Comment se pose donc le problème ? Quelle appréciation de la situation permettant de se positionner pour les mois qui viennent ?
1/ La politique gouvernementale soutenue par le PS trouve sa cohérence dans la complémentarité des différentes lois que François Hollande veut imposer à marche forcée. Ainsi, l’arsenal juridique et politique que le régime se donne doit permettre d’affronter les éléments qui se dégagent dans la lutte des classes. La condamnation des Goodyear ou encore des salariés d’air France entre dans ce cadre : intimidation, valeur d’exemple…. Et les violences policières, notamment à l’encontre des lycéens durant les mobilisations contre la loi El Khomri remplissent la même fonction. Tout doit concourir à la mise en œuvre des mesures contre la volonté majoritaire de toute la population, salariés du public comme du privé, ouvriers, artisans, jeunes, retraités… Tout le monde sait que les affrontements sont devant nous, sur le code du travail par exemple, dont le démantèlement serait lourd de conséquences…
2/ La crise économique dont la transcription boursière réapparaît périodiquement –dans des conditions qui sont pires qu’en 2008- va avoir des effets directs sur l’emploi, le salaire, les entreprises. Toujours la même chanson : au nom de la dette et des marges, ce sont les travailleurs qui vont devoir payer.
3/ Dans ce contexte général, il existe un rejet majoritaire du système et de tous les responsables politiques qui y sont assimilés. Les sondages sont évidemment à relativiser, mais ils indiquent tout de même un semblant de réalité. Dans un de ceux que les instituts viennent de livrer, il est indiqué que 75% des français n’en peuvent plus de cette politique et de tous les hommes et femmes qui y sont assimilés.
4/ La situation américaine est éclairante. Peu importe ce que l’on peut penser ou pas de Bernie Sanders, mais on peut constater qu'il suffit d’un vieil inconnu capable de dénoncer Wall Street comme responsable de la crise et de ses conséquences, capable de condamner le système dont tous sont l’expression, capable de rejeter le financement par les grandes oligarchies de tous les candidats, capable de faire entendre la voix du bien commun (la santé pour tous par exemple), pour que la jeunesse se trouve concernée et que, oh surprise, les candidats du système, madame Clinton en tête, connaissent des sueurs froides.
5/ En France, alors que la droite présente pléthore de prétendants au pouvoir, prêts à s’entretuer pour prendre la place, « pour faire plus et plus fort que François Hollande », les derniers soubresauts gouvernementaux expriment une situation de crise jusque là inégalée. Le gouvernement Hollande est réduit à sa plus simple expression, contraint pour se donner un semblant de renouveau de « s’élargir » à des « verts » et Radicaux de gauche qui ne représentent qu’eux-mêmes. Au point de laisser les commentateurs s’interroger sur la capacité de Hollande, Valls, du PS et de leurs alliés d’occuper encore le terrain en évitant une crise majeure dans les mois qui viennent. Les commentateurs ne pèsent rien face à l’oligarchie qui détient dans ses mains tous les pouvoirs. La gauche de la gauche par exemple qui tente à sa façon de saisir la situation et de s’inscrire dans le rejet général du système et de son personnel pour se faire une place, risque fort de voir ses ambitions brisées par la réalité des faits : d’une part elle fait partie du système que la majorité veut liquider, ensuite son orientation ne résiste pas au plus petit examen critique, de l’état d’urgence à la question européenne par exemple…
Le combat pour le retrait de la loi El Khomri comme hier sur l’état d’urgence demande unité, efforts et détermination. Mais la question est politique et c’est donc sur ce terrain d’ensemble qu’il nous faut répondre.
a/ définir un texte court qui reprenne quelques points essentiels qui concentrent à la fois l’intérêt général et les objectifs généraux du mouvement populaire :
- · Reconquête de notre souveraineté pour la satisfaction des revendications immédiates, donc rupture avec l’UE, l’OTAN, le FMI, le TAFTA … et toute institution supranationale qui décide en lieu et place des peuples.
- · Plan de réindustrialisation répondant à l’intérêt général, aux besoins de production de la Nation, et à la création d’emploi…
- · Défense de la démocratie, combat pour une constituante permettant de défaire la 5ème république, ses institutions, et ouverture d’un processus pour une république démocratique et sociale.
- · Abrogation de toutes les lois anti démocratiques et anti sociales des gouvernements PS ou UMP – loi macron, loi sur le code du travail, ANI, loi sur les retraites, sur l’éducation, la santé, sur le territoire, les communes et les départements…
- · Abrogation des aides par milliards aux capitalistes et réorientation vers l’action sociale, le salaire, la sécurité sociale…
- · Création de centaines de milliers d’emplois, réhabilitation du bien commun, des services publics, réappropriation des biens privatisés, nécessaires à la vie de la Nation….
- · Satisfaction des droits et préservation des acquis sociaux, droit à la santé, à la retraite, à l’éducation, droit au travail…
- · Préservation de l’indépendance des organisations syndicales contre toutes les lois qui veulent en faire des machines d’accompagnement des « réformes » capitalistes…
- · Défense des libertés publiques, libertés syndicales, droit de grève…. Défense du bien commun, donc opposition au pillage de la planète par les grands groupes capitalistes, réorientation de l’économie vers l’économie des ressources.
b/Obtenir sur la base d’un tel texte une liste large d’accords témoignant la volonté partagée d’unité, condition pour s’inscrire de la façon la plus efficace possible dans la période qui vient.
c/ Les mois qui viennent vont être marqués de plus en plus que l’échéance approche par la question électorale.
- · Ne faudrait-il pas se donner les moyens d’être présents, comme nous l’avons été sur la question de l’état d’urgence et comme des centaines de milliers le sont activement sur celle de la loi El Khomri.
- · Ne faudrait-il pas affirmer la nécessité de présenter un candidat, le seul qui sera susceptible de mener campagne non pour replâtrer le système, ses institutions, la 5ème république, non pour se soumettre à l’UE comme tous les autres, mais pour rompre avec le système…
Le combat pour une candidature d’unité aux présidentielles sur une ligne de rupture…
Jacques COTTA
le 12 avril 2016
L'initiative est salutaire mais dans la liste du PPCD manque la socialisation des moyens de production.
«Quand le prolétariat socialiste aura été porté au pouvoir par les événements, par une crise de l’histoire, il ne commettra pas la faute des révolutionnaires de 1848: il réalisera d’emblée la grande réforme sociale de la propriété »
J. Jaurès , Socialisme et Liberté, 1898″
Il est bien question de cela dans les propos tenus récemment par Fr. Lordon place de la République, c’est à dire de réformer un privilège fondateur du capitalisme et du salariat: celui qui octroie, au capital seul, la propriété de la totalité des moyens de production nouveaux créés par autofinancement, alors qu’ils sont le résultat de la combinaison productive de capital et du travail. C’est le mécanisme d’accumulation du capital. Les capitaux propres issus de l’autofinancement devraient se partager entre les travailleurs et les actionnaires au prorata de la contribution de chacun, c’est à dire du travail consommé dans la production et du capital consommé dans la production. Ainsi serait assuré à la racine le contrôle de la création et de la répartition des richesses.
6 urgences pour instaurer une République Sociale:
1) Démocratiser le système productif, socialisation des moyens de production , création d'une caisse de sécurité économique
2) Reconstruire et démocratiser le système de santé pour le renouveau d'un système solidaire de santé et d'assurance maladie.
3) Démocratiser les institutions politiques pour une République des communes et laïque.
4) Maîtriser la monnaie et le système financier.
5) Réinsdustrialiser le pays.
6) Réorienter notre diplomatie et notre politique de défense.