l'analphabétisme" lors de la remise du prix Henrich Böll 1985 repris sur un bon site que parfois je visite mais que je ne nommerai pas, qui voudra l'écouter en lecture sur toile ce beau discours demandera à n'importe quel moteur de recherche ce que mis entre guillemets et caractères gras et coloré bleu mathématique.
Des nouvelles de Dunkerque en passant par Lille pour se rendre bien véhiculé jusqu'à Nîmes et Pont-Saint-Esprit ? : http://www.midilibre.com/articles/2010/11/30/NIMES-Ils-ont-cherche-refuge-au-centre-de-retention-1467500.php5 il est des policiers compréhensifs, là en voici au moins un qui aura su ouvrir la porte sans crainte pour accueillir des hommes en danger ! pour une nuit mais pas plus et ensuite ? rien n'a changé sur la route fatale du paradis de Coquelles à Calais ne passant plus par Sangatte, dispersion, destruction !


Re: réponse de JP Damaggio par quent1 le Vendredi 03/12/2010 à 22:27

Rajout du lien omis pour Chicago-Ballade, lien qui permettra à ceux qui le souhaiteraient d'en savoir un peu plus sur la thématique originelle : http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=61695


migrations et 72 fleurs migrantes disparues par quent1 le Mercredi 01/12/2010 à 19:30

http://72migrantes.com/ Bienvenue à l'hôtel fleuri qui là ne sera pas le film documentaire francilien de la dame parisienne mais ici est sis au Mexique, Foto: ARAUJO Nolly LÉNINE, musique, voix et paroles de je ne sais qui comme dame et instrumentale pero dejar una roja Rosa qui là ne sera pas la grande Rosa LUXEMBURG tout aussi assasinée mais d'elle et de bien plus de disparus et disparues tout comme d'elles les 72 et bien plus qui s'en souvient et s'en souviendra ? lien bleu uniquement pour les femmes liseuses ? il me reste bien peu de souvenir de la langue espagnole apprise de la 4ème à la 3ème, fort heureusement les Ames mortes de Gogol sont là pour aider à une traduction sommaire --) http://72migrantes.com


par Montoya le Vendredi 03/12/2010 à 23:49

                Oui le capitalisme est sensible aux rapports de force et il peut faire le dos rond et aller au compromis, toujours de manière temporaire en attendant de reprendre l'initiative. Deux grandes périodes de rapport de force  en France défavorables à la bourgeoisie, le Front Populaire et la Libération . Il y est d'autant plus sensible qu'il prend soin de préparer idéologiquement à ses évolutions. Il mène un véritable combat idéologique et pour quelle fin. La mafia est parasitaire, certes, c'est ainsi que le système le considère, mais le capitalisme lui même, n'est il pas un système parasitaire. Le capitalisme ne produit pas il fait produire par la force de travail manuelle et intellectuelle qu'il loue . Les salariés supportent à la fois le capitalisme et la mafia par voie de conséquence par les pourcentages et les protections, les marchés tronqués, les commissions etc... la Mafia ce n'est  pas que les narcos trafiquants et il y a également la prostitution, le travail du sexe et la trafic d'humains.  La mafia c'est aussi des hommes de main  au service du grand patronnat contre le mouvement ouvrier, l'exemple américain en est une des illustrations. Ces pratiques existent encore, notamment utilisées par Nestlé à Panjang ou en Amérique latine comme en Colombie ou au Brésil.
         La nature profonde du capitalisme, c'est l'exploitation sans laquelle il n'est pas capitalisme. C'est certes un système "productif" mais il est me semble t il nécessaire de regarder quel est le mode de production et ses rapports car tout système doit forcément produire et il y a tout de même une différence entre productif et productiviste .Produire quoi, comment , pour qui et pourquoi. C'est ce pourquoi qui mérite la comparaison. De plus, la mafia ne taxe t elle pas la production par ses prélèvements et non pas la plus value. Qui paye en dernier ressort si ce n'est le travail.
          Les dirigeants mafieux actuels font parti de la bourgeoisie et les mafieux débutants aspirent en en être. En Russie la nouvelle bourgeoisie est issue du système mafieux et de la mafieuse "nomenclatura" et il y a bien des origines mafieuses dans le capitalisme actuel. Enfin les milieux financierset l'argent sale blanchi au stade du capitalisme le plus avancé, supposez un instant la situation ,si on retirerait tous ces fonds. La mafia est bien imbriquée dans le sytème et du coup c'est pour le capitalisme , un partenaire financier. Les paradis fiscaux ne sont pas inquiétés et les comptes banquaires sont traquilement au chaud. Au Mexique la mafia représente un véritable pouvoir et c'est en tant que pouvoir qu'elle est combattue. Souvenez vous de l'affaire Salinas Colusquio et de mon petit cousin.
              



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