A l’UM-PS
Sarkozy est à la manœuvre. S’il ne peut espérer de miracle, n’étant pas à la tête des sept listes, il ne peut pas faire moins que le PS sous peine de subir quelques discrédits supplémentaires. Donc, côté Front national, il accentue les querelles internes pour que, comme en 1999, dans la guerre avec Mégret, le FN recule jusqu’à perdre définitivement tous ses élus européens, Marine Le Pen étant alors marginalisée. Il en a sept pour le moment dont deux dans le Nord (d’où la bataille entre Marine et Carl) et deux dans le Sud-Est. Il y a aussi celui du grand Sud, J-Cl Martinez que Marine veut remplacer par son bras droit Louis Aliot. Côté Philippe de Villiers, à qui il arriva de jouer de grands rôles dans cette élection (mais seulement 3 sortants avec le mode de scrutin de 2OO4), un marché est proposé : se présenter dans sa seule grande région Ouest et gagner une place, où se présenter partout et subir les coups de l’UMP pouvant le faire descendre sous la barre de 5%.
Pour Sarko, l’essentiel est cependant ailleurs : dans le duo UM-PS (pour le moment les deux partis sont notés à 22%). Le coup de génie c’est la liste Cohn-Bendit. Le 6 novembre les deux Nicolas (Sarko-Hulot) firent la longue liste de leurs convergences qui permettent à Jean-Paul Besset, bras politique de Hulot en tant que responsable de sa fondation, d’aider Cohn-Bendit avec la bénédiction de José Bové. Je donne en entier le communiqué de l’Elysée car il me semble génial même si bien sûr il ne dit rien des futures élections, qui ne purent qu’être au cœur de la rencontre quand on sait que Rama Yade a perdu la confiance du président, par son refus d’être présente aux Européennes au titre de cadeau de consolation ! (2)
Que Bové se trompe politiquement n’empêche pas qu’il reste très estimable (je le pense tout autant d’Eva Joly engagée dans la même aventure).
Avec la liste Cohn-Bendit, voilà au moins une liste qui, faisant autour de 10%, prendra quelques points au PS, et peut-être aussi à Bayrou soucieux d’obtenir sa revanche sur les désastreuses législatives. Avec environ 10%, le Béarnais peut se rappeler à l’attention générale et se positionner pour les futures régionales mais il risque gros, avec 11 sortants du temps de l’UDF, qu’il ne peut perdre même en ayant remplacé le J-M Cavada d’hier par le J-F Kahn d’aujourd’hui. Il a récupéré il est vrai un élu européen des Verts : Jean-Luc Benhamias.
A Gauche
Après ces cinq listes, que dire de la situation du camp du NON de gauche au TCE ? D’une part, il est déjà allégé de Bové et de Fabius, mais là n’est pas l’essentiel. Depuis trois ans, le NON de gauche ayant démontré son incapacité à s’organiser de façon unitaire, il s’est disqualifié aux yeux de l’opinion. Ressortir du chapeau quelque chose qui n’a pas su se donner des suites claires, c’est repasser des plats très froids. Après l’atomisation des présidentielles, il ne suffit pas de faire comme si rien ne s’était passé. Parce que la LCR est l’organisation aux positions les plus visibles, et qu’elle a su s’élargir sous la forme du NPA, tout indique qu’elle peut devenir la première organisation à la gauche du PS (avec 8%) mais vu les dégâts des congrès du PS et du PCF, celui du NPA peut apporter aussi quelques surprises.
Par ailleurs faire croire qu’une unité serait possible de Mélenchon à Besancenot c’est encore une fois raconter des salades aux citoyens qui aimeraient manger des plats plus consistants. Clémentine Autain se livre encore à ce jeu dans Libération du 11 décembre : « On veut travailler jusqu’au bout pour qu’il y ait des listes regroupant toute l’autre gauche, du NPA au PG en passant par le PCF. » Les citoyens connaissent le jeu : il s’agit uniquement de démontrer que le briseur d’unité c’est l’autre. A la présidentielle, le premier à annonce sa candidature, Besancenot, fut le briseur d’unité : on connaît le résultat. Tout le monde est d’accord avec l’unité, à condition qu’elle se fasse sous le drapeau de l’un ou de l’autre (LCR ou PCF). L’intervention, dans le débat, d’un nouveau venu (Parti de Gauche) peut-il briser ce jeu de cache-cache ? Il est né pour unifier donc il proclame le « Front de Gauche ». Un peu comme Bové en 2007, Mélenchon se considère bien placé pour articuler LCR et PCF, tout comme Cohn-Bendit a pu articuler Bové et Besset. C’est ne tenir aucun compte des réalités. Le NPA ne va pas naître pour se fondre à la première élection venue avec une nébuleuse qui a montré en 2007 que l’électorat n’en veut pas. Le PCF a des problèmes internes (aussi cruciaux que ceux du PS) qui existaient déjà en 2004, quand M-G Buffet avait été mise, en interne, en minorité pour les Européennes d’alors, où elle voulait ouvrir les listes. Le PG est son allié évident mais le PCF ne peut ni lui fournir un marche-pied, car ça serait se tirer une balle dans la tête, ni le rejeter. Avec sept listes à construire, deux têtes de liste pourraient être octroyées à Mélenchon. Est-ce suffisant pour ce parti ? Bref, à trois mois du bouclage des listes, la foire d’empoigne va bon train. Avec trois sortants le PCF est obligé de garder les têtes de liste du Nord, de l’Ile-de-France et de l’Outre-mer (Vergès classé dans le PCF).
Il est frappant de constater qu’un appel de Politis en faveur de listes unitaires à gauche, s’il concerne le PG (et un de ses alliés potentiels comme la tendance Unir de la LCR), ne concerne pas le PCF, sauf une de ses franges que justement M-G Buffet veut écarter de sa direction ! Une division en perspective entre PG et PCF ? Malgré les difficultés, cette union PCF-PG se fera pour atteindre peut-être 8% et disputer à la LCR la fonction de porte-parole de la gauche authentique. Mais nous sommes loin d’une force politique clairement identifiée et la référence au modèle allemand ne change rien à l’affaire. D’autant que cette référence se base sur un parti qui a refusé globalement les alliances avec le SPD alors qu’après les Européennes comme l’indique Alain Krivine : « le PCF va retourner dans le giron de Martine Aubry », ce PS que justement Mélenchon a quitté. Bilan, le NON de gauche peut présenter dans le grand Sud-Ouest une liste conduite par J-L Mélenchon, une par Bové et une dernière par Jennar.
Où sont les tromperies ?
Raoul-Marc Jennar avait dès 2005 lancé un appel pour que les élections européennes deviennent l’élection à l’Assemblée constituante d’une nouvelle Europe. Actif à présent avec le NPA (mais jusqu’à quand ?) , où en est-il de cette revendication ? Cet objectif est de la plus haute importance si l’on veut travailler en même temps sur la forme et sur le fond (ne pas le faire en même temps c’est se disqualifier). Si ce débat concerne la constitution de notre pays, à l’approche des Européennes il concerne encore plus l’Europe où les autorités ont osé appeler Parlement, une institution qui n’a rien d’un parlement. Tout démontre depuis longtemps que l’élection est piégée par avance (je veux dire dix fois plus piégée que les autres) avec, qui plus est, des pouvoirs marginaux chez les élus, donc, si on reste dans le même cadre, on s’enfonce dans l’illusion. L’électeur, qui comprend alors qu’on peut s’amuser aux Européennes, décide en conséquence de se jouer de la politique (voir les résultats mirobolants de Le Pen, Tapie, Pasqua etc.) ou de s’abstenir massivement. Je pense qu’il devient impératif de changer l’ordre des priorités : la construction d’une force politique authentique doit se faire avant toute présence aux élections, quitte à laisser un temps les champions se dévorer entre eux.
Mais je rêve encore. 12-12-2008 Jean-Paul Damaggio
Notes :
1) http://la-brochure.over-blog.com/article-24994633.html
(européennes trente ans en trompe l’œil)
2) Communiqué de l’Elysée
Le Président de la République a reçu aujourd’hui, jeudi 6 novembre 2008, M. Nicolas HULOT, Président de la Fondation Nicolas HULOT pour la Nature et l’Homme, accompagné des économistes Alain GRANDJEAN et Jacques WEBER, pour une réunion de travail au Palais de l’Elysée.
Le Chef de l’Etat et Nicolas HULOT partagent le diagnostic que la crise économique actuelle n’est pas qu’une crise financière. Nos difficultés actuelles trouvent également leur origine dans l’épuisement des ressources naturelles de notre planète, notamment du pétrole.
Pour dramatique qu’elle soit, la crise actuelle peut offrir au monde une occasion d’établir les bases d’une croissance véritablement durable, respectueuse des hommes et de la planète. Plus que jamais, il existe une opportunité unique d’organiser collectivement la lutte contre le changement climatique et d’investir dans la transition de nos sociétés vers l’après-pétrole.
Au niveau national, l’engagement de Nicolas SARKOZY en faveur du Grenelle de l'Environnement, rappelé avec force à Vaujours, le 4 novembre dernier, marque la volonté de la France d’être absolument exemplaire dans cette ambition. Le Président de la République et Nicolas HULOT ont convenu d’unir leurs efforts pour mettre le développement durable au cœur de la refondation du système économique et financier, à l’occasion de toutes les réunions internationales prévues dans les semaines et les mois à venir.
Nota Bene : Un lecteur proposa un commentaire utile à mon article précédent, ce qui m’incite à préciser que ceux qui sont restés à gauche ou anar n’ont pas pu comme Jaurès passer du radicalisme au socialisme. Ils sont restés sur leurs positions. Ceci étant, dans les mouvements politiques il n’y a pas de cloison étanche. Même s’ils sont de la mouvance anar, Proudhon ce n’est pas Flora Tristan que je défends en publiant un livre sur ses derniers jours et sa postérité. L’Argentin Osvaldo Bayer est un anarchiste que je lis toujours avec un immense plaisir, ce qui est moins le cas d’autres. Dans la mouvance je défends la revue d’histoire Gavroche. Et je peux faire la même réflexion au sujet de la mouvance trotskiste, socialiste, communiste ou écolo.
Quant à l’actualité, la crise me semble plus porteuse de l’émergence d’un ou plusieurs « sauveurs » que d’un développement de l’anarchisme. En conséquence, il me paraît utile de cerner l’état d’héritages politiques divers pour comprendre comment éviter les impasses futures. Et en débattre franchement, comme le mot du lecteur le proposait, sera plus profitable à tous que l’ignorance réciproque.
Pourquoi écrit-on ? il reste si difficile de ne pas tout citer des expériences et du Vécu du « vieux » passé pour envisager plus sereinement présent, futur proche ou plus éloigné, L’Espèce humaine est bien plus compliquée que des convictions parfois trop ancrées sans autres réflexions que ce qui fait l’actualité au jour le jour, en 2009 élections Eur. « unie » y aura des stocks, je boycotte.. et 2005 pour certains on a voté et puis après, tous en-Ferré-s comme les Irlandais 2008 encore une fois appelés à redéposer le "bon" bulletin dans l’urne puiqu'il leur sera remis cette fois une claire explication de texte en commentaire composé comme c’est devenu la mode pour étudier dans les lycées…Tristes ans des siècles passés, présents, futurs, extraits de lectures pour redécouvrir en plus de Flora Tristan, son petit-fils Paul G, Vincent VG, Eugène B, Pierre-Joseph P, Robert A, Primo L et les autres... Là ne seront cités et que très partiellement et partialement que Pierre-Joseph et Primo
Proudhon, lettre du 29 octobre 1860 in Correspondance, Paris, 1875, t. X. … « Toutes les traditions sont usées, toutes les croyances abolies; en revanche, le nouveau programme n’est pas fait, je veux dire qu’il n’est pas encore entré dans la conscience des masses; de là ce que j’appelle la dissolution. C’est le moment le plus atroce de l’existence des sociétés. Tout se réunit pour désoler les hommes de bien : prostitution des consciences, triomphe des médiocrités, agiotage des principes, bassesse des passions, lâcheté de mœurs […]. Non, non; la décadence, et cela pour un temps dont je ne puis assigner le terme, qui ne sera pas moindre d’une ou deux générations, voilà notre lot. Je ne verrai que le mal, je mourrai en pleines ténèbres, marqué par mes antécédents du sceau de la réprobation dans une société pourrie […]. Les tueries viendront, et la prostration qui suivra ces bains de sang sera effrayante».
Le métier des autres- notes pour une redéfinition de la culture-16/01/1985 « pour améliorer le monde…pour ma part, j’éprouve une certaine méfiance à l’égard de qui « sait » comment améliorer le monde, c’est souvent, sinon toujours, un individu si infatué de son propre système qu’il en devient imperméable à toute critique. Il faut souhaiter qu’il ne possède pas une trop forte volonté, car alors il pourrait être tenté d’aller au-delà des MOTS et d’améliorer le monde dans les faits…., »
L’asymétrie et la vie, articles et essais 1955/1987 « …on ne parvient pas à refréner un frisson d’inquiétude à la pensée de ce qui pourrait arriver si l’on choisissait un thème différent, voire opposé, dans un pays où la télévision serait la voix exclusive de l’Etat, échappant aux contrôles démocratiques et inaccessible aux critiques des spectateurs. ». Chapitre intitulé « pour que les holocaustes d’hier ne reviennent pas : les massacres nazis, les foules et la télé » Primo Levi