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Elections présidentielles, que faire sur une ligne de rupture...

Lettre adressée aux participants au meeting d'unité du 26 janvier pour la levée de l'état d'urgence et aux 22 orateurs présents à la tribune

Par Jacques Cotta • Actualités • Mardi 12/04/2016 • 3 commentaires  • Lu 2593 fois • Version imprimable


Chers amis, le 26 janvier 2016 nous étions rassemblés en meeting, plus de 1500 à Paris, après avoir récolté plus de 10 000 signatures sur l’appel « pour la levée de l’état d’urgence ». Le 26 janvier, c’était hier et pourtant cela semble déjà bien lointain. La situation a terriblement évolué. Le recul du gouvernement sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité -dont nous pouvons nous féliciter, comme tous ceux qui ont combattu dans ce sens- fait place à une « obstination acharnée » sur la loi El Khomri qui organise une régression sans précédent du droit du travail… La politique de François Hollande et de son gouvernement est une des plus réactionnaires que le pays ait eu à subir depuis plusieurs décennies. Comme celle de ses « opposants » de tout bord, elle fait système. Contre cette politique se dresse un puissant mouvement de masse parfois sous des formes inattendues qui toutes expriment une aspiration politique au plus haut point. C’est dans ce mouvement général que s’inscrit le meeting d’unité qui nous a rassemblé. Mouvement social, aspirations politiques, volonté de mettre en échec les lois réactionnaires que le gouvernement veut imposer… Il est urgent d’ouvrir une réelle discussion sans tabou, sans sectarisme, sans arrière pensée entre nous qui avons participé au meeting du 26 janvier, entre tous les participants, entre tous les orateurs qui se sont succédés, et plus largement entre tous ceux pour qui la « République sociale » n’est pas un vain mot. Comment nous saisir de l’échéance électorale qui vient pour faire valoir le combat politique qui vise à défaire le système ? S’abstenir, boycotter, se rallier à un candidat déclaré, décider d’engager la campagne pour en présenter un ? Il s’agit de définir la meilleure façon d’exprimer le rejet des responsables de la situation faite à la quasi totalité de la population, le rejet des institutions anti démocratiques de la 5ème république, la meilleure façon de porter la parole du mouvement populaire qui cherche les moyens de balayer la 5ème république et de rompre avec l’Union Européenne. Il s’agit de s’inscrire dans la lignée de de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de la constitution de 1793, qui indique dans son article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs », de s’inscrire dans celle de 1789 qui consacre la « résistance à l’oppression » comme un des « droits naturels imprescriptibles ».
 

Comment se pose donc le problème ? Quelle appréciation de la situation permettant de se positionner pour les mois qui viennent ?

 

1/ La politique gouvernementale soutenue par le PS trouve sa cohérence dans la complémentarité des différentes lois que François Hollande veut imposer à marche forcée. Ainsi, l’arsenal juridique et politique que le régime se donne doit permettre d’affronter les éléments qui se dégagent dans la lutte des classes. La condamnation des Goodyear ou encore des salariés d’air France entre dans ce cadre : intimidation, valeur d’exemple…. Et les violences policières, notamment à l’encontre des lycéens durant les mobilisations contre la loi El Khomri remplissent la même fonction. Tout doit concourir à la mise en œuvre des mesures contre la volonté majoritaire de toute la population, salariés du public comme du privé, ouvriers, artisans, jeunes, retraités… Tout le monde sait que les affrontements sont devant nous, sur le code du travail par exemple, dont le démantèlement serait lourd de conséquences…

 

2/ La crise économique dont la transcription boursière réapparaît périodiquement –dans des conditions qui sont pires qu’en 2008- va avoir des effets directs sur l’emploi, le salaire, les entreprises. Toujours la même chanson : au nom de la dette et des marges, ce sont les travailleurs qui vont devoir payer.

 

3/ Dans ce contexte général, il existe un rejet majoritaire du système et de tous les responsables politiques qui y sont assimilés. Les sondages sont évidemment à relativiser, mais ils indiquent tout de même un semblant de réalité. Dans un de ceux que les instituts viennent de livrer, il est indiqué que 75% des français n’en peuvent plus de cette politique et de tous les hommes et femmes qui y sont assimilés.

 

4/ La situation américaine est éclairante. Peu importe ce que l’on peut penser ou pas de Bernie Sanders, mais on peut constater qu'il suffit d’un vieil inconnu capable de dénoncer Wall Street comme responsable de la crise et de ses conséquences, capable de condamner le système dont tous sont l’expression, capable de rejeter le financement par les grandes oligarchies de tous les candidats, capable de faire entendre la voix du bien commun (la santé pour tous par exemple), pour que la jeunesse se trouve concernée et que, oh surprise, les candidats du système, madame Clinton en tête, connaissent des sueurs froides.

Evidemment il ne s’agit que de la situation électorale, dont nul ne peut dire aujourd’hui quel sera son aboutissement. Mais nous le savons tous, les élections sont une des expressions déformées de la lutte des classes, pas une catégorie à part… Et en cela la situation américaine est pleine d’enseignements.
 

5/ En France, alors que la droite présente pléthore de prétendants au pouvoir, prêts à s’entretuer pour prendre la place, « pour faire plus et plus fort que François Hollande », les derniers soubresauts gouvernementaux expriment une situation de crise jusque là inégalée. Le gouvernement Hollande est réduit à sa plus simple expression, contraint pour se donner un semblant de renouveau de « s’élargir » à des « verts » et Radicaux de gauche qui ne représentent qu’eux-mêmes. Au point de laisser les commentateurs s’interroger sur la capacité de Hollande, Valls, du PS et de leurs alliés d’occuper encore le terrain en évitant une crise majeure dans les mois qui viennent. Les commentateurs ne pèsent rien face à l’oligarchie qui détient dans ses mains tous les pouvoirs. La gauche de la gauche par exemple qui tente à sa façon de saisir la situation et de s’inscrire dans le rejet général du système et de son personnel pour se faire une place, risque fort de voir ses ambitions brisées par la réalité des faits : d’une part elle fait partie du système que la majorité veut liquider, ensuite son orientation ne résiste pas au plus petit examen critique, de l’état d’urgence à la question européenne par exemple…

 
Alors, dans ce contexte que faire ?
 

Le combat pour le retrait de la loi El Khomri comme hier sur l’état d’urgence demande unité, efforts et détermination. Mais la question est politique et c’est donc sur ce terrain d’ensemble qu’il nous faut répondre.

 
Pour cela :
 

a/ définir un texte court qui reprenne quelques points essentiels qui concentrent à la fois l’intérêt général et les objectifs généraux du mouvement populaire :

  • ·      Reconquête de notre souveraineté pour la satisfaction des revendications immédiates, donc rupture avec l’UE, l’OTAN, le FMI, le TAFTA … et toute institution supranationale qui décide en lieu et place des peuples.
  • ·      Plan de réindustrialisation répondant à l’intérêt général, aux besoins de production de la Nation, et à la création d’emploi…
  • ·      Défense de la démocratie, combat pour une constituante permettant de défaire la 5ème république, ses institutions, et ouverture d’un processus pour une république démocratique et sociale.
  • ·      Abrogation de toutes les lois anti démocratiques et anti sociales des gouvernements PS ou UMP – loi macron, loi sur le code du travail, ANI, loi sur les retraites, sur l’éducation, la santé, sur le territoire, les communes et les départements…
  • ·      Abrogation des aides par milliards aux capitalistes et réorientation vers l’action sociale, le salaire, la sécurité sociale…
  • ·      Création de centaines de milliers d’emplois, réhabilitation du bien commun, des services publics, réappropriation des biens privatisés, nécessaires à la vie de la Nation….
  • ·      Satisfaction des droits et préservation des acquis sociaux, droit à la santé, à la retraite, à l’éducation, droit au travail…
  • ·      Préservation de l’indépendance des organisations syndicales contre toutes les lois qui veulent en faire des machines d’accompagnement des « réformes » capitalistes…
  • ·      Défense des libertés publiques, libertés syndicales, droit de grève…. Défense du bien commun, donc opposition au pillage de la planète par les grands groupes capitalistes, réorientation de l’économie vers l’économie des ressources.
 

b/Obtenir sur la base d’un tel texte une liste large d’accords témoignant la volonté partagée d’unité, condition pour s’inscrire de la façon la plus efficace possible dans la période qui vient. 


c/ Les mois qui viennent vont être marqués de plus en plus que l’échéance approche par la question électorale.

En conséquence, pour peser, construire, aider à faire exploser le système,
 
  • ·      Ne faudrait-il pas se donner les moyens d’être présents, comme nous l’avons été sur la question de l’état d’urgence et comme des centaines de milliers le sont activement sur celle de la loi El Khomri.
  • ·      Ne faudrait-il pas affirmer la nécessité de présenter un candidat, le seul qui sera susceptible de mener campagne non pour replâtrer le système, ses institutions, la 5ème république, non pour se soumettre à l’UE comme tous les autres, mais pour rompre avec le système…
Voilà la discussion qui devrait se mener comme prolongement ambitieux de la bataille politique que nous avons menée sur l’état d’urgence et comme suite des mobilisations en cours pour le retrait de la loi El Khomri.
 

Le combat pour une candidature d’unité aux présidentielles sur une ligne de rupture…

Jacques COTTA
le 12 avril 2016


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Commentaires

par perceval le Mercredi 13/04/2016 à 08:57

L'initiative est salutaire mais dans la liste du PPCD manque la socialisation des moyens de production.

«Quand le prolétariat socialiste aura été porté au pouvoir par les événements, par une crise de l’histoire, il ne commettra pas la faute des révolutionnaires de 1848: il réalisera d’emblée la grande réforme sociale de la propriété »
J. Jaurès , Socialisme et Liberté, 1898″
Il est bien question de cela dans les propos tenus récemment par Fr. Lordon place de la République, c’est à dire de réformer un privilège fondateur du capitalisme et du salariat: celui qui octroie, au capital seul, la propriété de la totalité des moyens de production nouveaux créés par autofinancement, alors qu’ils sont le résultat de la combinaison productive de capital et du travail. C’est le mécanisme d’accumulation du capital. Les capitaux propres issus de l’autofinancement devraient se partager entre les travailleurs et les actionnaires au prorata de la contribution de chacun, c’est à dire du travail consommé dans la production et du capital consommé dans la production. Ainsi serait assuré à la racine le contrôle de la création et de la répartition des richesses.

6 urgences pour instaurer une République Sociale:
1) Démocratiser le système productif, socialisation des moyens de production , création d'une caisse de sécurité économique
2) Reconstruire et démocratiser le système de santé pour le renouveau d'un système solidaire de santé et d'assurance maladie.
3) Démocratiser les institutions politiques pour une République des communes et laïque.
4) Maîtriser la monnaie et le système financier.
5) Réinsdustrialiser le pays.
6) Réorienter notre diplomatie et notre politique de défense.


Comment ne pas déserter le terrain politique lors de l'élection présidentielle ? par Jean-Pierre Alliot le Mercredi 27/04/2016 à 16:23

Comme la lettre de Jacques Cotta n’est pas seulement adressée aux orateurs du meeting du 26 janvier dernier, j’avance un point de vue qui, pour être celui d’un individu, ne sera peut-être pas inutile.

Je partage une très grande partie des idées exprimées par cette lettre, notamment celle qui insiste sur la nécessité d’être présent dans le débat sur l’élection présidentielle. En effet, l’initiative que, à 333, nous avons prise pour la levée de l’état d’urgence posait en définitive la question de l’ « exercice solitaire du pouvoir », comme, d’ailleurs, l’a montré sa conclusion ubuesque, telle que le chef de l’État l’a annoncée arbitrirement, montrant jusqu’où s’étendait sa fausse autorité. 

Que cette élection du monarque-président soit parfaitement antidémocratique et conçue pour abaisser le Parlement (au cas où, lui-même, il voudrait exister) ne peut pas masquer sa place dans la vie politique du pays. Dans le même ordre d’idées, un référendum organisé par un tel régime a toutes les chances de prendre un caractère de plébiscite et cela s’est effectivement produit à plusieurs reprises au cours de la Ve République. Pourtant, il est arrivé au moins deux fois que le résultat soit exactement l’inverse de celui escompté par le chef de l’État : en 1969 et en 2005. En ce sens, qui aurait refusé de prendre part à la campagne pour le non aurait, en ces deux occasions, commis une grave erreur. Pour le moins.

Ainsi, cette question n’est pas une question de principe, ne relève pas d’un impératif catégorique. Il convient de l’examiner, dans une unité aussi large que possible et sans a priori, sans ultimatum et sans donner la réponse au moment même où l’on pose la question. En ce sens, quand Jacques Cotta se demande s’il ne faudrait pas « affirmer la nécessité de présenter un candidat », cela peut se discuter. Présenter un candidat apparaît évidemment comme l’attitude la plus claire pour être présent dans le débat et y poser la question des libertés démocratiques que l’état d’urgence a mises en cause. Plus largement, la question des insitutions et, pour moi, la pespective d’une Assemblée constituante souveraine.

Cependant, personne ne peut ignorer les obstacles qui se dressent devant les partisans d’une telle affirmation. Le premier, c’est l’abense, actuelle mais non définitive, d’une force capable de mener l’initiative à son terme, quel qu’il soit. Le deuxième, c’est la série d’empêchements organisés par les institutions pour bloquer les mouvements qui naissent hors des partis institutionnels, anciens et nouveaux : les parrainages, les financements, etc. Il en est d’autres, inutile d’en faire ici la liste complète. Ces obstacles peuvent être insurmontables pour l’instant, ce qui n’empêchera pas l’élection de se tenir et d’influencer tous les combats politiques, autant, d’ailleurs, que le combats sociaux. C’est donc l’occasion de mettre en avant la perpective d’une représentation politique de tous ceux qui en sont privés, par des moyens à imaginer.

Voilà, selon moi, certains des points qu’il serait utile de discuter pour que notre initiative pour la levée de l’état d’urgence ne reste pas sans lendemain. Et chacun voit bien que le retrait sans gloire de sa constitutionnalisation n’a pas empêché son entrée dans la loi ordinaire au travers de la réforme du code pénal. « En marche » forcée pour en finir avec ce qui reste de libertés démocratiques, pour en finir avec ce qui reste du code du Travail, les chefs de l’État successifs ne laissent pas d’autre choix aux partisans de la République sociale que d’intervenir dans l’élection présidentielle. Pour savoir comment, il faut en débattre, en n’excluant personne, en n’excluant aucune initiative.


Lien croisé par Anonyme le Lundi 19/12/2022 à 04:20

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